Des employées du Parlement sont allées en nombre ce mercredi travailler en jupe pour dénoncer le code vestimentaire en vigueur dans l’institution.
Le slogan de la manif était simple : « Toutes en robe courte ou en jupette ». Et elles ne se sont pas dégonflées. Ce mercredi matin, la quarantaine d’aides parlementaires concernées est arrivée ainsi vêtue à l’entrée de la Knesset. Au risque de se voir refuser l’entrée du Parlement, au motif que leur habillement ne correspondait pas au nouveau code vestimentaire en vigueur dans le temple de la démocratie israélienne.
Dix d’entre elles ont été stoppées net par les gardes. À quoi un député solidaire a répondu en ôtant sa chemise. Ce qui a donné cette image peu banale : un parlementaire en maillot de corps devant des gardes embarrassés et qui lance : « Si, moi, je peux entrer ainsi, alors elles aussi, avec leurs robes courtes, le peuvent… » Inutile de dire que la vidéo a fait le buzz sur tous les médias et les réseaux sociaux locaux…
« Angoisse mentale »
Mais quelle mouche a bien pu piquer ces assistantes parlementaires, en général plus abeilles ouvrières que protestataires bruyantes ? Tout a commencé il y a trois jours, lorsque l’une d’entre elles est arrêtée à l’entrée. Elle sera bloquée pendant une heure, le temps pour cinq gardes hommes de vérifier la longueur de sa robe et de lui annoncer que, selon le nouveau code vestimentaire en vigueur à la Knesset, elle est trop court vêtue. Alertée, sa députée va protester. Finalement une garde femme est envoyée. Après avoir vérifié sa tenue, elle la laisse passer.
Déjà, quelques jours plus tôt, une autre jeune femme avait subi la même mésaventure. Mais elle a dû rentrer chez elle se changer. Deux heures après avoir pu rejoindre son lieu de travail, elle a reçu un coup de fil du chef de la sécurité lui demandant de ne plus être la cause, chez les gardiens, « d’une telle angoisse mentale » …
« Un manque de respect envers tous »
Le nouveau directeur général de la Knesset, Albert Saharovitch, a effectivement publié un document précisant les règles vestimentaires pour l’ensemble des employés, détenteurs de permis d’entrée permanents ou simples visiteurs âgés de plus de 14 ans. « Personne ne peut venir à la Knesset habillé de façon inappropriée, c’est-à-dire en maillot de corps, en petit haut, en short, en robe et jupe courtes, en sabot ou en sandales. » Également prohibé, tout vêtement porteur de slogans politiques.
Problème : le document en question ne donne pas la définition de la « robe courte ». En tout cas, pour le porte-parole de la Knesset, il est faux de parler de code plus strict : « Il s’agit seulement d’appliquer le règlement en usage dans ce domaine… » Quant à la manifestation de ce mercredi, il l’a qualifiée de « rien de moins qu’une provocation orchestrée ; un manque de respect envers tous ». De son côté, Saharovitch reste droit dans ses bottes. À ses yeux, le nouveau code vestimentaire est nécessaire afin de « préserver l’honneur de la Knesset… » Même s’il estime qu’il faut faire preuve d’une plus grande sensibilité dans son application.
« Un combat qui nous concerne toutes »
Particulièrement en pointe en ce qui concerne les droits des femmes, Merav Michaeli, députée de l’Union sioniste – centre gauche –, rétorque : « Je suis complètement solidaire des assistantes parlementaires. C’est un combat qui nous concerne toutes. Celui de ne pas être jugée à la longueur de nos jupes. Un code vestimentaire n’a rien à voir avec cette méthode désuète qui consiste à considérer les femmes comme des objets… » À gauche, certains représentants du peuple menacent de se mettre en grève.
Israël : des femmes protestent au Parlement après qu’on leur a refusé l’entrée à cause de la longueur de leur jupe pic.twitter.com/D1lCPBiWN0
— franceinfo plus (@franceinfoplus) 14 décembre 2016
À l’heure qu’il est, les manifestantes ont gagné, en partie seulement. Six heures après leur rassemblement, presque toutes ont été autorisées à entrer, en jupe ou en robe au-dessus du genou… Même si, là encore, le nombre de centimètres autorisé n’était pas clair. Cela étant, pour les rebelles, le combat continue. Elles exigent un rendez-vous avec le directeur général de la Knesset et proposent la formation d’une nouvelle commission parlementaire pour déterminer la longueur des jupes. Tout cela face au silence assourdissant des députés orthodoxes. Visiblement, ils préfèrent ne pas s’exprimer sur ce sujet « sensible ».
Danielle Kriegel
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