Le gouvernement français vient de décider d’étiqueter les produits en provenance de Judée-Samarie et du Golan. Cette décision, pour scandaleuse qu’elle soit, ne fait aucunement honneur à la démocratie française soucieuse, pourtant, de réitérer son amitié à l’égard de l’état hébreu.
Michael Oren (Député du Parti Koulanou à la Knesset et Ancien Ambassadeur d’Israël aux Nations-Unies) nous propose de méditer sur cette décision honteuse. Je vous propose la traduction de son article publié le 30/ 11/16 dans « Newsweek ».
Le vice-ministre israélien de la diplomatie explique son appel aux Israéliens à «réfléchir à deux fois» avant d’acheter des produits français.
À son crédit, la France est l’un des premiers pays d’Europe à interdire les boycotts économiques d’Israël. Pour sa honte, la France est le premier pays européen à mettre en œuvre une décision de l’Union européenne de 2015 visant à étiqueter les produits israéliens en provenance de Judée et de Samarie- la Cisjordanie- et des hauteurs du Golan.
Qui, outre la communauté juive de la France – déjà affaiblie par la forte hausse de l’antisémitisme dans le pays – achètera des produits étiquetés «Made in a Israeli Settlement»? [NDLA: « Fabriqués dans une colonie israélienne »]Qui le gouvernement français trompe-t-il quand il déclare être contre tout boycott d’Israël et agit ensuite pour le faciliter?
Une telle politique est considérée par la grande majorité des Israéliens comme hautement préjudiciable sinon antisémite. Il y a 200 différends territoriaux dans le monde d’aujourd’hui, et la France a distingué l’un d’eux-Israël avec les Palestiniens- et lui a réservé un traitement spécial. Il n’y a pas d’étiquetage français des produits chinois du Tibet ou des produits marocains du Sahara occidental. Et dans le conflit israélo-palestinien, la France étiquette les produits d’un seul parti: les juifs.
Plus indéfendable, la France considère les Hauteurs du Golan, où il n’y a pas un seul Palestinien, comme territoire occupé. Occupé par quel pays, peut-on se demander? La Syrie, qui a perdu le Golan en Israël il y a près de 50 ans, après avoir utilisé deux fois la région pour mener des guerres génocidaires contre l’État juif, n’existe plus. À qui la France voudrait-elle que l’Israël rende le Golan à DAESH, Jabhat al-Nusra ou Bashar al-Assad?
Bien que destinée à punir Israël, la décision d’étiquetage de la France porte gravement atteinte aux milliers de palestiniens et Druzes du Golan qui travaillent dans des entreprises israéliennes. Le mouvement récompense également l’Autorité palestinienne pour avoir refusé de négocier directement avec Israël depuis près de huit ans et pour chercher la reconnaissance unilatérale d’un Etat palestinien sans donner à Israël la paix. Il récompense les Palestiniens pour avoir rejeté deux offres israéliennes d’État – en 2000 et 2008 – à Gaza, presque toute la Cisjordanie et la moitié de Jérusalem. La décision française place une direction palestinienne non élue et loin d’être libre de toute corruption loin devant la seule démocratie en fonction du Moyen-Orient.
Pour les Israéliens, ainsi que pour beaucoup de Juifs dans le monde entier, la décision française en matière d’étiquetage ne peut être considérée isolément de l’histoire de la France. Du procès de Dreyfus à la fin du XIXe siècle, aux lois anti-juives de Vichy 50 ans plus tard, la France a beaucoup à racheter dans ses relations avec les Juifs. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les juifs français ont été interdits de servir dans l’armée ou de travailler comme des médecins, des avocats, des journalistes ou des fonctionnaires de l’État. Les étudiants juifs ont été expulsés des écoles et interdits du commerce et de l’industrie. Le gouvernement français et la police ont participé à la rafle de 75 000 juifs, dont presque tous ont été assassinés par les nazis.
La France qui a étendu ces lois racistes aux pays d’Afrique du Nord – le Maroc, l’Algérie et la Tunisie – a-t-elle vraiment voulu infliger des dommages aux Juifs vivant dans des zones qu’ils considèrent comme faisant partie de leur patrie ancestrale? Est-ce que la France qui, une fois, a ordonné l’enregistrement des entreprises juives et a fait juifs porter l’étoile jaune a maintenant l’intention de marquer les biens fabriqués par les Juifs?
En tant qu’Etat souverain, la France a bien sûr le droit d’exprimer son opposition à la politique d’un autre État. Mais en tant qu’allié d’Israël, qui souhaite faire avancer le processus de paix plutôt que de l’entraver, et se dissocier elle-même des anciennes atrocités, la France doit trouver d’autres moyens que d’étiqueter les produits israéliens. De telles actions peuvent faire appel à un sentiment d’autojustification ou satisfaire certaines parties de l’opinion publique, mais elles empêcheront seulement la France de jouer un rôle sérieux dans la diplomatie israélo-palestinienne. En fin de compte, la France sera étiquetée négativement, par Israël.
Michael Oren est vice-ministre israélien de la diplomatie au Bureau du premier ministre et membre de la Knesset du Parti Koulanou.
Traduction: Haïm Ouizemann
Avec l’autorisation de l’auteur Michael Oren
Produits étiquetés….
J’achète tout le stand et j’invite mes amis à en faire autant.
Privilégions les produits made in ISRAEL.
@ Allain
Bonne réponse ,la seule qui vaille!………
Les propos de M. Oren ne sont pas excessifs et suivent la tradition diplomatique de la modération. Pour le régime de Vichy qui multipliait les prises d’armes et saluts publics au drapeau, le refus, opposé aux juifs d’AFN, de servir dans l’armée française fut une ignominie particulière, comme l’internement violemment répressif des ancien combattants juifs étrangers, ou le retrait de l’armée de Tunisie face à l’invasion nazie.
Les crimes de Vichy nous imposent des devoirs envers les juifs, toujours soumis à la même haine, plus que des discours politiciens de repentance qui mettent la France en accusation. M. Oren a raison de nous rappeler les crimes passés quand de nouveaux crimes
se préparent, sous le voile sanglant de l’antisionisme.