Le livre courageux de Jacek Rewerski analyse mille ans de coexistence parfois heureuse, parfois conflictuelle entre polonais et juifs.
Né dans une famille de grands résistants polonais, Jacek Rewerski est arrivé en France à 16 ans, avec sa famille fuyant le communisme. Après des études à Lille, le jeune historien géographe est arrivé en Anjou pour écrire une thèse sur les troglodytes. Puis il entame une série de livres sur l’histoire de la Pologne : la Pologne communiste, la Pologne des partages, la Pologne royale. Avec La Pologne et les juifs, il sort de l’ombre dix siècles d’histoire de présence juive en Pologne, assez peu connus du grand public.
Les archives de l’Institut historique juif lui ont été ouvertes pour évoquer non seulement le drame de la Seconde Guerre mondiale, mais une longue histoire où les deux cultures se sont interpénétrées.
Un travail d’historien délicat après le drame de la Shoah : au début du XXe siècle, la population des grandes villes était juive a 20%.Aujourd’hui, il reste très peu de juifs en Pologne.
Jacek Rewerski évoque notamment l’empire des Khazars sur lesquels peu d’études ont été réalisées car censurées par l’Union soviétique. Entre le VIe et le XIe siècle, convertis au judaïsme religion d’État, ils bâtissent sur un vaste territoire du sud de la Russie actuelle, le plus grand empire juif de l’histoire.
« Le paradis des juifs »
L’historien analyse aussi pourquoi au XVIIIe siècle, la Pologne était le centre mondial de la judaïté. « On y accordait depuis le Moyen Âge la liberté de culte et la protection des juifs. Contrairement au reste de l’Europe, en Pologne, les juifs étaient jugés par le roi et non par l’église catholique. » Conséquence, des juifs du monde entier sont venus en Pologne. Qu’ils appelaient alors « le paradis des juifs ».
« Les premiers pogroms ont eu lieu lors de la venue de religieux italiens de retour des croisades, avec frère Jean Capistan exhortant dans ses prêches à brûler les juifs », rappelle Jacek, conscient de l’émotivité et de la sensibilité des Polonais et des juifs sur ce sujet.
Des clefs pour comprendre la Pologne et les juifs, sous le patronage de la fondation Shalom et Zydowski Institut Historyczny.
La Pologne et les juifs, éditions Franco-Polo.
L’histoire des juifs de Pologne en BD
Jacek Rewerski réalise une bande dessinée ou plutôt, un roman graphique insolite, où une journaliste d’origine juive polonaise part à la recherche de son histoire.
Dans Icek, garçon du ghetto de Varsovie, il associe dessins remarquables à l’encre de chine et aquarelle, quelques tableaux réalisés sur toile à la peinture acrylique et de la photographie. Il nous fait entrer dans l’univers d’une icône du ghetto de Varsovie, le jeune Icek dont la photo, un jeune garçon avec les mains levées, prise lors d’une rafle par les Allemands est célèbre dans le monde entier. Jacek imagine une journaliste symbolisant notre monde actuel qui souhaite découvrir l’histoire de sa famille dont le sort est lié au monde d’Icek. On fait connaissance avec la vie quotidienne des Juifs de Pologne, leurs traditions, leur langue aujourd’hui presque disparue. On remonte dans le temps où la Pologne comprenait la plus grande concentration de Juifs au monde, quand elle était leur refuge, dans une Europe intolérante. Pour ce travail, Jacek Rewerski a visité institutions et archives, rencontré des représentants de la communauté juive vivant encore en Pologne.
Curieux de savoir sur quoi se base t-il pour parler d’un royaume juif Khazar car les sources sont quasi inexistantes et peu d’historiens y croient. Des conversions peut-être mais tout un Empire cela aurait laissé beaucoup plus de traces. Or il n’y a rien sauf une pièce de monnaie par ci et un récit de l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours par là… Mais bon, c’est flatteur pour les juifs !
Merci à André de souligner cette fantaisie historique.
Connaissant un peu l’histoire catholique, je ne vois pas qui est ce “frère Jean Capistan”. Je connais un Saint Jean de Capistrano (aucun rapport avec le Zorro Californien) comme un homme important dans l’histoire des Franciscains, réputé, encore à mon époque, comme “fléau des hérétiques” et nonce du pape.
Pour les faveurs que des princes auraient accordé à des juifs, il s’agissait toujours d’exploiter la réussite économique des juifs, quitte à les spolier quand la tentation devenait trop grande ou utile; à les tuer quand des catastrophes, insurmontables par la miséricorde de l’Eglise et la bienveillance du Prince, rendaient quelques massacres utiles.