Le premier décembre dernier, le chef de l’Etat français, fidèle à la tradition télévisée républicaine, s’est adressé à la Nation pour lui présenter son bilan, annoncer qu’il ne se représenterait pas à la prochaine élection du président de la république et présenter les motivations de son choix.
Retenons certaines particularités présentées par le président sortant.
Le président Hollande a commencé son mandat en préférant discourir en public sous averse, refusant tout parapluie, affichant une panoplie de «président normal» sensée demeurer proche du peuple, photographié faisant la queue avec un sac plastique dans une boucherie de son quartier et avançant une vie sentimentale oscillant entre le domaine privé et le domaine public.
Les mesures sociales prises par le Gouvernement à l’initiative du président à l’égard des populations les plus défavorisées notamment en matière de soins médicaux étaient dignes de certaines réformes sociales adoptées par les cabinets du Front populaire et de ceux de l’après guerre. L’imagerie populaire, certes encadrée politiquement et syndicalement, n’en a pas tenu compte et a considéré le président comme un réactionnaire aux ordres du grand capital. L’opposition parlementaire et présidentielle s’est élargie au propre camp politique du président isolant ainsi l’Elysée à la mode du mur de Kafka.
La plupart des mesures diplomatiques et stratégiques de l’Elysée ont été couronnées de ferveur et de succès, à l’exception pérenne du dossier israélo-palestinien. A cet effet, les votes français à l’UNESCO mêlant la voix de la France à la négation de l’Histoire et de la géographie et à la délégitimation du peuple et de l’Etat d’Israël, le désaccord public du chef de l’Etat avec le vote de la délégation française à l’UNESCO pourtant non suivi de sanctions, le revirement de l’Elysée décidant ou non (qui le saura jamais) de l’abstention, toutes ces contradictions ont révélé la faiblesse de l’éthique affichée par Hollande, un dysfonctionnement diplomatique et l’absence de l’autorité de l’Etat en terme de représentation internationale.
Enfin, le coup de grâce provoqué par la publication récente d’un livre d’entretiens présidentiels avec deux journalistes. Le contrat entre les personnes, d’un type rarissime, exceptionnellement défavorable au président, ne lui prévoyait aucune relecture finale. Le président y exprime divers éléments de doutes, de faiblesses, de secrets d’Etat qui avancent sa sincérité, son éloignement des obligations d’Etat et la candeur du nouveau né au bord du précipice. Cette novation médiatique, exception mondiale, a eu un retentissement catastrophique et désastreux sur les corps constitués, les pouvoirs publics, les mouvements sociaux et politiques (y compris celui de Hollande). Elle a réduit et fragilisé au point d’entamer sa dissolution le champs déjà affaibli de solidarité qui restait coûte que coûte monobloqué autour de la personne et de la politique du président de la république.
L’examen de la chronique quinquennale présidentielle permet de lui accorder deux constantes : la qualité de la négociation et la constance de la contradiction.
Pierre SABA
Merci pour cette contribution. Autrement dit, il n’était pas fait pour la fonction. Naïf, peut-être, faible, assurément.
Je supporte mal les mensonges sur la 2° guerre: la méchante Suisse et la gentille Suède, l’Autriche victime des nazis, la Hongrie victimes des nazis puis des communistes. La chronique de Pierre Saba sur la Hongrie (the Times of Israel) dénonçait clairement la responsabilité de la Hongrie dans l’Holocauste. Je lis donc ici un article par un homme sérieux et je ne mets pas en doute les mesure sociales rapportées. Le problème est posé par “les populations les plus défavorisées”: l’action économique et sociale du gouvernement doit intéresser tous les Français. La France n’est pas une organisation caritative et l’action en faveur des plus défavorisés est la politique de la droite.
La vieille exigence du peuple était: “du pain et du travail!”. Elle est encore: “le travail, la santé, le logement et l’emploi”. Après le tumulte des hurlements de la droite contre un prétendue faillite complète de la France, j’apprécie la modération de M. Saba, mais l’échec du pouvoir socialiste est éclatant sur trois points, ne sauvant que la santé. J’observe, sur ce dernier point, que le gouvernement n’a pas eu le courage de supprimer le numerus clausus des études de médecine.
Pour le reste, nous avons dû subir le dogmatisme de l’Union Européenne, le dogmatisme de l’écologie politique et la philosophie de l’abandon. Sur un point, peut être secondaire, la négligence de la francophonie reste, pour moi, un casus belli.
Le désordre de la gauche a fait naître le désordre de l’illusion avec M. Fillon. C’est une responsabilité impardonnable.