Une nouvelle maison de joaillerie portant le nom d’anciens bijoutiers des rois de France, “Boehmer et Bassenge”, met aux enchères mardi à Genève deux pièces d’exception, deux créations, un collier et des boucles d’oreille en diamant.
Une nouvelle maison de joaillerie portant le nom d’anciens bijoutiers des rois de France, “Boehmer et Bassenge”, met aux enchères mardi à Genève deux pièces d’exception, deux créations, un collier et des boucles d’oreille en diamant.
Le collier, estimé entre 8 et 12 millions de dollars, et la paire de boucles d’oreille, entre 20 et 30 millions de dollars, seront proposés sans prix de réserve, c’est-à-dire sans prix secret, fixé préalablement par le vendeur, en dessous duquel le bien ne peut être vendu.
“C’est le signe d’une très grande confiance dans le marché actuel pour les pièces d’exception”, commente Jean-Marc Lunel, un expert de Christie’s, selon qui ces gemmes, considérées comme “l’élite” du diamant et montées en bijoux à Paris par “les meilleurs artisans du monde”, devraient susciter l’intérêt d’une clientèle internationale et provoquer une vive bataille d’enchères. Ces pièces ont nécessité deux ans de travail à partir du diamant brut.
“Bien entendu, nous aimerions voir de nombreux particuliers y participer”, explique Oded Mansori, un diamantaire anversois, fondateur, avec une joaillière canadienne, de la maison Boehmer et Bassenge, du nom des deux bijoutiers parisiens qui créèrent le fameux “Collier de la Reine” dont l’affaire ébranla profondément la monarchie sous Louis XVI.
Dans le diamant depuis plus de 20 ans, M. Mansori a fondé à Anvers (nord de la Belgique) il y a huit ans “Rare Diamond House”, une maison spécialisée dans les pierres très grosses, très chères et, comme son nom l’indique, très rares.
Milieu secret et fermé
Un segment de la joaillerie insensible aux aléas de la conjoncture, où les propriétaires laissent dormir leurs richesses dans leur coffre-fort en temps de crise, contrairement aux produits “plus bas de gamme” dont on se sépare en cas de mauvaise passe financière.
Rien ne prédestinait pourtant ce fils d’une jardinière d’enfants et d’un comptable, qui a grandi en Israël, à jouer dans la cour des plus grands diamantaires juifs d’Anvers, un milieu secret et fermé, où tout repose sur la confiance mutuelle, transmise de père en fils.
Ce discret quadragénaire s’en est approprié les usages: il refuse ainsi, par mesure de précaution, d’être photographié ou filmé.
Et si ce n’est la pièce d’identité que l’on doit déposer à l’entrée de l’immeuble de la Bourse aux diamants d’Anvers, puis le sas de sécurité qu’il faut franchir pour le rencontrer, rien dans son bureau au mobilier élégant et sobre ne laisse transparaître les trésors abrités dans ses coffres-forts.
Dès ses débuts à Tel Aviv, il a été séduit par la “pierre”, “symbole de l’amour” selon lui. Il est en effet d’usage de donner à sa fiancée une bague ornée d’un diamant, aux Etats-Unis, mais aussi en Chine, où a été reprise cette tradition.
Dans ce métier, “vous êtes amenés à rencontrer des gens extraordinaires, d’une culture différente de la votre. Plus vous apprenez à connaître leurs différences, meilleur vous êtes dans votre activité de vendeur”, raconte-t-il.
Marquise et Princesse
Il se souvient ainsi de ses débuts au Japon, où des clients l’ont fait attendre trois heures dans une salle pendant qu’ils observaient ses réactions dans un bureau mitoyen, grâce à une caméra. Dans n’importe quel autre pays, il serait parti. Mais, prévenu de l’étiquette de la politesse nippone, il est resté.
M. Mansori connaît désormais les préférences de chaque peuple en matière de diamants. “Les Américains auront tendance à privilégier la taille à la qualité, les Asiatiques le contraire”, témoigne-t-il.
Si la taille ronde plaît universellement, les Chinois ont une prédilection pour la forme appelée “marquise” (deux arcs de cercle égaux se réunissant en pointe, ndlr), les Européens et les Américains pour la forme dite “princesse” (un carré).
Pour les premiers bijoux de Boehmer et Bassenge, M. Mansori a pris à dessein des pierres “qui parleraient à un public très large: aussi bien à des investisseurs qu’à des clients appréciant une très haute qualité”.
“Nous n’avons pas la capacité de créer plus de huit à dix pièces par an”, précise-t-il, expliquant qu’il y a peu de diamants de cette qualité exceptionnelle sur le marché.
Un cadeau que n’offrira peut-être pas M. Mansori à son épouse, car, confie-t-il, elle n’est pas autrement passionnée par les diamants.
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