Israël, la « startup nation » atteint ses limites

Poids lourd de l’innovation mondiale depuis plus de cinquante ans, Israël jouit d’une culture entrepreneuriale unique et d’une densité exceptionnelle de startups et d’investisseurs, sur un territoire plus petit que celui de la Bretagne. Mais l’ascension des « nouveaux innovateurs » asiatiques et européens menace la suprématie de la « startup nation », confrontée aux limites de son modèle.startup-nation

Parfois, la taille importe peu. Israël, petit pays de moins de 22.000 kilomètres carrés, soit moins que la Bretagne, le prouve depuis plus d’un demi-siècle en s’imposant comme la deuxième référence mondiale de l’innovation, derrière la Silicon Valley. Mais à l’image du village gaulois d’Astérix qui résiste encore et toujours à l’envahisseur grâce à sa potion magique, la recette unique du miracle israélien peut-elle lui permettre de conserver son leadership, alors que les concurrents se réveillent et se font plus menaçants ?

C’est la grande question qui agite en ce moment les milieux économiques et politiques israéliens. « Nous ralentissons, il faut le reconnaître », a lâché Adi Soffer-Teeni, la directrice de Facebook Israël, au DLD Innovation Festival, qui s’est tenu à Tel-Aviv fin septembre. Lors d’un panel, la serial entrepreneure, qui a figuré au conseil d’administration de nombreuses startups locales, a fini par dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas :

« Nous sommes toujours à la deuxième place, derrière la Silicon Valley. Mais l’écart se creuse. Parallèlement, d’autres écosystèmes nous rattrapent. Nous devons être humbles par rapport à ça ».

Le diagnostic est le suivant : Israël reste un pays extraordinairement dynamique, mais il se confronte aux limites de son modèle d’innovation. « La réalité est qu’on a de moins en moins de chances de faire émerger un géant israélien », s’enflammait Shlomo Waxe, début octobre, dans le magazine Globes, juste avant de quitter la direction de l’Association israélienne de l’électronique et des logiciels (IAESI).

Cette prise de conscience est récente. Jusqu’au début des années 2010, il y avait la Silicon Valley, puis Israël, puis le reste du monde. Désormais, il y a aussi la Chine, l’Inde, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Corée du Sud, le Brésil et même la France. Ces « nouveaux innovateurs » mettent les bouchées doubles et rattrapent vite leur retard. Pour François Matraire, le directeur de Business France Israël, ce nouvel ordre mondial crée des remous en Israël.

« Il y a un an et demi, on était encore dans l’euphorie autour du dynamisme israélien. Aujourd’hui, le sentiment dominant est qu’il va falloir faire face à des défis inédits », résume-t-il.

Un écosystème exceptionnel arrivé à maturité

À l’heure où la révolution numérique pousse les gouvernements du monde entier à développer la course à l’innovation, Israël se retrouve prisonnière de sa taille.

« Tout le monde accélère, ce qui veut dire qu’Israël doit croître au même rythme s’il veut conserver son avance. Or, ce n’est plus le cas », explique François Matraire.

Entre 1998 et 2012, le secteur de la high-tech israélienne a connu un taux de croissance de 9% en moyenne, soit le double de la progression du PIB. Mais depuis six ans, c’est l’inverse. La haute technologie, qui représente pourtant l’avenir du pays d’après ses dirigeants, progresse moins que les autres secteurs…

L’une des raisons de ce ralentissement est que, contrairement aux pays asiatiques et européens, l’écosystème d’innovation israélien est déjà mature. Selon certaines mauvaises langues, il aurait même déjà atteint un plafond. Le pays accueille 7.000 startups pour seulement 8,5 millions d’habitants. Soit le meilleur ratio au monde, et de loin. En 2015, plus de 3 milliards d’euros ont été levés en capital-risque, quasiment le double du montant levé par les startups françaises (1,8 milliard d’euros).

Cybersécurité, informatique, logiciels, fintech, santé, agriculture, industries mécaniques de pointe : les technologies israéliennes se déploient dans tous les domaines. Grâce à l’armée, formidable catalyseur d’innovations, à des universités parmi les plus renommées au monde (le Technion, l’Institut Weizmann…), et à trois générations d’entrepreneurs et d’investisseurs, l’écosystème d’innovation israélien dispose d’une profondeur unique, seulement comparable à celle de la Silicon Valley.

« Innover fait partie de la culture, de l’état d’esprit, de l’histoire d’Israël », estime Patricia Lahy-Engel, la directrice de l’incubateur TheHive. « Les Israéliens ont l’innovation dans le sang, parce que le pays est lui-même une startup », aime répéter Yossi Vardi, le président du DLD et l’un des meilleurs ambassadeurs de la high-tech israélienne. La nécessité d’assurer la survie et la prospérité des citoyens face à des voisins hostiles a poussé les gouvernements à miser gros sur l’innovation dès la création de l’État, en 1947. Pour preuve, Israël a toujours fait partie des pays champions de la recherche et développement (R&D). Le poids des dépenses allouées à la recherche représente toujours 4,1% du PIB, selon l’Unesco. Seule la Corée du Sud faisait mieux en 2015 (4,3%), alors que les États-Unis sont dixième (2,7%) et la France treizième (2,3%).

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Source latribune

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1 Comment

  1. La high-tech en Israël est effectivement arrivée à des contraintes de marché fortement concurrentielles.
    Le développement de sa R&D ayant alimenté les plus grosses entreprises du monde, devrait maintenant être conservée pour en assurer la distribution de ses produits et bénéficier pleinement de la valeur ajoutée produite. Il est temps qu’elle migre du modèle de « sous traitant » au modèle d’exploitant pour exporter et créer ainsi sa richesse sur le sol israélien.
    Le Japon l’a déjà fait et d’autres pays ces dernières le font (Corée – L’Inde…).

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