L’application israélienne fait appel au crowdsourcing pour informer en temps réel sur la circulation des réseaux de transport en commun.
Une nouvelle ville toutes les 18 heures. C’est à ce rythme que Moovit conquiert petit à petit le monde depuis son lancement en 2012 : « Nous sommes actuellement présents dans 1 200 villes de 67 pays, où 48 millions d’utilisateurs calculent leurs itinéraires multimodaux et s’informent en temps réel sur la circulation grâce à notre application. Moovit indique aujourd’hui 4,6 millions d’arrêts de bus et de train contre 3 millions sur Google Maps, par exemple. Aucune autre app n’a une telle couverture », se réjouit Yovav Meydad, vice-président produits et marketing de Moovit.
Son secret ? 4 500 sociétés de transport locales, comme Keolis en France, MTA à New York ou TfL à Londres, avec qui elle signe des partenariats non-exclusifs pour accéder à leurs data. Mais aussi et surtout 75 000 éditeurs présents dans 142 pays du globe qui contribuent bénévolement à l’expansion du service. Moovit a tout fait pour simplifier au maximum la tâche de ces utilisateurs qui veulent l’aider à se développer : « Quand notre app est téléchargée dans une commune qui n’est pas encore dans notre base de données, nous ne nous contentons pas d’afficher un simple message d’erreur mais nous ouvrons à l’utilisateur les portes de notre portail open data maison, où tout un chacun peut tracer les lignes, fournir ses horaires théoriques ou encore localiser les arrêts pour ainsi cartographier petit à petit le réseau de transport de sa ville », explique-t-il.
En France, où la société basée à Tel Aviv vient d’atteindre 1,5 million d’utilisateurs, 10 des 36 communes où elle est présente ont été ajoutées grâce à la « communauté Moovit », comme l’appelle Yovav Meydad : « Elle nous a permis d’intégrer des villes comme Montpellier, Mont-de-Marsan, Besançon ou Briançon, où un usager a par exemple réussi à cartographier les 5 lignes du réseau en seulement deux semaines d’utilisation. Nous contribuons ainsi à la transition digitale du transport public français. »
Pour remercier et souder sa communauté, Moovit envoie des t-shirts siglés de la marque : « Nos contributeurs ne veulent pas de rémunération, ils ne comprendraient pas si l’on souhaitait les rétribuer car ce n’est pas leur but. Cela fait partie de la tradition open source. Nous nous contentons de relayer les selfies qu’ils font avec leur t-shirt Moovit à chaque nouvelle ville couverte, et cela leur suffit. »
Le principe est le même pour l’information en temps réel sur les conditions de circulation. L’app reçoit en moyenne 100 millions de rapports passagers par jour sur les accidents, déviations, suppressions ou ralentissements sur les lignes, notamment, ce qui lui permet d’adapter en temps réel les itinéraires recommandés.
Dans les villes qui ne veulent ou ne peuvent pas fournir de data en temps réel, et où il n’y a pas de GPS dans les bus, par exemple, Moovit expérimente une application qui permet aux conducteurs de géolocaliser leur véhicule grâce à leur smartphone et ainsi de donner une information en temps réel aux passagers. Ils sont alors informés de l’arrivée du bus à la minute près mais alertés via une notification push à l’approche de l’arrêt où ils doivent descendre.
Côté finances, la société qui compte aujourd’hui une centaine de salariés a levé un peu plus de 80 millions de dollars depuis sa création, notamment auprès de Sequoia Capital et de la filiale de la SNCF, Keolis. De quoi lui ouvrir des perspectives de monétisation pour son service gratuit : « Nous nous sommes lancés dans le covoiturage urbain en Israël depuis janvier 2016 et à Rome depuis quelques semaines et dans le mobile ticketing pour les transports en commun en Pologne, à Rio et à Rome », détaille Yovav Meydad.
Moovit intègre également dans ses itinéraires de l’autopartage, notamment avec DriveNow de BMW, l’un de ses investisseurs, et des courses en VTC avec Uber depuis mai 2014. Elle a depuis réitéré ce genre de partenariat avec Gett en Israël et Easy Taxi au Brésil et en Colombie. Pour tous ces services, elle se rémunère en récupérant un pourcentage à chaque commande réalisée par l’un de ses utilisateurs via son application.
Elle propose également des services basés sur la localisation grâce à un partenariat avec le spécialiste américain de la monétisation Button, qui propose par exemple à des professionnels de la distribution de proposer aux utilisateurs de Moovit de se faire livrer leurs courses à l’heure exacte où ils arrivent chez eux ou de réserver une table d’un restaurant en fonction de leur itinéraire, et ce directement depuis l’application. « C’est un moyen pour nous de faire de la publicité tout en continuant de rendre un service utile à nos utilisateurs », commente-t-il.
L’application étant totalement gratuite et ces expériences de monétisation encore expérimentales, Moovit ne dégage pour l’instant aucun chiffre d’affaires. Mais à en croire Yovav Meydad, les opportunités sont vouées à se multiplier : « Nous voulons faire de Moovit le point de départ de tous les déplacements. »
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