Sur la base d’archives inédites, l’historien Peter Hammerschmidt publie une biographie de l’officier nazi, Klaus Barbie.
Klaus Barbie ne fut pas n’importe quel capitaine SS, un grade peu élevé dans la hiérarchie de «l’ordre noir». La raison de sa sinistre renommée ? Le «boucher de Lyon» fit régner la terreur avec un zèle particulier, et parvint, grâce à de multiples complicités, à vivre en Bolivie dans une certaine opulence jusqu’en 1983.
Or, c’est justement la deuxième partie de l’existence de Barbie que l’historien allemand Peter Hammerschmidt a étudiée de près. Les états de service du jeune nazi, des rafles à Amsterdam au probable assassinat de Jean Moulin, sont en effet connus. A l’inverse, le flou entourait le recrutement du criminel par le renseignement militaire américain, et son action en Amérique du Sud.
« Un nazi idéaliste »
A l’aube de la guerre froide, le commandement militaire américain est prêt à tout pour contrer les Soviétiques, quitte, comme le préconisait le général Patton, à frayer avec des nazis. C’est dans cette logique que Barbie, spécialiste de la traque anticommuniste, commença à travailler dès 1946 pour le Counter Intelligence Corps (le service de renseignement de l’US Army), qui l’appointa le 14 avril 1947 sous le matricule X-3054. Le tout à l’insu de la hiérarchie du CIC, néanmoins prête à cautionner, deux mois plus tard, le peu d’entrain manifesté par ses hommes à éplucher les antécédents du nouvel agent.
Car, contrairement à la version officielle, le CIC n’attendra pas 1949 avant de connaître le passif de son protégé, au demeurant bourré d’atouts: «Un officier de renseignement qualifié, farouchement anticommuniste», assure son recruteur. Pour lui, Barbie est «un homme honnête, [… ] un anticommuniste revendiqué et un nazi idéaliste, qui s’estime trahi, lui et ses convictions, par les nazis».
Tous les rapports sur les activités de Barbie ont disparu. On sait néanmoins qu’il est bien payé et dispose, en cette période de pénurie, d’avantages en nature synonymes de privilèges. Mieux, il fait passer au service du CIC des individus recherchés, comme les généraux SS Emil Augsburg et Fritz Arlt, l’un des acteurs clés de la Shoah en Pologne. Quand un cadre du CIC demande à enquêter sur Barbie, ses supérieurs prétextent, à raison, que l’arrêter saperait la confiance des autres recrues. Surtout, ils le défendent pour ses «renseignements exceptionnels»: en mai 1948, Klaus Barbie, alias Becker, alias Behrends, alias Mertens, reçoit ainsi pour mission d’infiltrer le Parti communiste allemand. Au regard de son expertise de la France, il est de surcroît nommé coordinateur de l’ensemble des opérations contre les services de renseignement français.
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Bio express
Né en 1986, PETER HAMMERSCHMIDT est un historien allemand. Il a soutenu sa thèse sur Klaus Barbie à l’université de Mayence en 2014. Le livre qu’il en a tiré sort la semaine prochaine en français aux Editions des Arènes : « Klaus Barbie. Nom de code « Adler » », avec une préface de François Kersaudy.
La France a eu aussi ses nazis après la guerre, dans la légions étrangère…
Et en fouillant un peu, on pourrait se demander quel a été le rôle de Klaus Barbie dans la création du syndicat français Force Ouvrière après guerre avec la bénédiction de la CIA pour faire scission avec la CGT communiste. On pourrait aussi revenir tout simplement à la sagesse populaire qui dit que les loups ne se mangent pas entre eux.