Ilse Weiszfeld fête son anniversaire aujourd’hui. Celle qui a connu l’exil, la guerre et l’antisémitisme va recevoir la médaille de la ville.
Elle a tout connu. Ou presque… Les deux Guerres mondiales, les heures sombres de l’Occupation, les Halles quand c’était le ventre de Paris, la création de la ligne 11 du métro, le Faubourg du Temple quand c’était un petit village d’artisans… Aujourd’hui, c’est tranquillement installée chez elle, dans son Ephad de la rue de l’Amiral Mouchez (XIIIe), que Ilse Weiszfeld, 113 ans (!), recevra les honneurs. C’est la doyenne de Paris ! Sur le classement national, elle est la deuxième après la bretonne Honorine Rondello. Et sur le classement mondial des « Grands centenaires » (NDLR : plus de 110 ans), la 46e!
Au programme de la journée, un kouglof comme gâteau d’anniversaire (brioche de célébration cannelée et sucrée, avec des raisins secs, des amandes…), sa fille Monique, ses proches mais aussi la médaille de la ville de Paris que Jérome Coumet, le maire PS du XIIIe lui remettra en mains propres et « en grande pompe, précise-t-il. Je suis heureux et fier d’avoir sur mon arrondissement la doyenne de Paris. »
Hier, Ilse, silhouette fébrile, en déambulateur mais avec bon appétit, toujours trilingue (français allemand et anglais) et les mains manucurées d’un vernis jaune lumineux goûtait avec sa fille Monique.
La doyenne est née en 1904 à Vienne. En 1914, quand la Première Guerre mondiale éclate, la petite Autrichienne a 10 ans. En 1933, à l’approche du second conflit mondial, Ilse, mariée à Fritz, fuit l’Autriche en crise et en proie à l’antisémitisme pour Paris. Six ans plus tard, en 1940, le couple et leur fille Monique se cacheront à Lyon pour les mêmes raisons. Ce n’est qu’en 1945, après la guerre, que la petite famille rentrera à Paris. Alain, le deuxième enfant de la famille, naît. La famille Weiszfeld devra cependant entamer une procédure judiciaire pour pouvoir récupérer son appartement du boulevard Jules-Ferry (XIe) spolié… Et descendre chez les voisins pour se réapproprier leurs meubles…
Ilse et son mari reprendront aussi leur atelier de lingerie, « Le Fleuron », au 20, rue du Faubourg du Temple (XIe). L’atelier — qui employait une cinquantaine d’ouvriers et qui produisait des combinaisons brodées en dentelle — « marchait du feu de dieu », se souvient Monique. Quelques années plus tard, il sera remplacé par un night-club !
Il y a quatre ans, à 109 ans, Ilse, a rejoint l’Ephad de la rue de l’Amiral-Mouchez (XIIIe). En 1993, la vieille dame avait perdu son mari et était alors venue habiter dans le Ve arrondissement pour être près des siens. « Elle se promenait tous les jours au Luxembourg. Elle a pleuré le jardin en partant ». Aujourd’hui, la doyenne de Paris ne va pas plus au Luxembourg qu’au parc Montsouris, tout près de chez elle. « Ça monte trop », sourit Monique.
Elle n’a pas 113 mais 112 ans !!
Et alors ?
N’ est-il pas scandaleux d’avoir du entreprendre une action en justice ,à fin de pouvoir rentrer chez soi .
Durant cette époque fort heureusement il y avait des Justes ,mais aussi des êtres abjects….