L’onde de choc provoqué par la sortie des confessions de François Hollande dans le livre Un Président ne devrait pas dire ça, finit par déboucher sur une question de moins en moins taboue chez les socialistes: peut-il encore être seulement candidat?
Un doute exprimé en public n’est plus un doute, mais une certitude. Quand le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, en vient à dire qu’il doute de la volonté de François Hollande de créer les conditions de l’inéluctabilité et l’irréductibilité de sa candidature à la présidentielle, il acte de fait que la question cette même candidature n’est plus taboue.
“Je me pose des questions sur sa volonté. Une hésitation transparaît. Je lui ai fait part de ma stupéfaction. Il y a un grand besoin d’explication pour comprendre s’il veut vraiment être candidat”, a déclaré Claude Bartolone à la Provence, ajoutant: “un président doit entretenir le feu sacré de la République. Un président ne doit pas autant se confesser. Le devoir de silence fait partie de sa fonction”. Non seulement, le président de la chambre basse “doute”, mais il condamne.
Que le quatrième personnage de l’Etat fasse la leçon au premier, renversant le rapport hiérarchique au sein d’une majorité présidentielle, c’est le signe que quelque chose est cassé. Et que le doute n’est plus permis sur le débat qui va nécessairement agiter la gauche de gouvernement dans les semaines qui viennent: la candidature de François Hollande est-elle indispensable?
Dans son genre, le Premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, ne contribue pas à clore le débat, quand il déclare sur RTL, toujours au sujet de la candidature: “Oui, je pense qu’il a cette volonté mais il ne se facilite pas la tâche”. Et quand il précise: “Aujourd’hui, le président de la République est encore en situation de rassembler la plupart de son camp, ce qui n’est pas le cas de tous”, l’auditeur éprouve aussitôt le sentiment que le premier des socialistes ne paraît pas vraiment penser ce qu’il dit.
Quand la fissure devient brèche
L’onde de choc causé par la sortie du livre Un président ne devrait pas dire ça est la réplique du premier séismeConversations privées. Mais de plus forte intensité encore. Ce qui était fissure devient brèche. Les meilleures volontés sont découragées. Ce n’est pas seulement avec les forces vives de la magistrature et du football français que le divorce est prononcé, c’est aussi avec une famille socialiste, élus, militants et sympathisants, qui a découvert que le second président socialiste de la Ve République, l’héritier de Mitterrand, préparait rien moins que la mise à mort du parti d’Epinay, tout cela dans le but de bricoler un parti progressiste avec quelques écolos en son sein. Soit le programme Valls 2009. Ou Macron 2016.
Au chevet du malade se pressent d’un coup beaucoup de bonnes volontés que les proches suspectent d’être mauvaises. A commencer par Manuel Valls et Ségolène Royal.
Quand Manuel Valls se pose en défenseur de François Hollande, plaidant la cause d’un président qui a toujours défendu la magistrature et son indépendance, le tout en employant les mots “Hauteur, dignité, pudeur”, le propos est aussitôt interprété comme une condamnation, en creux, de la conduite littéraire des affaires par François Hollande. Et quand il proclame qu’il prendra toute sa place dans le débat présidentiel qui vient, aussitôt paraît se dessiner le profil du Fouché prêt à saisir l’opportunité que lui offrirait un non-retour de l’Empereur de sa campagne de Russie.
Et si c’était de nouveau elle?
Quant à Ségolène Royal, elle aurait suggéré au président de formaliser sa contrition en direction des magistrats, via le Conseil supérieur de la magistrature. Hollande, un brin méfiant, aurait d’abord refusé avant d’y consentir. “Je connais Ségolène” dit un proche du tandem, “Si elle a fait ça, compte tenu des conséquences que cela aurait eu pour François, c’est qu’elle a une idée derrière la tête”. C’est que dans le contexte engendré par la sortie du ‘Davet-Lhomme’, tout est sujet à interprétation. Même une suggestion parée de tous les atours de la bienveillance politique. On se perd alors en supputations… Cette idée, “derrière la tête”, s’agit-il d’une candidature à la Primaire de la gauche de gouvernement?
La rumeur en tout cas, s’est répandue en quelques heures dans le tout Paris politique. Au cas où, ce sera Ségolène… Et tout le microcosme de se lancer dans l’évaluation des forces en présence… Royal, Valls, Montebourg… Ségolène vainqueur, forcément vainqueur…
En deux jours, tout a basculé en Hollandie. Délitement. Déréliction. Perte de sens. Soupçons. Tout le monde suspecte tout le monde. A l’Elysée, les conseillers et autres visiteurs du matin et du soir s’épient, se surveillent et se jaugent, les uns guettant les manquements des autres et réciproquement, les uns surveillant comment les autres se sont comportés au regard de la sortie du livre de Gérard Davet et David Lhomme. Y a-t-il chez certains, manquements à leur devoir de protection du président? La question, au même titre que celle portant sur la nécessité de la candidature Hollande, n’est plus taboue au sein du dernier carré des Grognards du président… Elle est posée, ici et là, au gré des amitiés, des affinités, des alliances et des circonstances… Drôle d’ambiance.
Au bilan, le constat doit être dressé avec la froideur nécessaire, loin des passions de l’instant et des confidences « off » de tous ceux qui s’affairent autour du berceau de la candidature Hollande, soit pour ne pas désespérer de sa naissance, soit pour contribuer à la rendre mort-née. Et ce constat est tragédie pour le président.
En deux livres, Conversations privées et Un Président ne devrait pas dire ça, François Hollande a créé lui-même les conditions de son empêchement éventuel. Il n’a pas eu besoin d’Emmanuel Macron, en externe, ou de Manuel Valls, en interne, pour y parvenir. Le fait est que désormais, ce qui relevait il y a encore quelques jours de l’hypothèse d’école est devenu débat légitime.
Même le dernier carré des élus se dépeuple, jour après jour. Les désertions passives se multiplient. On ne se montre guère enclin à accepter les invitations de BFMTV pour y soutenir le président et son action. On en répond plus en deux temps, trois SMS aux sollicitations des journalistes en quête de compréhension sur la Hollandie saisie par le doute devenu certitude que l’on peine à formaliser. On s’isole. On se coupe du monde. On ne veut plus rien voir, ni entendre, et encore moins parler.
Ceux qui ont défendu François Hollande mordicus durant quatre ans, souvent dans l’attente d’une reconnaissance qui n’est jamais venue n’éprouvent plus le besoin de monter au créneau devenu trop exposé. “J’ai une ‘circo’ à défendre, j’ai pas que ça à faire” dit l’un. “Qu’ils restent entre eux à faire joujou pour savoir qui va diriger la campagne” à l’Elysée, ajoute un autre. Et un troisième de conclure “François nous dit qu’il va être candidat, et au fond, on se demande s’il nous dit la vérité”. Et de pointer la multiplication des initiatives, les “Eh ho la gauche !” et autres “Movida”, autant de mouvements destinés à attirer l’attention du président supposé en réflexion sur la constitution éventuelle de son équipe de campagne, mais qui sont en vérité le tragique reflet d’une inorganisation suscitée par l’inertie de ce même président. Jupiter ne contrôle plus son Olympe.
A la fin, en cette mi-octobre, nous en sommes là. A constater que si le président François Hollande avait voulu créer les conditions de son impossible candidature à un second mandat, il ne s’y sera par pris autrement. Et à citer Lénine, encore et toujours. “La pratique est le critère de la vérité”.
Bruno Roger-Petit
Bonne tactique pour échapper au camouflet d’une cuisante défaite.
Qu’a t-il dit de si terrible que ça ? Il ne s’en prend pas à la justice mais seulement à certains hauts magistrats qui effectivement se drapent dans leurs robes écarlates en jugeant de haut les hommes politiques et en cherchant à tout prix “à se les faire”. Il y a effectivement de la lâcheté chez eux. Déjà ils en profitent pour réclamer une justice soit disant “indépendante”.
De plus un magistrat n’est jamais responsable de ses erreurs, la corporation le protégeant comme nous l’avons vu avec la scandaleuse affaire d’Outreau, ce fiasco judiciaire. Et quelle a été la sanction concernant le juge instructeur Burgaud ? une réprimande et une nomination au poste de magistrat du premier grade à la Cour de cassation… Quant au magistrat du parquet ayant suivi ses condamnations, il doit sûrement continuer lui aussi son rôle d’accusateur public…
La justice doit rester a minima sous le contrôle des politiques élus par le peuple français, sinon c’est la République des Juges qui s’installera, ce qu’il y a de pire.
Quant aux autres propos sur l’immigration ou l’islam, tous les français partagent son avis. La gauche est hypocrite, elle sait très bien que cette immigration massive musulmane est problématique et suicidaire à terme pour la France. Mais elle ne veut pas le reconnaitre publiquement pour ne pas “faire le jeu de”…