BRUXELLES (EJP)—‘’ La crise qui touche les Juifs en Europe mérite que les institutions européennes y accordent autant d’attention qu’à la crise économique ou qu’au changement climatique. Cela commence par des programmes européens correctement subventionnés pour assurer que les générations futures sachent qui sont les Juifs, ce qu’est l’Holocauste et ce que nous, peuple minoritaire, avons apporté au monde’’.
C’est dans ces termes que le rabbin Menachem Margolin, directeur général de la European Jewish Association (EJA), s’est exprimé lors d’une conférence réunie au Parlement européen à Bruxelles pour débattre des perspectives d’avenir des communautés juives en Europe où l’antisémitisme croît et où le nombre de Juifs diminue.
La conférence a réuni le Président du Parlement européen, Martin Schultz et son vice-président, Antonio Tajani, ainsi que des dizaines de parlementaires européens et de dirigeants d’organisations juives.
Dans son intervention, le rabbin Margolin a fait remarquer que ‘’l’Union européenne a parfois la réputation de ne pas joindre le geste à la parole’’, avant d’ajouter : ‘’Malheureusement, beaucoup de Juifs vivent dans la peur en Europe. Nous saluons évidemment le déploiement de l’armée qui protège la vie des citoyens juifs aux abords des synagogues, des radios, des écoles et des commerces, mais ce n’est qu’une solution temporaire qui ne traite en rien le problème à sa racine’’
Devant l’assemblée, le Président Schultz a souligné : ‘’L’Europe sans les Juifs ne serait plus l’Europe. L’Europe, c’est chez vous. La vie juive est une part essentielle de notre culture et de notre identité et nous sommes aux côtés de nos amis et de nos voisins juifs pour lutter contre ceux qui répandent la haine’’.
Il a signalé qu’en Europe, un Juif sur cinq est victime de violence verbale ou physique, que la population juive est passée de près de 4 millions en 1945 à à peine plus d’un million aujourd’hui et que des Juifs ont été tués dans des attentats terroristes juste parce qu’ils étaient juifs.
‘’Il est grand temps, non seulement de se positionner clairement politiquement, mais aussi de prendre des mesures efficaces le plus rapidement possible. L’Europe doit être un meilleur chez-soi pour ses citoyens juifs. Les armes et les soldats ne suffisent pas, nous devons adopter une approche globale et des mesures de prévention plus efficaces à tous les niveaux. Et, dernier point mais pas le moindre, nous avons besoin d’un profond engagement de la société dans son ensemble’’.
La conférence s’est ouverte par un discours du vice-président du Parlement européen, Antonio Tajani, membre italien de l’EPP (Groupe du Parti populaire européen), qui s’est déclaré préoccupé par la diminution du nombre de Juifs en Europe.
‘’D’après l’Agence Juive, près de 10.000 Juifs sont partis s’installer en Israël en 2015, soit le double des chiffres de l’année 2014. Sur ces 10.000 Juifs, 8.000 sont partis de France. Malheureusement, ces départs résultent du climat de haine permanent à l’encontre des Juifs. Pourtant, les Juifs doivent pouvoir vivre en paix en Europe, ils doivent être respectés au même titre que les autres citoyens et ils doivent pouvoir afficher leur croyance et leur identité sans se faire agresser. Voilà pourquoi l’Europe, ses institutions, ses Etats membres, ses citoyens doivent s’opposer à l’antisémitisme et le combattre. L’antidote est de se souvenir, d’une part, et de regarder vers l’avenir, d’autre part. Nous devons rester attentifs et être fiers de notre identité’’, a-t-il dit.
« Nous commettrions une grande erreur en pensant que l’antisémitisme ne menace que les Juifs. L’antisémitisme est avant tout une menace pour l’Europe et pour ses libertés acquises en plusieurs siècles. Une société qui prône l’antisémitisme n’a jamais garanti la liberté, les droits de l’homme ou la liberté de religion. Toute société mue par la haine commence par chercher à détruire ses ennemis mais finit par se détruire elle-même », a pour sa part déclaré l’ancien Grand Rabbin des Congrégations hébraïques unies du Commonwealth, Lord Jonathan Sacks.
Francis Kalifat, Président du CRIF, le Conseil représentatif des institutions juives en France, a également fait part de ses inquiétudes concernant l’avenir des communautés juives en Europe. ‘’Les Juifs sont confrontés aux insultes, à la discrimination, au harcèlement, parfois ils sont victimes de violences physiques, parfois ils sont assassinés comme à Paris, à Bruxelles ou à Amsterdam’’.
Le philosophe et écrivain français, Bernard-Henri Levy, s’est lui aussi exprimé sur le sujet. ‘’Je ne pense pas que la situation soit aussi dramatique ou tragique que ce que certains prétendent. Les Juifs étaient seuls en 1930 mais aujourd’hui, ils ont des alliés. Je ne connais aucun Etat européen, ni aucune institution qui affiche un antisémitisme institutionnel’’, a-t-il souligné.
Les participants ont appelé à augmenter les investissements en matière d’éducation, à veiller davantage au respect des lois et à renforcer la coopération entre les Etats membres pour lutter contre le terrorisme et pour contrer l’antisémitisme.
Il n’est toujours pas au courant que l’Europe sans les juifs c’est déjà la cas depuis 1945, sauf exception comme la France et l’Angleterre dont le nombre ne dépasse pas 1% de la population totale…