Shimon Peres, père de la nation, une vie politique au service de la paix

Les dernières années de sa vie auront été un combat intime contre les maladies et les AVC, après des décennies de combat politique pour défendre, avec une vision  positive l’image d’un pays multiculturel. Une vie d’un pouvoir souvent contrarié qui fait que le grand homme, plusieurs fois Premier ministre, n’aura jamais gagné une élection.

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Fils d’un négociant en bois, Simon Persky – ou Perske, comme sa cousine germaine Betty Joan Perske, plus connue sous le nom de Lauren Bacall – naît le 2 août 1923 dans un village alors polonais (biélorusse aujourd’hui), où les hivers sont rudes. Son grand-père dirige la communauté religieuse. La famille rêve de la terre promise où poussent les plus belles oranges du monde et rejoint le patriarche en 1934 en Palestine, alors sous mandat britannique. Dans le kibboutz de Galilée où il étudie l’agriculture et participe aux travaux communs, à une époque où l’enfance n’est pas celle préservée d’aujourd’hui, Persky biberonne aux racines socialistes des pionniers juifs et intègre les mécanismes qui mènent au pouvoir. C’est là qu’il prendra le nom de Shimon Peres, «pérès» signifiant l’aigle en hébreu.

Elu député à la Knesset en 1959

En 1948, l’État d’Israël est proclamé et la guerre israélo-arabe éclate. Depuis six mois, les volontaires des deux camps se livrent à des combats irréguliers. Peres appartient à la Haganah, l’armée clandestine, au sein de laquelle, à 24 ans, il occupe d’importantes responsabilités. La Haganah devient Tsahal et Shimon Peres est officiellement chargé d’acheter les armes des combattants, un poste clef qui l’amène à s’installer, avec femme et fille, aux États-Unis en 1949.

A son retour, David Ben Gourion le nomme à des fonctions clef au ministère de la Défense. En dépit de l’embargo de l’ONU, il parvient à tisser de nombreux liens militaires avec l’Europe de l’Est. C’est lui qui impulsera la création d’entreprises d’armement sur le territoire, aujourd’hui secteur clef de l’économie du pays, dont l’excellence est reconnue internationalement.

Et c’est lui qui obtiendra des leaders de la SFIO française les informations nécessaires pour lancer un programme sur l’énergie nucléaire .

En 1959, il est élu député à la Knesset, sous la bannière du Mapaï, le puissant parti de Ben Gourion, précurseur du parti travailliste. Il fait alliance avec Moshe Dayan.

Si Yitzhak Rabin devient un héros lors de la guerre des Six jours en 1967, c’est aussi grâce au travail de diplomatie souterraine, et parfois clandestine, de Peres pour fournir du matériel dernier cri à Tsahal. Ce dernier souffrira de ne pas être reconnu ; dès lors une inimitié profonde unit les deux hommes, obligés d’avancer main dans la main au parti travailliste.

Nommé Premier ministre en 1977

L’année suivante, Shimon Peres pilote le parti travailliste, baptisé Avoda. Mais Golda Meir préfère concentrer le maximum de pouvoir entre les mains de Rabin. Peres récupère des ministères secondaires (Immigration, Transports, Information). En 1974, il est nommé ministre de la Défense. En 1977, Peres devient Premier ministre. Yitzhak Rabin a dû renoncer, touché par le scandale du compte bancaire de sa femme aux États-Unis. La droite nationaliste l’emporte aux législatives et Peres devient le chef de l’opposition.

Il dirige ensuite, à partir de 1984, un gouvernement de coalition avec le Likoud, puis devient ministre des Affaires étrangères, un poste où il prend conscience de la nécessité d’obtenir la paix après quarante années de guerre fratricide. Au mitant des années 1970, Peres avait pourtant fermé les yeux lors des premières annexions, par le « Bloc de la foi », d’enclaves palestiniennes. A partir de 1988, avec la Jordanie, il tente de trouver une solution à la question palestinienne. Malgré les retournements de majorité, il est l’un des artisans des accords d’Oslo, signés le 13 septembre 1993 à la Maison Blanche. Ce travail et cette conviction lui vaudront en 1994 le prix Nobel de la Paix, conjointement à Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, chef de l’OLP, pour leur rôle dans le processus de paix israélo-palestinien. L’aigle devient « la colombe ».

Le 4 novembre 1995, Yigal Amir, un extrémiste israélien, assassine Yitzhak Rabin. Shimon Peres succède à son frère ennemi à la tête du gouvernement et du Parti travailliste jusqu’aux législatives de 1995, où il perd une fois de plus les élections législatives face à Benjamin Netanyahou. Entretemps, le pays a connu une vague d’attentats qui ont brisé les accords d’Oslo. Et Peres a décidé contre le Hezbollah une opération militaire dans le sud Liban qui tourne au désastre : 106 civils réfugiés dans un camp de casques bleus bombardé par Israël trouvent la mort.

Elu président en juin 2007

Lorsque le 6 juillet 1999, Ehud Barak le nomme ministre de la Coopération internationale, les observateurs y voient une pré-retraite forcée. Mais Shimon Peres continue d’utiliser son prestige international pour défendre le droit d’Israël à mener une politique de sécurité et soutient la vision militariste d’Ariel Sharon dans un gouvernement d’union nationale.

En juin 2007, après avoir quitté les travailliste pour Kadima, une formation du centre initiée par Ariel Sharon, Peres est élu 9e président de l’État d’Israël. Le poste est honorifique. En juillet 2014, neuf jours avant son 91e anniversaire, il quitte la présidence discrètement, en pleine guerre à Gaza, transmettant ses fonctions à Reuven Rivlin, défenseur des droits des minorités mais opposé à l’idée d’un État palestinien.

VIDEO. Le candidat de droite Reuven Rivlin élu 10e président d’Israël

Dans son appartement de Tel-Aviv, où son épouse Sonya était morte paisiblement en janvier 2011, à 88 ans, Shimon Peres avait connu plusieurs alertes médicales. Le 13 septembre dernier, un grave accident vasculaire cérébral le conduisait à l’hôpital de Ramat Gan où il est décédé dans la nuit du 28 septembre. Ses funérailles auront lieu vendredi 30 septembre.

ARCHIVE VIDEO. En 2014, Peres défendait une solution à deux Etats

Source : http://www.leparisien.fr/international/shimon-peres-une-vie-politique-contrastee-au-service-de-la-paix-28-09-2016-6157041.php

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