Le leader de En Marche ! place la relance de l’Europe au coeur de son projet. Il en a dévoilé les grandes lignes lors d’un colloque samedi à Lyon. Plusieurs personnalités socialistes avaient annulé leur participation mais des membres de l’opposition y ont participé.
Emmanuel Macron n’en veut pas à Sigmar Gabriel, ni à Mateo Renzi. Le patron des démocrates allemands et le premier ministre italien avaient prévu de participer samedi à Lyon au sommet des réformistes européens. Ils se sont désistés. Explication du leader de En Marche!: les deux hommes avaient «des contraintes d’agenda». Explication murmurée en coulisse: les deux hommes auraient reçu des coups de fil de l’Elysée pour annuler leur venue et ne pas fournir un auditoire trop prestigieux à celui qui ne cache désormais plus son intention de se lancer dans la course à l’Elysée contre François Hollande. Ils ne sont pas les seuls à avoir fait faux bond.
Le commissaire européen Pierre Moscovici devait lui aussi venir. Il a annulé. Comme d’autres. Et Emmanuel Macron se montre moins compréhensif à leurs égards. «Ou bien ils n’avaient pas grand chose à dire, ou bien ils ont subi des pressions et accepté de les subir», commente-t-il sur le parvis du musée des Confluences qui accueille la rencontre. Quant à François Hollande, qu’il ne cite pas nomément: «Quand on en est à mettre la pression sur les gens pour les empêcher de s’exprimer, c’est qu’on est dans un état de fébrilité extrême».
La démarche d’Emmanuel Macron inquiète de plus en plus le président de la République. Au compte goutte, les soutiens de l’ancien ministre de l’Economie commencent à se dévoiler. Après Daniel Cohn-Bendit qui a fait part cette semaine de son intérêt, un autre visiteur inattendu s’est affiché avec lui samedi: le député Les Républicains Frédéric Lefebvre, venu participer au colloque. Engagé dans un recours auprès de son parti pour valider sa candidature à la primaire de la droite, il se défend toutefois de tout rapprochement. «Je suis un homme libre», plaide-t-il en rappelant toutefois avoir voté la loi Macron l’année dernière. A côté de lui, le maire de Lyon Gérard Collomb s’amuse: «Nous sommes dans le musée des Confluences. Ce n’est pas pour rien». Emmanuel Macron lui-même se réjouit de la présence de Frédéric Lefebvre. «C’est un esprit constructif et pragmatique. C’est la démarche qui est la nôtre que de tendre la main», explique-t-il. L’ancien ministre chiraquien Renaud Dutreil était également présent. Il vient de lancer un mouvement pour soutenir l’ancien ministre de l’économie: «La droite avec Macron».
Autour du probable candidat à l’élection présidentielle, on assure que de nombreux contacts sont déjà pris «avec des personnalités de droite comme de gauche qui ne veulent pas apparaître pour l’instant mais avec qui nous travaillons». C’est le grand «rassemblement des progressistes» qu’Emmanuel Macron appelle de ses vœux, celui qui transcenderait les clivages politiques habituels autour de son projet. Samedi, il en a esquissé le volet européen. Et proposé d’organiser «une convention démocratique européenne» pour écrire «un projet politique et démocratique de quelques pages». Lequel serait ensuite soumis à référendum dans les 28 pays de l’Union. «Certains avanceront, d’autres non. Mais que ceux qui ne veulent pas avancer ne bloquent pas ceux qui le veulent», plaide-t-il. Projet qu’il a ensuite défendu dans son discours de clôture. Mais sans dire à quel titre il comptait le défendre. Le plus vraisemblable serait dans le rôle de président de la République. Mais Emmanuel Macron l’assure encore une foi: «le temps de l’incarnation n’est pas encore venu».
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