Un chandelier, le violon d’un musicien d’Auschwitz, une robe avec l’étoile jaune… Le Mémorial de la Shoah à Paris expose dimanche, pour les Journées du patrimoine, des objets collectés pendant deux ans dans toute la France et esquissant une mémoire intime du génocide juif.
En 2014 et 2015, dans le cadre de l’opération « Confiez-nous vos archives », le musée est allé à la rencontre des survivants de la Shoah et de leurs descendants dans une vingtaine de villes de France, recueillant plus de 19.000 objets, ouvrages, documents et photographies datés de 1880 à 1948.
Dimanche, de 10h à 18h, 200 de ces collections privées – composées chacune de plusieurs objets ou documents -, témoins des destins d’autant de déportés, résistants, « justes » et survivants, seront présentées au Mémorial de la Shoah. Six cent soixante personnes au total ont été rencontrées pendant l’opération.
« Il a fallu convaincre les gens de nous confier ces archives privées, qu’ils nous racontent l’histoire de ces objets. Nous avons eu des surprises, découvert des choses complètement inattendues », explique à l’AFP Lior Lalieu-Smadja, responsable de la photothèque du Mémorial de la Shoah.
Ainsi de ce violon d’un musicien de l’orchestre du camp de concentration d’Auschwitz, qui jouait lors du départ au travail des déportés, transmis à sa nièce et collecté à Angers. Ou encore de cette hanoukkia, le chandelier à neuf branches utilisé lors de la fête juive des lumières (Hanoukka), sculptée dans le bois au camp d’internement de Gurs (Pyrénées-Atlantiques) pour un rabbin, et conservée par sa fille. Robe frappée de l’étoile jaune, brassard de ghetto, journaux intimes, carnet de recettes dans un camp féminin: les pièces sont d’une grande diversité.
Le Mémorial de la Shoah est célèbre pour son « Mur des noms », où sont gravées les identités des 76.000 Juifs, dont 11.000 enfants, déportés de France, avec la collaboration du régime de Vichy, dans le cadre du génocide planifié par les nazis. Seuls 2.500 ont survécu.
« Ce que nous avons collecté là, ce sont des traces tellement importantes, qui permettent de montrer que derrière chaque nom il y a une histoire », souligne Lior Lalieu-Smadja.
Au delà de cette exposition éphémère, le Mémorial espère, à partir de ces archives, nourrir de prochaines expositions et le travail des chercheurs. La collecte se poursuit, tous les mardis après-midi dans ses murs, sans rendez-vous. L’institution numérise sur place les documents quand ils ne lui sont pas donnés pour trouver place dans ses magasins. « Il faut que ces documents se retrouvent au Mémorial, car sinon ils seront un jour perdus », fait valoir la documentaliste.
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