Dans un discours qu’il a prononcé ce matin à la salle Wagram devant la fondation Jean-Jaurès et le think tank Terra Nova, François Hollande s’est présenté comme le champion de la lutte anti-terroriste dans le cadre d’une démocratie qui, selon lui, triomphera de la barbarie.
« LA DÉMOCRATIE sera toujours plus forte que la barbarie qui lui a déclaré la guerre », a affirmé le chef de l’État, cherchant à démontrer que la bataille contre la violence du djihadiste islamique ne passait pas nécessairement par la transformation de l’état de droit en État policier. « Les musulmans paient eux aussi leur tribut à la terreur », a-t-il ajouté pour rappeler que la colère populaire ne devait pas sombrer dans l’amalgame et se transformer en ostracisme à l’égard de tous les musulmans. Il a rejeté l’idée d’un « État d’exception » et en a profité pour dénoncer le durcissement de la politique sécuritaire préconisé par l’extrême droite et par la droite. Les principes constitutionnels ne sont pas des arguties, a-t-il ajouté, dénonçant les « reniements » qui « seraient autant de renoncements sans pour autant assurer la sécurité des Français ».
Usage électoral.
Le discours du président avait une haute tenue mais son usage électoral crevait les yeux. Il mérite néanmoins qu’on s’y attarde. François Hollande, en effet, s’est fait son propre avocat et il a tenu, au moment où sa popularité est en chute libre, à rappeler ce qui, chez lui, mérite un jugement favorable. Personne ne sera surpris par l’attachement de M. Hollande aux valeurs démocratiques ; personne ne contestera qu’il a su, dans les limites du droit, livrer bataille en Afrique et ailleurs pour des raisons clairement liées à la sécurité de la France ; personne ne niera que, loin de se réfugier dans son palais et de traiter les Français avec l’arrogance liée parfois à sa fonction, il est simple, proche des gens, et remarquablement accessible, comme en témoignent ses incessantes et multiples rencontres avec les journalistes.
Cela ne signifie pas toutefois qu’il représente l’ultime rempart de la démocratie française. On peut nommer une quantité d’hommes et de femmes qui, s’ils étaient élus, assureraient aussi bien que lui la pérennité de nos institutions. En outre, sa manière de placer la droite et l’extrême droite dans le même sac relève de la pure mauvaise foi. Ni Alain Juppé, ni François Bayrou, ni Nathalie Kosciusko-Morizet, ni François Fillon, ni Nicolas Sarkozy (auquel il a réservé ses piques les plus acérées sans même le nommer), ni tant d’autres à droite et au centre ne risquent de se transformer en dictateurs. Autrement dit, s’il s’agit d’accorder à M. Hollande un second mandat en dépit de son sombre bilan socio-économique et parce qu’il faudrait à tout prix sauver la République, la réponse populaire sera très vraisemblablement : « Nous voulons essayer une autre politique économique avec un homme (ou une femme) différent, qui saura lutter lui aussi contre le terrorisme (et peut-être de réduire le nombre des attentats) tout en protégeant la République ».
Clairement à gauche.
En outre, même son discours d’aujourd’hui peut être contesté sur certains points. Il n’est pas interdit de s’élever contre l’idée que le fameux burkini doive être défendu s’il se confirme que son usage relève plus de la provocation politique que d’une lubie. De même, s’il est vrai que la « laïcité n’est pas une religion d’État », comme l’affirme M. Hollande, elle doit résister avec vigueur aux initiatives subversives, comme le port de la burka, qui consiste à mettre la religion au-dessus des lois républicaines. De même que le président doit démontrer que l’islam est compatible avec la République laïque, comme il l’a affirmé sous forme de vœu pieux. En tout cas, il s’est clairement inscrit dans son camp idéologique.
Tous ceux qui refusent de céder à la passion anti-Hollande, de tomber dans une aversion irraisonnée, de s’emballer en réclamant sa mise à mort politique, savent que cet homme n’est ni trop autoritaire, ni irrespectueux des règles et des lois, ni aussi machiavélique que tant de personnages qui le contestent et caracolent sur la crête de son impopularité. Mais il a commis des erreurs stratégiques immenses. Il a augmenté les impôts quand il fallait commencer à les diminuer ; il a fait des promesses électorales intenables ; et son bilan est catastrophique, il n’y a pas d’autre mot pour le qualifier parce que le pays a littéralement perdu quatre années précieuses pendant lesquelles il fallait coûte que coûte redresser l’économie, relancer l’investissement, encourager la consommation et en finir avec les vieilles lunes qui font que les gouvernements Hollande ont encouragé l’exil des riches, taxé le contribuable en oubliant que c’est aussi un consommateur, et que la barre a été redressée trop tard pour que le pays ait vraiment envie d’en reprendre pour cinq ans avec François Hollande.
Richard Liscia
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