Un militaire français, qui avait passé cinq ans sous les drapeaux, sera jugé pour terrorisme : il avait quitté l’armée pour rejoindre Daech après s’être radicalisé.
D’anciens militairesfrançais ont bel et bien rejoint les rangs djihadistes en Syrie, même si ces cas sont loin d’être un phénomène d’ampleur. L’an dernier, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian évoquait des faits « extrêmement rares ». C’est le cas de Mehdi, un ancien tankiste formé au maniement des lance-roquettes antichar, qui vient d’être renvoyé devant le tribunal correctionnel pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de terrorisme. Le jeune homme de 32 ans y sera jugé en compagnie de deux complices présumés, issus de la même filière roubaisienne (Nord).
Interrogé, il se dit favorable à la charia et prêt à mourir en martyr
Habitué des opérations extérieures, notamment en Afrique, Mehdi a passé cinq ans sous les drapeaux avant de déserter en 2010 à la suite de sa radicalisation express. Selon les services de renseignement, il apparaît alors en lien avec des membres de la mouvance salafiste lilloise. En avril 2012, il est placé une première fois en garde à vue. L’exploitation de son ordinateur saisi en perquisition permet de découvrir une documentation fournie liée à Al-Qaïda, ainsi que des références au groupuscule radical Forsane Alizza. Lors de son audition, il explique s’être intéressé à l’islam lors de son passage à l’armée après avoir visionné des vidéos. Le port de la barbe et la pratique de la prière dans des pièces communes lui valent des soucis avec sa hiérarchie. Considérant qu’il n’a pas sa place au sein de l’institution, il finit par déserter et se consacrer à l’apprentissage de sa nouvelle religion. Se disant favorable à la charia et au djihad et prêt à mourir en martyr, il est malgré tout remis en liberté à l’issue de sa garde à vue.
Un an plus tard, en mai 2013, Mehdi gagne la Syrie où il reste dix mois avant de revenir en France en mars 2014. De nouveau interpellé en avril 2015 dans la région de Toulouse où il habite désormais, il est depuis placé en détention provisoire. Au cours de l’instruction, l’ancien militaire n’a eu de cesse d’invoquer le but humanitaire de ce séjour au cours duquel il a fait venir son épouse et ses trois enfants pendant un mois.
Mais selon l’un de ses coprévenus qui l’a croisé à plusieurs reprises sur place, Mehdi a intégré un groupe combattant où il était chargé de faire la circulation routière. Ce converti, blessé à plusieurs reprises lors de combats fratricides entre groupes rebelles, a aussi expliqué l’avoir aperçu portant une cagoule et un kalachnikov.
Mais c’est la découverte de photographies dans la carte mémoire d’un autre soldat français, mis en examen dans une procédure distincte, qui va se révéler la plus gênante pour Mehdi. Sur ces clichés, on l’aperçoit en tenue militaire en possession d’un fusil d’assaut et d’un porte-grenades. Sur l’une des photographies, il tient par l’épaule un combattant porteur d’un écusson de Daech.
Dix mois en Syrie au sein de plusieurs groupes armés
Confronté à ces clichés, Mehdi finit par évoquer sa présence au sein de groupes armés : un bref passage au sein de l’organisation Etat islamique avant de rejoindre une katiba (une unité) proche du Jahbat al-Nosra (affilié à Al-Qaïda). Admettant avoir été envoyé au combat, il explique néanmoins que l’essentiel de ses journées était consacré à la pratique du sport et à l’aide apportée aux réfugiés. Mais pour le juge d’instruction qui a signifié son renvoi devant le tribunal le 22 juillet dernier, Mehdi est bel et bien soupçonné d’avoir rejoint la Syrie afin d’intégrer un groupe de combattants djihadistes.
L’expert psychologue qui l’a examiné a estimé que la religion avait envahi son énergie physique et psychique. Un surinvestissement susceptible de traduire un certain trouble identitaire. Selon l’expert psychiatre, c’est également pour répondre à des questions existentielles que Mehdi s’est totalement engagé dans l’idéologie religieuse. Une dérive personnelle dont il devra répondre devant la justice.
L’armée surveille les troupes
Une dizaine d’ex-soldats français ont pris les armes contre la coalition dans la zone irako-syrienne, selon les dernières estimations des états-majors. Un nombre infime rapporté à un contingent de plus de 200 000 personnes. Mais leur maîtrise des armes, leur connaissance des structures de commandement et surtout le fait que Daech cherche à frapper l’Occident en renvoyant des recrues dans leur pays d’origine pose d’évidentes questions de sécurité. En janvier 2015, le journal « l’Opinion » citait le cas d’un engagé pendant cinq ans au sein du 1er RPIMa de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), régiment parachutiste d’élite. Après avoir quitté l’armée pour rejoindre une société de protection des sites pétroliers, il a gagné les rangs djihadistes. Daech, dans sa propagande, a compris l’intérêt de ces désertions ou de ces reconversions. « Le Point » rapporte ainsi l’histoire édifiante d’un engagé volontaire au 1 er régiment de chasseurs parachutistes de Pamiers (Ariège), mis en scène dans une vidéo diffusée sur Internet en avril 2014 et intitulée « Une journée passée avec les moudjahidin de France ».
La très discrète DPSD, Direction de la protection et de la sécurité de la Défense, est chargée de détecter les personnes radicalisées au sein des troupes, la DGSI (sécurité intérieure) prenant le relais en cas de risque terroriste. « Tous les profils de nos candidats sont aujourd’hui scannés, y compris ceux qui souhaitent intégrer la réserve », assure une source militaire de haut rang.
E.P.
Encore une fois, voilà une info qui n’a aucune chance d’être publiée dans la presse bienpensante, droitdelhommiste et padamalgamiste française.