Le voyage de classe s’est terminé de la pire des façons. Trois élèves d’un lycée allemand de Buenos Aires ont en effet choqué de nombreux Argentins en se déguisant en nazis lors d’une fête organisée à Bariloche, ville tristement célèbre pour avoir accueilli des criminels de guerre allemands après la Seconde guerre mondiale.
L’incident s’est produit dans une discothèque de la ville dans la nuit de mardi à mercredi. Les adolescents, appartenant à un groupe d’une cinquantaine d’élèves, arboraient fièrement des croix gammées sur le torse et des moustaches telle que celles que portait Adolf Hitler. Leurs photos ont été partagées sur Twitter, provoquant la colère de nombreux internautes. Les clichés ont été supprimés depuis.
Loin de s’arrêter au déguisement, ces jeunes hommes grimés en nazis s’en sont pris à un groupe d’étudiants juifs présents dans la boîte de nuit, selon le quotidien argentin La Nación. L’affrontement s’est poursuivi dans la rue, devant la discothèque.
«Je suis terrifié, c’est un acte scandaleux, cela ne suffit pas de présenter des excuses», a dénoncé Silvia Fazio, la directrice de cet établissement privé, la société scolaire et sportive allemande de Lanus, situé en banlieue de Buenos Aires.
#Discriminación | Los chicos q usaron simbología nazi serán sancionados en su escuela y denunciados en la Justiciahttps://t.co/RjBzgG3AS0
— Política Argentina (@PolArg) 25 août 2016
Les auteurs passibles d’une peine de prison
Les trois adolescents en question ont été contraints de rentrer chez eux jeudi en raison de leur comportement, qui ne leur permettait pas de poursuivre le voyage avec leurs camarades. S’ils sont âgés de plus de 16 ans, ils pourraient être poursuivis et risqueraient entre un mois à trois de prison, selon le Code pénal argentin qui qualifie ces actes de «crimes».
Avant de retourner à Buenos Aires, les deux groupes d’élèves se sont retrouvés en compagnie de l’encadrement scolaire. Les élèves du lycée allemand se sont excusés, et les deux groupes assisteront ensemble à une conférence au musée de l’Holocauste la semaine prochaine.
«Ce n’est ni une blague, ni drôle»
«Ce n’est ni une blague, ni drôle, partons du fait qu’ils reflètent une idéologie qui a abouti à la mort de 6 millions de juifs, assassinés par les nazis», a regretté, pour sa part, Cohen Sabban, de la Délégation des associations israélites argentines (DAIA). Depuis la nuit de l’incident, une partie de la communauté juive du pays s’est réveillée avec l’appréhension d’être la cible de nouvelles attaques. Dans un article de La Nación consacré à l’école juive dont les élèves attaqués faisaient partie, une adolescente de 14 ans témoigne: «Ma maman m’a appelé, elle était très préoccupée, et a commencé à me demander si j’avais subi ce genre de choses. Je lui ai dit que non, parce que cela ne m’est jamais arrivé, ni à moi ni à mes camarades».
Toutefois, si la majorité des élèves ne se sentent pas discriminés en Argentine, leur appartenance religieuse est parfois sujet de moqueries. Dolores, une élève de 5e, explique son point de vue au quotidien national: «Qu’il n’y ait pas d’agressions ne signifie pas qu’il n’y a pas de blagues. On nous fait des blagues tout le temps parce qu’on est juifs. C’est peut-être le moment de mettre fin à cela, parce que c’est tout de même une forme de discrimination, même si elle est plus subtile que les coups».
Après de nombreux débats, le collège juif en question a décidé de ne pas organiser une journée consacrée aux incidents de Bariloche. L’ensemble des professeurs répondront aux questions des élèves mais «la discrimination et l’histoire juive sont étroitement liées, et ce sont des questions dont nous parlons régulièrement en classe», a réagi le directeur de l’école.
L’ancien nazi Erich Priebke avait notamment trouvé refuge à Bariloche à la fin des années 1940. En 1995, il a été extradé en Italie, où il a été jugé.
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