Ben Zion Solomon a passé la moitié de sa vie sur un champ de bataille en tant que soldat, blessé, réfugié, ou prisonnier de guerre. L’an dernier, à l’occasion d’une conférence célébrant les 70 ans de la défaite nazie, il affichait fièrement les nombreuses médailles récoltées au cours des 102 années de sa vie. Il est en effet l’un des soldats les plus décoré d’Israël.
Ben Zion Solomon est né en 1913 à Daugavpils, alors situé dans l’Empire russe, aujourd’hui en Lettonie. Il est l’un des sept enfants d’Avraham Yitzhak Solomon et de sa femme Tovah. Alors qu’il a un an, sa famille est déportée à Kazan après le déclenchement de la première guerre mondiale. Nourrisson, il connaissait déjà la faim et les conséquences de l’antisémitisme, perdant ses six frères et sœurs, atteints par la maladie.
En 1917, alors qu’il a quatre ans, il est blessé au cours de la Révolution d’Octobre, le régime tsariste étant renversé par les bolcheviques. “Autrefois, j’étais plein de curiosité” confie-t-il, “je me suis approché de la fenêtre pour voir ce qu’il se passait, lorsqu’une balle bolchevique a traversé ma main.”
Adolescent, il rejoint le Beitar, fondé par Ze’ev Jabotinsky. “J’ai protégé les juifs des criminels antisémites et ai même été le garde du corps de Jabotinsky.”
Sa mère décède en 1934, alors qu’il n’a que 17 ans. Quelques années plus tard, en 1934, il s’installe dans ce qui allait devenir l’État d’Israël, à Ramat Tiomkin plus précisément, près de Netanya. Il rejoint alors les brigades de travail du Beitar, et est affilié à l’Irgun.
Au moment de la révolte arabe entre 1936 et 1939, il est envoyé à Rosha Pina pour le compte de deux corps opposés, la Haganah et la brigade juive de la police britannique.
Il a également été impliqué dans l’immigration illégale de juifs en provenance de Syrie et du Liban, aidant au passage à l’établissement du Kibboutz de Hanita. “Nous avons défendu la Galilée et construit la clôture au nord” se souvient-il. “J’ai aussi caché des armes illégales aux yeux du gouvernement britannique”.
Certains de ses amis sont arrêtés par les britanniques et emprisonnés à la prison d’Acre. L’un d’entre eux, Shlomo Ben-Yosef, est condamné à mort et exécuté en 1938 pour avoir jeté une grenade sur un bus arabe, afin de venger la mort de juifs.
Quand la seconde guerre mondiale éclata, Solomon hésita entre la poursuite des activités clandestines et l’intégration dans l’Armée de Grande Bretagne. Quand il ne reçut plus de lettres de son père, resté en Europe, il décida de combattre les nazis, devenant l’un des premiers juifs provenant de Palestine à s’engager en faveur de la British Army.
En 1940, il est affecté dans une unité d’ingénierie et est envoyé au front. Il construit alors des fortifications, des routes pavées, des chemins de fer, il désamorce des bombes et d’autres armements. Il poursuit son service en Libye, en Egypte puis en Grèce.
Quand les parachutistes allemands ont attaqué la base portuaire de Kalamata, en Grèce, il est blessé par balle au niveau du bras. Après son rétablissement, il reprit le chemin de la bataille, avant d’être fait prisonnier avec une centaine de ses camarades le 29 avril 1941.
“Quand la Gestapo m’a interrogé sur la raison pour laquelle il a rejoint l’Armée britannique, j’ai répondu que j’étais venu combattre les allemands, qui massacraient mon peuple” raconte-t-il.
En tant que prisonnier de guerre, il est envoyé en Pologne, afin d’accomplir du travail forcé dans les mines de charbon. En janvier 1945, lui et ses camarades subissent une marche de la mort sur plus de 1000 kilomètres, au cours de laquelle le froid et la faim font tomber les hommes. Il resta en vie et fut libéré par les américains en avril.
Il retourne en janvier 1946 dans le futur État d’Israël, installa à Afula une cimenterie et… rejoint les rangs israéliens au cours de la guerre d’indépendance deux ans plus tard, afin de combattre “à Afula et dans la vallée de Jezreel”.
Après la guerre, il fut l’un des fondateurs de la Police des frontières, dans laquelle il sert jusqu’en 1975, traversant alors la campagne du Sinaï (1956), la guerre des six jours (1967), la guerre d’Attrition (jusqu’en 1970) et la guerre de Kippour en 1973.
En février dernier, il décède à l’âge de 102 ans, “toujours alerte clair dans son esprit” selon sa fille Tovah. Toutes les médailles récoltées au cours de sa carrière ont été apposées à sa pierre tombale, sur laquelle sont inscrits les insignes de toutes les unités dans lesquelles il a servi.
Traduit et adapté depuis : http://www.haaretz.com/israel-news/.premium-1.737716
Crédit photo : Ofer Aderet
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