Entre les prophéties auto-réalisatrices du choc des civilisations, et celles, dépassées d’un terrorisme néo-post-colonial, jaillit le besoin d’analyser la prétendue guerre en cours à l’aune des dispositifs médiatiques qui la relaient. Deux événements mineurs, eut égard à la gravité des attentats imputables à Daech, apportent une clé de lecture supplémentaire à celles, nombreuses et parfois contradictoires, qui prétendent expliquer l’actualité.
La première est une flash mob, un jeu auquel se prêtaient cinq adolescentes allemandes ayant déclenché un mouvement de panique sans précédent. Le 3 août sur la promenade bondée de Platja D’Aro, une cité balnéaire de Catalogne, de jeunes vacancières jouent à « la star et aux paparazzis ». L’une fait semblant de fuir les objectifs des photographes et les autres la poursuivent. Les cris de joie et les rires vont être mésinterprétés comme des cris de détresse par certains vacanciers français qui se promènent sur l‘avenue. On devine la suite. La panique et la rumeur d’un incident grave se répandent comme une onde sur toute la promenade. Bilan : 11 blessés.
C’est un incident similaire qui a provoqué la fermeture de l’Aéroport JFK de New York ce dimanche 15 août. Les cris et les applaudissements des spectateurs face à un exploit olympique retransmis sur un écran vont déclencher un mouvement de panique qui affectera plusieurs milliers de personnes, obligées d’abandonner leurs bagages et d’évacuer le terminal les mains en l’air.
Ces deux incidents ont en commun une erreur d’interprétation, et plus précisément l’appréhension d’une menace là ou il n’y en avait pas. C’est peut-être la première fois dans l’histoire du terrorisme que la peur de nouveaux attentats déclenche autant d’incidents non commandités : des gestes de forcenés quasi quotidiens, mais surtout des réactions incontrôlées sous l’effet de la panique. Force est de constater que si le terrorisme a longtemps fonctionné dans un climat d’opacité et de mystère, spéculant sur l’angoisse qu’il pouvait générer, il n’a jamais été aussi efficace qu’aujourd’hui, dans nos sociétés hyper-connectées. La transparence et l’ubiquité que rendent possible les nouveaux moyens de communication ne désamorcent pas l’impact fantasmatique des attentats ; bien au contraire, elles en décuplent l’onde de choc.
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