Ils ont un nom déshonorant à porter. Ils sont les enfants des plus hauts dignitaires nazis qui ont conçu et mis en œuvre la Shoah. Comment vivent-ils ce lien filial ? Sont-ils dévastés par la honte bien qu’ils ne soient pas responsables des crimes de leurs pères ? Ou bien les excusent-ils, les liens du sang étant toujours les plus forts ?
Ce sont les questions qui sous-tendent la passionnante enquête de Tania Crasnianski qui nous raconte les parcours des enfants de Himmler, Göring, Hess, Frank, Bormann, Höss, Speer et Mengele. L’auteur ne juge pas les témoignages qu’elle a recueillis, elle se contente de les rapporter. C’est suffisamment édifiant et c’est la grande force de ce livre. Car au fond, il n’y a pas de généralisation à faire, même si certains parcours se rapprochent avec une constante : tous ces enfants vivent avec le souvenir obsédant de leur père. Les filles qui ont conservé la mémoire d’un père aimant, comme Gudrun Himmler et Edda Göring, ont continué à lui vouer « un amour inaltérable ». Se réfugiant dans le déni et le négationnisme, elles refuseront toujours de croire que leur géniteur a été impliqué dans la solution finale. Gudrun Himmler continuera même à participer à des célébrations et des rassemblements nazis tout au long de sa vie. En revanche, Niklas Frank, le fils du « boucher de Cracovie » en charge des ghettos juifs de Pologne, se montre sans pitié pour ce père qui ne l’a jamais aimé et n’a jamais manifesté le moindre regret pour ses actes criminels. « Je le hais ce salaud qui grille en enfer et qui m’obsède », dit-il. Mais ses deux sœurs et un autre de ses frères n’ont jamais accepté la vérité sur leur père…
Rolf Mengele, le fils du docteur d’Auschwitz qui avait droit de vie et de mort sur les prisonniers et se livrait à d’atroces expériences médicales, condamne lui aussi son père qui le dégoûte mais refusera toute sa vie de donner la moindre information susceptible de permettre son arrestation, estimant qu’il lui était impossible de le trahir. Comme une position médiane de ces enfants de nazis au destin plombé par la barbarie de leurs pères.
(« Enfants de nazis », Tania Crasnianski, Grasset, 281 p, 20,90 €).
Source : http://www.ladepeche.fr/article/2016/05/19/2347717-leurs-peres-etaient-des-dignitaires-nazis.html
Et le rôle des mères et des femmes de ces “dignitaires” !!! Qui en parlera ? Quel écrivain chercheur de génie osera étudier ces comportements ? Les femmes ont-elles soutenu leur mari voire peut-être même les encourager ou les guider ? Et les mères et pères de ces “dignitaires”, quels rôles ont-ils joué? Beaucoup de zones d’ombres encore…
En principe, je me méfie des dictons mais, dans les cas précis des criminels allemands (je n’utilise jamais le mot “nazi” craignant que dans quelques générations des gens ne sachent plus d’où surgit la bête immonde en plein milieu de l’Europe et du XXème siècle), je pense à:
1 – Le fils du léopard porte ses tâches.
2 – Les chiens ne font pas des chats.
Ne pas condamner les descendants sans discernement.
Je n’aime pas les dictons à l’emporte-pièce.
Certes des descendants de nazis cautionnent le passé mais d’autres pas et je vous renvoie à mon article du 18 mai 2014 “Mon grand-père était Rudolf Höss”.
Rainer Höss, porte l’étoile de David qui lui a été offerte autour du cou, se bat contre le racisme et l’antisémitisme.
Il a rencontré des survivants de la Shoah, a participé à un documentaire en Israël et va à la rencontre des élèves en Allemagne et ailleurs, pour les alerter sur les risques du racisme et de l’antisémitisme.
Voir son clip très émouvant sur dailymotion.
Plus actuel que jamais.
La lecture du livre de Boualem Sansal”le village de l’allemand” ou le journal des frères Schiller apporte sa contribution pour comprendre la problématique existentielle des enfants des criminels nazis..