Il y a une quinzaine de jours, trois lycéens ont été arrêtés par la police pour avoir agressé un serrurier qu’ils pensaient être juif. Dix ans après le drame qui a coûté la vie à Ilan Halimi, il semble que rien n’ait changé du côté de l’antisémitisme.
Richard Berry, la rage au ventre, s’est lancé dans cette douloureuse aventure cinématographique afin de remuer les consciences. Sobre mais insoutenable, « Tout, tout de suite » est un flm implacable qui se contente de rapporter les faits sans pathos. En 2006, un jeune Français smicard a été supplicié à mort dans une cité, au seul prétexte qu’il était juif. Donc riche. Epinglés comme des insectes sur l’écran blanc du cinéma, les bourreaux d’Ilan Halimi apparaissent dans toute leur bêtise malfaisante. Si ce flm pouvait servir de repoussoir à d’éventuels apprentis Fofana, le flm de Richard Berry aurait atteint son but. Et cela vaut toutes les recettes du box-office…
Paris Match. Il ne faut pas être un peu maso pour se lancer dans un film dont vous saviez que le tournage allait être éprouvant ?
Richard Berry. Disons que je me suis préparé psychologiquement à affronter cette violence et cette misère. C’est vrai que, à force de plonger dans une telle médiocrité, j’ai traversé des moments très difficiles. Quand je tournais certaines scènes, j’étais déchiré en pensant à ce que le vrai Ilan avait subi. Lorsque mes comédiens regardaient les séquences, une seule phrase revenait : “Comment ont-ils pu faire une chose pareille ?”
Mettre en images cette tragédie, était-ce le besoin d’imprégner durablement notre mémoire collective ?
Il y avait une urgence à imprégner la mémoire collective de ce qu’est en train de devenir cette forme de racisme quotidien et banal. L’affaire Ilan Halimi n’est qu’une anecdote comparée à ce que cela nous dit sur notre société et sur ce qui peut se passer dans certains cerveaux. Ceux du gang des Barbares sont effroyablement vides.
Comment ont-ils pu faire une chose pareille ? Parce que l’être humain a toujours pris du plaisir à exercer la cruauté comme il en a à exercer la bonté. Et pas la peine de lui chercher des excuses « sociologiques » dans son passé ni son enfance.