Google Maps est accusé d’avoir rayé la Palestine de sa carte et Internet s’émeut. Mais ce n’est pas nouveau, et ce n’est pas une erreur.
Google est-il un suppôt d’Israël ? C’est ce que se demande le site du complotiste Alain Soral, Egalité et Réconciliation (il dit « sioniste »).
Et on serait presque tenté d’adhérer à l’hypothèse. La Palestine n’apparaît pas dans Google Maps. L’entreprise américaine est accusée de l’avoir supprimée le 25 juillet dernier.
C’est fini @googlemaps @google maintenant c’est un autre moteur de recherche #boycottGoogle Une grosse honte pour vous#PalestineIsHere
— Selena.G (@A102205) 9 août 2016
Ce sont des journalistes palestiniens qui le disent, dans un communiqué publié le 3 août dernier (en arabe) :
« Le Forum des journalistes palestiniens condamne le crime commis par Google en supprimant le nom de Palestine, et appelle Google a revenir sur sa décision et à s’excuser auprès du peuple palestinien. »
De nombreux journaux du Moyen-Orient ont depuis repris l’information. En France, surtout des sites d’extrême droite.
Fausse rumeur
Le scandale est tellement gros que vous êtes prêt à sortir de votre torpeur estivale pour publier un tweet rageur.
Sauf que c’est faux, au moins partiellement. La rumeur a eu le temps d’enfler un peu partout sur Internet, et de déclencher un hashtag d’indignation, #Palestineishere, avant d’être décryptée par le Washington Post le 9 août.
D’abord, rien n’a changé le 25 juillet dernier. Il y a cinq mois déjà, une pétition lancée sur Change.org par un certain Zak Martin, et signée par plus de 250 000 personnes, demandait déjà à Google de faire apparaître la Palestine sur sa carte.
Des frontières en pointillés
En cherchant Palestine aujourd’hui dans Google Maps, on obtient donc exactement le même résultat qu’alors. C’est-à-dire, vous vous en doutez, un truc un poil compliqué :
La carte vous renvoie à un territoire délimité en pointillé mais pas labellisé, sauf dans la partie gauche de la carte, allant d’Hebron, au sud, à Jenin, au nord, et de Jérusalem à la frontière jordanienne.
Les villes de cet espace sont, elles, bien définie comme villes « palestiniennes » dans la colonne qui apparaît à gauche, qui reprend en fait les définitions de Wikipédia. Et la Palestine est définie comme un « proto-Etat ». En revanche, Jérusalem, réclamée par les deux parties, est définie comme « capitale d’Israël ».
Google fait du François Hollande
Pour répondre aux accusations, Google a indiqué au Daily Dot que rien n’avait changé. Et a précisé qu’elle se basait sur les données des Nations unies. Or, selon l’ONU, la Palestine est un État observateur mais non membre de l’ONU – donc pas officiellement reconnu par la communauté internationale.
En 2013 déjà, Google avait d’ailleurs été accusé, par Israël cette fois, de soutenir la Palestine. Au moment de l’arrivée de la Palestine à l’ONU, « Territoires palestiniens » est devenu « Palestine ».
En réalité, en choisissant de ne pas indiquer la Palestine tout en la délimitant, Google a fait une synthèse à la François Hollande : essayer de contenter tout le monde et, donc, ne satisfaire personne.
Bing Maps, à l’inverse, a choisi de noter la Palestine – ceux qui veulent boycotter Google appellent d’ailleurs à utiliser cet outil.
Tout le monde se fout d’Apple Maps
La polémique, à moitié infondée, est intéressante à plusieurs titres.
- D’abord, elle montre que les grosses entreprises technologiques façonnent de plus en plus nos représentations. Normal qu’on n’hésite plus à leur rappeler leurs responsabilités, en proportion de leur nombre d’utilisateurs. Ce n’est pas pour rien que personne ne cherche des poux à Apple alors même que pour Apple Maps, la Palestine n’existe pas, mais pas du tout. Même Alain Soral se fiche de ce sombre outil.
- Ensuite, on comprend que c’est un véritable casse-tête de proposer la même carte au monde entier. Au point que pour la Crimée, par exemple, réclamée par l’Ukraine et la Russie en même temps, Google avait choisi de changer les frontières et les dénominations en fonction de la localisation des internautes.
- Enfin, ça nous rappelle qu’une carte, supposée donner une représentation neutre et dépassionnée du monde, échoue toujours. Son aveu de faiblesse est une frontière en pointillés.
Soral est un guignol et un lèche babouche qui entretient sa clientèle musulmane qui lui permet de vivre comme un nabab en les abreuvant de “complot judéo-sioniste”.
Alors “retour au réel” comme aime à dire ce bouffon : L’état d’Israël existe alors que l’État Palestinien
n’existe toujours pas pour la simple et bonne raison que depuis 1947 les arabes n’en veulent pas. CQFD.