Dans une longue enquête publiée ce mercredi, le New York Times détaille comment Daech a mis en place un réseau terroriste en Europe. Selon le journal, un Français et un Syrien ont piloté les opérations du 13 novembre à Paris depuis la Syrie.
Des djihadistes triés sur le volet et envoyés depuis les zones irako-syriennes, des leaders qui « pensent » les opérations… S’appuyant sur des documents des services de renseignements américains et européens et sur l’interview d’un ancien soldat de Daech emprisonné en Allemagne, le New York Times révèle ce mercredi, dans une longue enquête, comment l‘organisation Etat islamique (EI) a implanté un vaste réseau terroriste dans le monde et en particulier en Europe.
La cellule responsable de la planification des opérations extérieures, explique le journal, est l’EMNI: une sorte de service qui mélange policiers chargés de la sécurité intérieure et espions chargés d’organiser les attentats à l’étranger. Les deux « cerveaux » présumés des attentats du 13 novembre à Paris en seraient issus: Abou Souleymane et Abou Ahmad. Ce sont eux qui auraient choisi les recrues à envoyer, les cibles à attaquer et auraient validé les grandes lignes du projet.
Abou Souleymane, un superviseur français
Ces deux hommes, qui vivent en Syrie, seraient des « lieutenants » d’Abou Mohammed al-Adnani, porte-parole de l’EI et l’un des membres les plus hauts gradés de l’organisation. Abou Souleymane serait un Français d’origine marocaine et tunisienne, âgé d’une trentaine d’années. Selon le New York Times, il a été promu à la tête de la section « Europe », Daech disposant de services par régions, après les attaques parisiennes, considérées par l’EI comme une réussite. Une information déjà évoquée par la lettre spécialisée TTUen avril dernier, qui précisait que l’homme est un « combattant aguerri », marié à une Française et père de deux enfants.
Le nom de ce djihadiste avait été évoqué par un otage du Bataclan. Selon lui, durant l’attaque, deux des terroristes ont eu un flottement et se sont demandés s’il fallait appeler « Abou Souleymane » pour savoir quoi faire. A l’époque, ce surnom avait été attribué à un autre djihadiste français, mais il semblerait qu’il s’agissait d’une confusion.
Abou Ahmad, un recruteur syrien
Toujours d’après le quotidien américain, si Abdelhamid Abaaoud, mort dans l’assaut de Saint-Denis, n’était pas le commanditaire, il disposait toutefois d’une latitude logistique pour mettre en oeuvre, sur place, les opérations du 13 novembre. Il était donc considéré plus qu’un simple soldat.
Quant au second lieutenant de l’EMNI qui a validé le projet, Abou Ahmad, il s’agirait d’un Syrien d’une trentaine ou quarantaine d’années. Son nom est ressorti au cours de l’audition de l’Algérien Adel Haddadi, arrêté en Autriche et suspecté d’avoir échoué à rejoindre les commandos du 13 novembre pour attaquer Paris. Selon ses déclarations devant les enquêteurs, Abou Ahmad a dirigé tous les préparatifs en Syrie côté terroristes non européens. C’est notamment lui qui aurait envoyé les deux kamikazes irakiens du Stade de France.
Des cellules dormantes en France
Enfin, raconte encore le quotidien américain, Daech ne manquerait pas de cellules dormantes en France. Cette information provient du djihadiste détenu en Allemagne et interviewé par le journal. A son arrivée en Syrie avec un compatriote pour mener le djihad, cet Allemand aurait été chargé de rentrer chez lui en vue de commettre une attaque.
L’EMNI lui aurait expliqué que Daech manquait de volontaires là-bas et au Royaume-Uni. A la question de son camarade qui s’étonnait qu’ils ne mentionnent pas la France, les espions djihadistes auraient hurlé de rire et rétorqué: « Ne t’inquiète pas pour la France ». C’était en avril 2015, quelques mois avant les tueries parisiennes.
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