Neuf jours après l’attaque de Saint-Etienne-du-Rouvray, le juge Marc Trévidic s’exprime pour la première fois à la télévision sur Adel Kermiche. Il se souvient de ce jeune homme qui tente par deux fois de rejoindre la Syrie.
“La première fois que je l’ai vu, il avait voulu partir en Syrie. Il venait tout juste d’être majeur pendant la garde à vue. Il s’entourait de personnes plus jeunes que lui. Il avait tenté de partir avec quelqu’un de 15 ans qui y était parvenu. Il était en contact avec beaucoup de jeunes filles plus jeunes pour qu’elles partent avec lui en Syrie. Elles n’avaient que 14,15 ou 16 ans maximum. Donc, il était dans l’immaturité la plus totale.” explique l’ancien juge antiterroriste Marc Trévidic.
Comme face à un mur
Puis le Franco-Algérien se radicalise rapidement. “J’avais face à moi quelqu’un qui voulait à tout prix partir faire le djihad au sein de l’Etat Islamique. Il avait dans ses yeux la petite lueur qui fait qu’on détecte qu’il ne reviendra pas en arrière. C’est très difficile à apprécier. C’est très subjectif parce qu’en face de vous, vous avez l’impression d’avoir un mur. Et là, il y avait ce mur-là.”
En France, la loi est claire, après dix ans un juge d’instruction spécialisé doit changer de poste. Frustré, déçu, Trévidic quitte l’antiterrorisme. Adel Kermiche, l’un des tueurs de Saint-Etienne-du-Rouvray, est ensuite placé sous surveillance électronique malgré l’avis défavorable du parquet. “J’ai appris par cette affaire qu’il avait été libéré sous bracelet électronique en mars 2016. Chaque juge est libre de ses décisions. Je dis quand même qu’il faut de nombreuses années pour commencer à voir et à repérer ceux qui sont dans la dissimulation des autres. Il y a des gens qui m’ont fait froid dans le dos. Une minorité mais il y en a cinq ou six qui m’inquiètent“, indique le magistrat de 51 ans.
En guerre en temps de paix
Depuis plusieurs mois, la France et la Belgique sont touchées par le terrorisme. Mais pour lui, la France est particulièrement visée: “L’année va être épouvantable avant les élections présidentielles. La tentation pour l’organisation terroriste état islamique va être très grande de s’en prendre au pays. On est dans une guerre en temps de paix. C’est le principe de l’attentat terroriste. Mon espérance à moyen terme, c’est l’essoufflement suite au degré d’horreur. Mais cela peut durer dix ans. Ce n’est pas exclu.”
Source rtbf (vidéo de l’interview visible)
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