Selon Le Canard Enchaîné du 27 juillet, Bernard Cazeneuve souhaite instaurer un concordat avec l’islam. Le Ministre a démenti, mais cela ressemblait fort à un ballon d’essai. Si l’objectif était de soulever la consternation et l’indignation, c’est réussi. Revenir au concordat serait une erreur et une lâcheté.
Une erreur. Pense-t-on un instant que le concordat résoudrait les problèmes qui sont à l’origine de notre situation actuelle? Outre la responsabilité première de l’islamisme lui-même, ils sont largement le fait de nos politiques publiques. Une politique de la ville irresponsable, depuis 30 ans, a joué parfois consciemment la ghettoïsation des populations, la non-mixité et l’enclavement de quartiers entiers.
Chercherait-on à nous faire croire que la politique délibérément communautariste de certains élus locaux, achetant la paix sociale -et les suffrages- sur le dos des principes républicains, ne continuerait pas à produire ses effets dévastateurs avec un concordat? Celui-ci ne ferait que les renforcer! Nous céderions, une fois plus, à cette pathologie française consistant à traiter une situation concrète en brandissant une loi. « Quoi que l’on fasse, disait Portalis, les lois positives ne sauraient jamais entièrement remplacer l’usage de la raison naturelle dans les affaires de la vie. »
On devine sans peine le calcul du ministre de l’Intérieur. Un deal à grosses ficelles: le financement des mosquées contre la traçabilité des fonds, et le pouvoir de nommer les imams et d’encadrer leur formation contre leur rémunération. Le droit de regard sur la machinerie du culte contre la facilitation, voire un soutien financier (salaire des imams, financement et construction de mosquées), le contrôle de l’islam en France sous l’étiquette de « l’islam de France », contre la paix sociale de la supposée « communauté musulmane ».
Quelle naïveté! Sans discuter la faisabilité d’un tel projet, l’illusion consistant à vouloir refaire avec les musulmans ce que Napoléon fit avec les Juifs en 1808 est ici évidente. Car les Juifs à l’époque n’étaient que quelques dizaines de milliers, et une longue pratique de la minorité politique sous toutes les latitudes avait en quelque sorte préparé le judaïsme à une véritable souplesse légale: l’Assemblée de notables réunie par Napoléon n’eut aucun mal à démontrer la compatibilité de la loi juive avec les lois de la République.
Le concordat: l’Etat dealer?
Un concordat aujourd’hui, dans une société beaucoup plus complexe, plus diverse, nous entraînerait tout simplement dans une logique dévastatrice, et les déclarations, la main posée sur la poitrine laïque de la France, n’y feront rien. S’ouvrira ici une course à l’échalote de la reconnaissance, non seulement de la part des cultes existants mais restés hors concordat, mais plus encore de ceux à naître, les courants spirituels ou sectes de tous poils aspirant au statut de religion. Quel sera alors le critère pour adouber l’un et refuser l’autre? Officiellement sans avis sur les options de la « vie bonne » depuis 1905, l’Etat sonderait-il soudain les reins et les cœurs, décernant l’imprimatur à telle ou telle théologie? On mesure l’absurdité de la situation en imaginant la stratégie qui chercherait à éviter ce choix: accorder un concordat généralisé pour tous. Des siècles de combat laïque jetés aux orties…
Que deviendrait enfin la précieuse différence philosophique entre la laïcité à la française et la simple « tolérance » chère à d’autres pays? Le principe laïc, en effet, affirme de manière radicale que le fait de ne pas croire n’invalide en rien la fiabilité politique de l’individu, alors que dans un régime de simple pluralisme religieux, l’incroyant suscite volontiers la suspicion. Le concordat et son régime de « cultes reconnus » rejetteraient totalement la position zéro de l’incroyance dans un angle mort. Elle réduirait la laïcité à une option parmi d’autres, loin du statut de norme générale s’imposant à tous, et à ce titre salvatrice.
Le concordat: forme ultime du paternalisme post-colonial?
Enfin, revenir au concordat équivaudrait à porter un jugement rétrospectif inadmissible sur la loi de 1905. La modifier reviendrait à émettre un message particulièrement veule et cynique: dans sa version faible, l’idée selon laquelle l’islam n’ayant point été force sociale à l’époque, la loi ne serait plus pertinente pour traiter de la situation actuelle. Dans sa version forte: l’idée que la loi de séparation des Eglises et de l’Etat constitue en fait un dispositif agressif envers l’islam. Un tel désaveu éviterait donc la seule question qui vaille concernant la toujours pertinente loi de 1905. D’où l’islam pourrait-il se sentir discriminé de se plier aux même règles que ses religions sœurs?
Cette dernière question nous fait d’ailleurs sentir ce qu’il y a de suspect dans la tentation du concordat. L’Etat n’a jamais abandonné son gallicanisme de contrôle envers les religions. Avec ce genre de politique, il communautarise les débats, assigne et maintient chacun à sa religion supposée. Et, mauvaise conscience post-coloniale aidant, il témoigne finalement d’un paternalisme insupportable envers les musulmans. Pourquoi chercher à « encadrer » l’islam? Pourquoi ne pas demander aux Français musulmans, comme à tout autre citoyen, de respecter la loi point final?
Toute dérive liée à l’extrémisme religieux, prêches et enseignements appelant à la haine, au racisme ou à la violence, tendant à l’emprise sectaire sur ses fidèles, ou à un prosélytisme portant atteinte à l’ordre public, tous ses phénomènes doivent pouvoir être appréciés et sanctionnés. Mais ils doivent l’être comme l’application locale d’un principe général de la République, et non comme relevant d’une logique spécifique, définie par avance comme « communautaire » et en particulier « musulmane ». L’Etat, en la matière, se fait le premier pourvoyeur du communautarisme!
Un concordat avec l’islam ne mènera point à la concorde. Vouloir éviter la terreur des djihadistes par le concordat ne mènera qu’à une chose: nous aurons toujours la terreur, mais nous aurons réussi au passage à tuer la laïcité.
Yann Boissière
Rabbin du MJLF (Mouvement Juif Libéral de France)
Président de l’association « les Voix de la Paix«
Comme le rappel si bien Salem ben Ammar : « Manuel Vals se prend pour Napoléon et confond les juifs avec ses musulmans. Il devrait réviser ses manuels d’histoire. Les juifs étaient discriminés et frappés du sceau de l’infamie et ne présentaient aucun danger pour la société française contrairement aux musulmans dans leur tendance radicale »…
Le même ajoute : « Comment compte-t-il s’y prendre pour contracter un accord avec l’islam lui-même mais de quel islam s’agit-il qui est loin d’être unitaire ? Quelle sera la place des chiites et des autres courants minoritaires musulmans dans son nouveau dispositif ? Qu’il ne compte pas sur les musulmans pour se mettre d’accord entre eux pour abandonner leurs querelles intestines mortifères qui durent depuis 1437 ans afin de satisfaire ses fantasmes délirants sur un islam de France ? »…
Ça n’empêchera pas les islamistes de prêcher dans les caves.
Les imams peuvent s’autoproclamer, ce qui veut dire qu’avec un peu de bagout on peut infiltrer les esprits, surtout que c’est les jeunes qui les intéressent.
Sans compter que le travail des salafistes et islamistes est de prendre le contrôle des mosquées qui pratiquent un islam apaisé.
La seule solution est de contrôler, mosquée par mosquée, les activités et la nature des prêches, et d’en écarter les brebis galeuses.Travail de renseignement…..