Pour la présidente de l’association « La Brigade des mères », le religieux a pris « toute la place » dans les quartiers en France.
INTERVIEW »Je voulais tirer la sonnette d’alarme ». Nadia Remadna est la présidente de « La Brigade des mères », une association qui lutte contre la radicalisation dans les quartiers et qui aide les parents à y faire face. « Tout le monde a une mère, et quelle qu’elle soit, on la respecte », assure-t-elle sur Europe 1 vendredi matin.
« Le religieux est partout ».
Dans sa ville de Sevran, en Seine-Saint-Denis, Nadia Remadna a vu au fil des années la radicalisation gagner du terrain. « Dans les quartiers malheureusement, le religieux a pris la place, il est partout », constate la mère de famille. « C’est le religieux qui emmène en vacances, c’est le religieux qui fait le CV… Et les élus font appel aux religieux dès qu’il y a un problème. Mais on ne fait jamais appel aux mères. Pourtant, elles sont les premières concernées », déplore-t-elle. Dans ce contexte, mère de famille se dit « très pessimiste ». « Les enfants de 13-14 ans qui arrivent, ce sont des bombes à retardement, parce qu’ils n’ont rien à côté ».
« Les 13-14 ans qui arrivent, ce sont des bombes… by Europe1fr
La difficulté d’alerter.
Selon elle, l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray « aurait pu être évité » si on avait écouté la famille d’Adel K., qui a alerté sur la radicalisation de son enfant. « Quand on alerte, on nous dit que le salafisme n’est pas un délit« , témoigne-t-elle. Nadia Remadna dénonce par ailleurs les dissimulations malhonnêtes de certains mentors radicaux. « Tout le monde sait que, sous couvert d’associations – par exemple des cours d’arabe – ce sont en fait des cours coraniques », atteste celle qui se considère comme « une lanceuse d’alerte ».
Des menaces contre ses enfants.
A cause de son combat contre la radicalisation dans les quartiers, Nadia Remadna est menacée au quotidien, tout comme ses enfants. Pour autant, elle ne bénéficie « d’aucune protection policière ». « J’ai dû arrêter de travailler, je n’ai plus de ressources, je n’ai pas le droit au RSA », raconte-t-elle.
Nadia Remadna est l’auteure de l’ouvrage Avant, on craignait que nos enfants tombent dans la délinquance. Maintenant on a peur qu’ils deviennent des terroristes. Comment j’ai sauvé mes enfants.