Le profil des cinq suspects proches du tueur de Nice

Le procureur antiterroriste français François Molins a fait, jeudi soir, le point de l’enquête sur l’auteur de l’attentat du 14 juillet à Nice et sur ses cinq complices présumés, mis en examen dans la soirée par la justice.

Selon le magistrat, le Tunisien Mohamed Lahouaiej Bouhlel «semble avoir envisagé et mûri son projet criminel plusieurs mois avant son passage à l’acte».

Le tueur, violent et instable

Des clichés retrouvés dans le téléphone du tueur, notamment de deux feux d’artifice de l’an dernier (le 14 juillet et le 15 août), pourraient accréditer la thèse d’un acte «mûri» depuis plusieurs mois, a indiqué le procureur. Le 1er janvier, Lahouaiej Bouhlel avait aussi pris en photo un article du quotidien Nice-Matin intitulé: «Il fonce volontairement sur la terrasse d’un restaurant».

Ce Tunisien de 31 ans, arrivé en France en 2005, a été décrit comme violent, instable, éloigné des préceptes de l’islam, «mangeant du porc, buvant de l’alcool, consommant de la drogue et ayant une vie sexuelle débridée», avait détaillé lundi le magistrat. L’homme, qui présentait un «intérêt certain» mais «récent» pour la mouvance islamiste radicale, avait loué le camion puis effectué des repérages sur la promenade des Anglais dans les jours ayant précédé le carnage.

Ramzi A. et les armes

Le Franco-Tunisien Ramzi A., 21 ans, condamné six fois entre avril 2013 et mai 2015 pour vols, violences et usage de stupéfiants, a été arrêté samedi. Il avait reçu un SMS du tueur quelques minutes avant le carnage, le félicitant pour le «pistolet» qu’il lui avait fourni la veille et évoquant la fourniture de «cinq» autres armes. Au cours d’une perquisition mercredi dans une cave d’un proche de Ramzi A., un fusil d’assaut Kalachnikov et un sac de munitions ont été trouvés. A ce stade, «on ne sait pas à quoi (le fusil d’assaut) était destiné», a indiqué François Molins. Plus de 2500 euros et 200 grammes de cocaïne ont aussi été saisis à son domicile. Lors de ses auditions, le jeune homme a désigné le fournisseur du pistolet comme étant un Albanais de 38 ans, Artan H., interpellé dimanche avec sa compagne.

Chokri C. dans le camion

Ce Tunisien au casier judiciaire vierge a été arrêté dimanche. Il est soupçonné d’être un des destinataires des cinq armes évoquées par le tueur dans le SMS. D’après des images de vidéosurveillance, Chokri C., 37 ans, était le 12 juillet sur la promenade des Anglais aux côtés de Lahouaiej Bouhlel dans le camion. Ses empreintes digitales ont été découvertes sur l’une des portières. Un message Facebook, envoyé le 4 avril par Chokri C. au tueur, intrigue: «Charge le camion, mets dedans 2000 tonnes de fer […] coupe-lui les freins mon ami et moi je regarde.»

Mohamed Oualid W. si proche

Ce Franco-Tunisien arrêté vendredi a eu de très nombreux contacts avec le tueur: 1278 appels depuis juillet 2015. Dans son portable, on a retrouvé des images du 15 juillet montrant qu’il a filmé la promenade des Anglais, alors que les secours y étaient encore, avant de se filmer lui-même. Des photographies de cet homme, jusqu’à présent inconnu de la justice, prises dans l’habitacle du camion les 11 et 13 juillet, ont été trouvées dans le téléphone du tueur. Mohamed Oualid W., 40 ans, qui était aussi régulièrement en contact avec Chokri C. (155 appels), avait adressé le 10 janvier 2015 un SMS à Lahouaiej Bouhlel évoquant l’attentat de la veille contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo.

Le couple albanais

Artan H., 38 ans et Enkeledja Z., 42 ans, couple d’Albanais en garde à vue depuis dimanche, est suspecté, avec Ramzi A., d’avoir participé à la fourniture du pistolet automatique 7.65 utilisé par le tueur pour tirer sur des policiers.

Source tdg