Les dirigeants européens s’intéressent aux technologies israéliennes susceptibles de les aider à repérer les » loups solitaires » sur les réseaux sociaux avant qu’ils ne commettent un attentat, a déclaré mardi Gilles de Kerchove, le coordinateur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme. La tuerie de Nice le soir du 14 juillet et l’attaque d’un train en Bavière lundi soir ont fait naître en Europe la crainte que des djihadistes, rapidement radicalisés, échappent aux services secrets. « Comment peut-on capter un signalement de quelqu’un qui n’a aucun contact avec une organisation, s’en est simplement inspiré et commence à exprimer un certain type d’allégeance ? Je ne sais pas. C’est un défi », a déclaré mardi à Reuters Gilles de Kerchove lors d’une conférence sur les services secrets à Tel Aviv. Il a ajouté que les entreprises du net ne peuvent contrôler tout le contenu à caractère djihadiste, trop important, contrairement à la pornographie pédophile, décelée automatiquement par leurs serveurs. Gilles de Kerchove a dit toutefois espérer trouver des solutions pour une meilleure surveillance automatisée des réseaux sociaux et compte s’inspirer d’Israël, « qui a développé un grand potentiel dans la cybersurveillance ».
SIGNALEMENT EN AMONT
Après s’être intéressés aux métadonnées, les services de sécurité israéliens surveillent désormais les réseaux sociaux afin de détecter une attaque en amont via les messages privés. Les autorités israéliennes n’ont pas dévoilé jusqu’où leur technologie pouvait aller mais des experts affirment que leurs méthodes permettent de signaler dans un premier lieu de potentielles attaques avant de recourir à une enquête plus approfondie. Haim Tomer, un ancien agent des services secrets du Mossad, avance que le système de surveillance israélien peut même détecter les « loups solitaires » à partir d’un message d’adieu sur Facebook. « Mais dans de tels cas, il y aurait une ‘alerte verte’ de bas niveau, ce qui signifie que la personne doit être inspectée de plus près, tandis qu’une ‘alerte rouge’ garantit une action instantanée », explique Haim Tomer. Contrairement aux lois israéliennes qui donnent une large marge de manoeuvre aux services secrets, Gilles de Kerchove aurait plus de difficultés à faire accepter des méthodes de cybersurveillance aussi intrusives en Europe. (Dan Williams, Laura Martin pour le service français)
L’Europe sera bientôt demandeuse de ces lois intrusives. Il y va de sa survie.