L’effet Aquatique raconte une drôle d’histoire : tombé sous le charme d’une maître nageuse un rien nerveuse, Samir prétexte de prendre des cours de natation pour faire sa connaissance. Il arrive un temps à cacher le fait qu’il sait parfaitement nager, jusqu’à ce qu’Agathe découvre la supercherie…
« L’Effet aquatique » est une sorte de suite officieuse de « Queen of Montreuil », découvert au Festival de Venise en 2012. Il s’agit d’une de ces comédies désenchantées et pourtant tellement positives sur le fond, dont avait le secret Solveig Anspach, réalisatrice française née de père américain et de mère islandaise, disparue récemment à l’âge de 54 ans. Moins intéressée cette fois-ci par la perdition personnelle dans un milieu étranger (c’était notamment le sujet du formidable « Stormy weather » où une Elodie Bouchez amoureuse s’égarait dans une Islande plongée dans la nuit), elle confronte ici deux personnages entre attraction et répulsion, à une culture différente lors d’un congrès international de maîtres nageurs organisé en Islande.
Toujours adepte d’un humour régulièrement décalé (Samir Guesmi qui se fait passer pour le délégué israélien des maîtres nageurs, l’improbable électrocution…), bardé de personnages foutraques aussi inquiétants qu’amusants (la maître nageuse nymphomane, les collègues mous du cerveau et pas nets…), le scénario nous emmène de surprise en surprise, tout en développant fond romantique, nostalgie et une certaine poésie. Car dans les films de Solveig Anspach, derrière le choc culturel (les schémas dans les douches expliquant où se laver…), il est toujours aussi question de trajectoire personnelle et de souffrance dans le rapport humain et particulièrement amoureux.
Si « L’Effet aquatique » touche autant, c’est que le film dénonce l’apparence innocente du mensonge et met en évidence la fragilité du début des vraies relations. Entre fuite blessée et persistance dans la reconquête, malgré le potentiel ridicule, la réalisatrice laisse libre cours aux interactions d’un duo savamment composé d’un Samir Guesmi lunaire et d’une Florence Loiret-Caille à la fois fuyante et à fleur de peau. Émotion véritable, comique de situation, dialogues naturels et ciselés, « L’Effet aquatique », prix de la SACD à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes 2016, fait son petit effet, sans jamais prendre l’eau.
Poster un Commentaire