Attentats: les Français « n’ont pas montré de solidarité avec la communauté juive »

Le futur président du Crif qui prend ses fonctions le 1er juillet prochain a estimé lors d’une conférence de presse à Nancy (Meurthe-et-Moselle) lundi que les Français «n’ont pas montré de solidarité avec la communauté juive» frappée en 2012 à Toulouse et en 2015 à l’Hyper Cacher. cukierman kalifat

Roger Cukierman, actuel président du CRIF, et Francis Kalifat, son successeur élu le 29 mai dernier étaient reçus lundi après-midi par Laurent Hénart, maire (UDI) de Nancy. Un tour de France des représentants de la communauté juive qui s’organise dans un contexte particulier après les attentats de 2015 et le menace qui pèse toujours cette année. Outre les lieux sensibles – de culte ou non, la communauté juive et ses représentants sont particulièrement menacés par les profils radicalisés. «Nous avons une quinzaine de délégations régionales et dans la plupart des villes on peut vivre sa judaïcité normalement» selon M. Cukierman. Mais, «dans certains faubourgs de Paris ou de Marseille, une forte menace pèse sur toute la communauté» regrette celui qui va passer la main à Francis Kalifat.

Le Crif, qui organise chaque année un dîner très attendu où le chef de l’Etat prononce un discours, «n’est pas une organisation religieuse» assure son président. «Nous défendons la présence des juifs en France de manière politique. Au sein du Crif, il y a des associations religieuses et non religieuses» poursuit-il. «Les Français juifs ont vécu une période difficile. Cette période a été vécue dans l’indifférence générale de nos autres compatriotes» dénonce Francis Kalifat. Pour lui, «aucun Français n’est descendu dans les rues» lors de l’attentat de Toulouse en 2012 perpétré par Mohamed Merrah. «Alors que des enfants juifs ont été abattus à bout portant». «Aucun juif ne peut aujourd’hui imaginer que la marche du 11 janvier 2015 a pu être un élan de solidarité pour la communauté juive après l’attaque de l’Hyper Cacher. Il y a eu un vrai geste pour la liberté de la presse après l’attaque de Charlie Hebdo» poursuit celui qui prendra ses fonctions le 1er juillet. Selon lui les attentats du 13 novembre ont changé la donne, montrant «que tout le monde peut être visé».

Moins de départs de Français juifs vers Israël

Heureusement, le Crif a pu constater un repli du départ des juifs Français vers Israël. Après les attentats de janvier 2015, de nombreux Français de confession juive ont en effet décidé de quitter le pays, s’estimant en danger en France. «Durant le premier trimestre 2016, il y a une baisse des départs des juifs» note Francis Kalifat. Pour M. M Kalifat et Cukierman l’Etat a fait le job sur la sécurisation des lieux de culte et de vie fréquentés par la communauté juive. «Aujourd’hui, il n’est pas impossible de vivre en tant que juif en France même s’il y a des difficultés».

Les deux représentants de la communauté juive ont également dénoncé la montée en puissance des mouvements antisionistes qui critiquent la politique du gouvernement d’Israël. «L’antisionisme est devenu le nouvel habit de l’antisémitisme» regrettent les deux hommes qui sont d’accord avec Manuel Valls qui a eu des propos similaires il y a plusieurs mois. Selon le Crif, le dialogue est impossible avec l’extrême gauche et le Front national de Marine Le Pen. Même si Roger Cukierman «n’a rien à reprocher à titre personnel à Mme Le Pen, le FN est toujours ce qu’il est. Il y a des négationnistes, des pétainistes, des racistes, des antisémites…» listent les deux dirigeants. «Il y a certainement des gens bien au FN mais la base est toujours celle que l’on connaît» assure M. Cukierman. Depuis sa prise de pouvoir au FN, Mme Le Pen s’efforce de faire des gestes vers la communauté juive et tente de créer des liens politiques en Israël mais paie toujours très cher les provocations de son père et de certains cadres ultras du parti.

Le maire de Nancy Laurent Hénart a répété que dans sa ville la communauté juive est parfaitement intégrée. Environ 800 familles juives vivent dans la cité ducale soit environ 1 500 à 2 000 personnes. «Une place des Justes sera bientôt inaugurée dans le futur quartier Nancy Grand Cœur» a tenu a rappelé le maire de la ville.

Source loractu

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3 Comments

  1. Si les juifs quittent la France ils font exactement le jeu des antisémites. Les juifs doivent resister c’est à dire rester en France qui est leur pays.
    B.A.

    • La question n’est pas aussi simple, aussi bipolaire que vous la présentez. Il n’est pas question simplement de quitter la France ou non.
      Pour un juif français, il y a bien d’autres facteurs qui interviennent, ce qui veut dire que l’équation n’est pas du 1er degré, loin s’en faut.
      Certes, il y a l’insécurité. Une insécurité qui évolue très rapidement et qui ne se cantonne pas qu’aux affaires de Toulouse et Vincennes. Il y a une communauté arabe qui fait sa loi sur des espaces de plus en plus étendus, avec des débats de foulards, de niqab, de burkini qu’on n’aurait même pas imaginés il y a une décennie, alors qu’il y a malaise croissant pour le port de la Kippa. Une presse de plus en plus orientée par des « journalistes » comme Lea Salame, Caron, Pujadas et dont leur hiérarchie laisse les mains libres. Il y a la gauche, aux abois, qui courtise les voix arabes qui lui sont accessibles et qui suit pour cela des voies qui l’écarte de ses idéaux.
      D’autre part, il y a une aspiration sioniste de plus en plus forte. Cette aspiration peut répondre à un sentiment nationaliste apparenté à celui de Theodore Hertzel, ou alors à un sentiment religieux apparenté au retour vers la terre promise, une téchouva : une terre, un peuple, son Dieu. La trinité à la juive!
      Et comment, pour un jeune juif, ne pas être séduit par un pays où l’innovation est reine, le chômage bas, la vie plus intense même si on travaille 6 jours sur 7, si on donne du temps à l’armée, si tous les 10 ans, il faut prendre les armes, seul face à l’adversité avec l’ONU et l’UNESCO, le BDS, le HAMAS, le Hesbollah qui sont arroses de pétrodollars.

    • Et une autre problématique se pose. Si au niveau de la maternelle, la structure de l’Education Nationale reste acceptable, à partir de la primaire, l’environnement met les parents devant le choix de l’éducation. L’école juive et privée permet pour beaucoup d’échapper à une école publique de plus en plus rasciste et au niveau devenu décevant.
      Le dilemme est fort, car si l’E.N. ne répond plus aux aspirations des parents, l’école privée et payante peut être inaccessible à certains et a la particularité d’offrir une éducation juive qui bouscule parfois la vie familiale, et qui donne une éducation très intense mais superficielle, puisque si certaines prières sont enseignées très tôt et qu’elles peuvent combler de joie les parents devant les résultats apparents, les enseignants ne sont pas pressés d’expliquer les textes rabâchés.
      L’hébreu est trop peu consideré. Pour exemple, le « birkat a mazon  » qui loue le Tout Puissant du repas qu’Il nous a permis de partager, est dit à une vitesse record, mais les enfants n’en comprennent pas le texte.

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