Par JANE EISNER, rédactrice en chef du « FORWARD – Traduit et adapté par Victor Kuperminc
Sheldon Adelson, d’origine juive ukrainienne, un milliardaire américain, promoteur immobilier, propriétaire de plusieurs casinos, est une des personnes les plus riches des Etats-Unis. Proche de Nethanyaou , il possède « Israël Hayom » un des quotidiens les plus lus d’Israël.
Après que Sheldon Adelson ait engagé sa considérable fortune pour le soutien de Donald Trump, comment la communauté juive doit-elle réagir ?
Question stupide, direz-vous. Pourquoi la communauté aurait-elle une réponse à cette question ? Adelson est libre de disposer de son argent comme bon lui semble. Il dépensa 90 millions de dollars dans le but de déstabiliser Obama, en vain. Maintenant, il a l’intention d’investir davantage – on parle de plus de 100 millions . Et alors ? C’est cela l’Amérique, aujourd’hui.
Mais, il y a Trump ; un candidat d’un grand parti, comme on n’en a jamais vu. Ses idées, à propos de points essentiels, ne sont pas seulement non orthodoxes. Elles violent profondément les valeurs américaines, qui se trouvent être également les valeurs juives. Son discours n’est pas seulement grossier et incendiaire ; il est aussi fanatique et insultant.
Et, peut-être, le plus dérangeant dans ce contexte c’est son refus de s’éloigner de ses supporteurs antisémites ; ce qui devrait suffire pour le délégitimer aux yeux de la communauté juive.
Adelson a écrit, le 13 ami, dans le Washington Post : « J’adhère à la candidature de Trump à l’élection présidentielle Et je recommande fortement à mes amis Républicains, spécialement aux élus, responsables politiques et soutiens financiers, à faire de même. »
Aucune mention de la politique raciste de Trump, et sa rhétorique fanatique et antisémite. Trump est un financier qui a réussi, et – surtout – il n’est pas Hillary Clinton. Cela suffit pour Adelson.
Le problème, c’est qu’Adelson n’est pas seulement un autre milliardaire qui joue à la politique. Il est, comme le signalait le « Forward » en 2014, un philanthrope juif différent des autres. Son épouse Miriam et lui financent de nombreuses causes : éducation, recherche médicale, et, bien sur, Israël. Les écoles, les centre de recherche et les musées devraient-ils refuser l’argent d’Adeslson ? Cette générosité est-elle polluée par les opinons de Trump , et, sinon, où la ligne de partage devrait-elle être tracée ?
Nous vivons dans un monde où nos valeurs s’expriment à travers le commerce. Ce que nous achetons ou non; où nous investissons ou pas; ce que nous supportons et là où nous nous abstenons par le boycott et les sanctions.
De grandes compagnies, comme Apple, Google et Wal Mart, se sont posé la question de continuer, ou bien de faire marche arrière dans leur soutien, lors de la Convention Nationale des républicains, en juillet dernier, au moment où Trump devenait le candidat du Parti.
Coca Cola, (sans parler des deux anciens présidents Républicains) également réduisit fortement sa participation, sans dire pourquoi. Une pétition dans ce sens circule, arguant que soutenir Trump c’est comme « adhérer à sa rhétorique de haine et de racisme ». Adelson agit en sens inverse, non seulement en soutenant le candidat controversé, mais aussi en pressant d’autres à suivre son exemple.
Comment pouvons-nous exprimer notre désaccord ? Il serait mal venu et défaitiste de conseiller à une école juive, ou un centre de recherches, de renvoyer les millions d’Adelson. Mais nous pouvons faire plus que de constater la profanation des valeurs auxquelles nous croyons. D’abord, nous devons le faire savoir. C’est facile à faire dans les milieux juifs libéraux, mais pas forcément très efficace. Je pourrais jurer de n’accepter aucun don d’Adelson. Ce qui ne signifie pas grand chose, dans la mesure où je n’ai reçu aucune offre !
Nous pouvons isoler les riches donateurs qui, comme Adelson, jouent un important rôle en soutenant Trump. Je pense que le meilleur moyen de porter ce message, c’est de convaincre les milieux juifs républicains de résister aux appels d’Adelson de légitimer des idées aussi nauséabondes.
Chacun de nous, dans la mesure de nos moyens, devrions dénoncer la stupéfiante hypocrisie en cours. Comment un philanthrope, parmi les plus fortunés, peut-il piétiner les valeurs juives avec une telle impunité ?
VICTOR KUPERMINC
M. Kuperminc, Mme Eisner, voudriez-vous nous donner des exemples de ces idées « nauséabondes » ? de cette « rhétorique antisémite de haine et de racisme » ?
J’ai écouté Trump dans une interview de près d’une heure sous-titrée en français, et je n’y ai rien entendu qui ressemble à vos accusations floues.
Rien du tout.
Bizarre…