L’une de ses œuvres comportant le mot « rabbin » fait partie des documents régulièrement vandalisés à la médiathèque de Lannion, dans les Côtes-d’Armor.
Certaines œuvres sont parfois les cibles de la plus abjecte idéologie. C’est ainsi qu’on pourrait résumer les dégradations récurrentes qui sont constatées dans quelques médiathèques, en particulier celle de Lannion, en Bretagne. Nos confrères de Ouest-France, rapportent que l’établissement fait face depuis un an à des actes racistes et antisémites. Les bibliothécaires se sont notamment émus des dégâts occasionnés sur des livres et des DVD dans le rayon consacré à la Seconde Guerre mondiale, et traitant en particulier de la Shoah et la Résistance. A cela s’ajoute d’autres genres de faits, comme des inscriptions nauséabondes qui souillent les toilettes chaque semaine. Dernière provocation en date ? « Le Chat du rabbin », l’adaptation de BD la plus connue de Joann Sfar. Le disque a été poinçonné avec virulence. « C’est profondément choquant », a d’ailleurs déclaré une bibliothécaire.
« Enseigner la seconde guerre devient périlleux »
Le plus prolifique des auteurs de BD, qui se trouve une nouvelle activité dans le roman, n’est pas resté sans mot dire. Joann Sfar a en effet décidé d’exprimer sa profonde lassitude dans deux longs messages publiés ce dimanche 19 juin sur son compte Facebook, sur un ton à la fois éloquent et précis. « On m’a élevé avec des phrases du genre « ils commencent par brûler des livres et après ils s’en prennent aux hommes »», fait d’abord remarquer l’intéressé, qui établit ensuite le pont avec la terrible attentat de Toulouse : « Depuis Mohamed Merah, le coup d’envoi du grand massacre d’hommes et de femmes a démarré en France ». Il poursuit : « Dans ce monde là, où chaque semaine annonce une nouvelle tuerie, la première pensée qui me vient, c’est ‘ »en plus on défonce des livres ». Pardon pour mon apathie. J’arrive face à vous après quinze ans d’interventions en ZEP durant lesquelles j’ai vu comme enseigner la deuxième guerre mondiale devenait un acte périlleux. Vraiment, au point où on en est, je devrais ne même pas être ému, de découvrir que mes livres qui ne parlent que de vivre ensemble et de rapprochement entre les hommes sont l’objet de déprédations ».
« Ça, chez nous, c’est pas possible »
Joann Sfar rappelle en outre qu’il a pris l’habitude de faire face à la censure des œuvres liées au judaïsme, en témoignent les nombreuses tentatives infructueuses pour vendre « Le Chat du rabbin » dans des pays étrangers. Il précise être certain que des habitants de ces « nombreux territoires » sont pourtant prêts à acheter ses œuvres. Sommé par quelques internautes de préciser les territoires en question, Joann Sfar a alors rédigé un second message dans lequel il déclare : « Le film du chat du rabbin n’a été vendu dans aucun pays musulman. Et ce n’est la faute ni des acheteurs ni du public. C’est de la faute de la politique imposée à ces acheteurs. Parmi les gens que j’ai croisés, qu’ils viennent du Maghreb ou du Golfe, je n’ai croisé aucun antisémite ! Je n’ai vu que des gens qui connaissaient mon travail et qui l’appréciaient. Et qui savaient très bien que dans leurs pays respectifs il y a énormément de lecteurs du chat du rabbin. Mais le film, c’était trop. C’était vraiment une évidence qu’on me disait avec un sourire poli « ça, chez nous, c’est pas possible ». »
« La haine des juifs est un sujet de convergence absolu »
Concernant les dégradations à Lannion, il assure dans son message initial : « Pardonnez-moi, je ne parviens même pas à jouer la révolte quand j’apprends par Ouest France que même dans un coin paisible comme Lannion mes bouquins ou films se font défoncer parce qu’il y a « rabbin » dans le titre. Ca ne me blesse pas, parce que ça fait plus de vingt ans que ça dure. Finalement, je devrais être heureux que pour la première fois un journal en parle. La haine des juifs est un sujet de convergence absolu entre les fanatiques de bords opposés. Je le redis. Les juifs sont un baromètre : quand on commence à cogner dessus, c’est que les libertés ne sont plus là pour longtemps ». Un coup de gueule avalisé par plus de 5 000 personnes et qui a entraîné pratiquement 2 400 partages sur le réseau social.
Le vandalisme sur les livres et la difficulté d’enseigner la 2ème guerre mondiale avec la particularité de la Soah révèlent en fait une forme de terreur qui sévit dans les bibliothèques, les écoles, les universités, l’UNESCO, l’ONU et dans bien d’autres institutions.
Dire qu’il y a une terreur ambiante désignerait mieux le mal.
Tant qu’on acceptera, en France, des « salons de la femme musulmane », où en fait, on enseigne aux hommes le code chariatique du comportement avec les femmes, dont la sienne, on n’a pas fini de voir cette terreur s’installer et s’amplifier.
Le probleme vient du fait, non pas qu’on admette une societe multi communautaires, mais qu’on se résigne à une islamisation de la France. Reste encore qu’on ne tombe pas dans l’islamisme.