Daesh se renforce en Libye et Israël entraîne les forces camerounaises. Une armée en repli qui n’a plus rien à perdre.
Les yeux sont rivés sur le Moyen Orient où Daesh essuie des revers importants en Irak et en Syrie suite aux frappes et à l’avancée des troupes des différentes coalitions.
Certes, les combattants de l’autoproclamé Etat islamique ne constituent pas une armée stricto sensu, mais ils possèdent des armes de combat, des armes anti-aériennes et anti-chars et des tanks qui n’ont rien à envier à plus d’une armée régulière.
Il aura fallu une coalition, ou plutôt des coalitions de pays pour le moins hétérogènes dans leur implication, les moyens mis en œuvre, les visées politico-stratégiques, et mener d’âpres combats pour que Daesh perde du terrain principalement aux abords de leurs fiefs de Falloujah en Irak et de Raqqa en Syrie.
Les Forces Démocratiques Syriennes (FDS), soutenues par des forces spéciales américaines, et une coalition kurdo-arabe, a pris le contrôle de la dernière route principale qui relie Raqqa à la ville de Jerablus, à la frontière syro-turque.
Cela signifie que Daech n’a plus accès par une voie goudronnée à la Turquie, ce qui l’empêche de faire transiter des hommes, des armes et des marchandises.
En Irak, l’armée irakienne et des milices chiites ont pris d’assaut la ville de Falloujah.
Des fanatisés prêts au martyr
On sait que les populations sont utilisées comme boucliers humains, voire massacrées par Daesh lors de son repli et que des charniers sont découverts, sans compter la destruction de monuments millénaires inscrits au patrimoine de l’humanité.
Comparaison n’est pas raison, mais la configuration me rappelle le repli pitoyable, monstrueux et vengeur de l’armée allemande, et tout particulièrement des divisions SS Das Reich ou autre Totenkopf, qui n’ayant plus rien à perdre ont perpétré des massacres dans leur marche arrière vers l’Allemagne.
Daesh compte dans ses rangs les mêmes fanatisés, décérébrés, aux tendances mortifères et prêts au grand sacrifice.
La différence est que les combattants de Daesh ne sont pas issus d’un seul pays, ils proviennent de multiples pays où ils ne peuvent revenir faute d’y être les bienvenus.
Les experts américains du Combating Terrorism Center de l’Académie militaire de West Point qui ont épluché des documents qui avaient fuité, ont dénombré pas moins de 70 nationalités dans les rangs de Daesh, avec le niveau d’éducation et les possibles recrues kamikazes.
La plupart des combattants sont de nationalité saoudienne, puis viennent les tunisiens, les marocains, les turcs, les égyptiens, les russes, les chinois, les syriens, les azerbaïdjanais, les libyens, les indonésiens, les uzbeks, tadjiks, les jordaniens, les français, les kirghizes, les albanais, les algériens et les allemands.
Parallèlement les défections se multiplient, principalement au sein des volontaires occidentaux qui subissent les raids aériens incessants de dizaines de chasseurs-bombardiers, la déception face à la réalité idéalisée, la corruption des dirigeants locaux et les exactions envers d’autres musulmans.
La désertion, si elle est déjouée, est punie de mort pour traîtrise.
Le djihad aux portes de l’Europe
Fait gravissime, ainsi que je l’ai redouté et écrit, une partie des combattants se sont déplacés vers la Libye, à quelques centaines de kilomètres de l’Europe.
Selon moi, il aurait fallu anticiper ce repli précisément en les contrant aux portes de la Libye.
En stratégie militaire, c’est ouvrir un deuxième front pour asphyxier l’adversaire et le prendre en tenaille.
Manquent les décisions cohérentes, les alliances convergentes et les moyens.
Le nombre de combattants de l’Etat islamique en Libye a presque doublé en une année pour constituer à présent une force entre 4.000 et 6.000 combattants a indiqué le général David Rodriguez, chef du Commandement de l’Armée américaine pour l’Afrique (AFRICOM).
Quant à la Turquie d’Erdogan, elle est prise au piège de son ambiguïté à l’égard de Daesh, et à son double jeu qui consistait à faciliter le passage des islamistes et à négocier l’aide européenne pour l’accueil des réfugiés.
Sous la pression américaine et face à son isolement diplomatique, Erdogan a dû se résoudre à bombarder des positions en Syrie, profitant de l’occasion pour cibler les kurdes dont il refuse la volonté de la création d’un Kurdistan indépendant.
Cela dit, Damas voit aussi d’un mauvais œil l’offensive kurde sur son territoire, de plus avec le soutien des américains.
Le terrorisme africain oublié
Les récents attentats terroristes à Bamako au Mali, à Ouagadougou au Burkina Faso ou en Côte d’Ivoire viennent nous rappeler la triste réalité du terrorisme en Afrique, qui s’est développé dans la bande sahélo soudanaise du Nigeria à la Somalie, en passant par le Mali, le nord du Cameroun, le Niger, le Tchad et précisément la Libye.
Qu’il s’agisse du terrorisme de Boko Haram, qui a fait allégeance à Daesh, de celui d’Al Quaïda au Maghreb Islamique et d’al-Mourabitoune, ou de celui des shebab, l’Afrique est non seulement meurtrie par des attentats sanglants, mais aussi gangrenée par la concurrence entre les groupes terroristes qui se disputent le contrôle du trafic de ressources pétrolifères, de drogue, de cigarettes, d’ivoire, voire d’êtres humains.
Des milliards à la clé !
Israël entraîne les camerounais du BIR
Le BIR est l’acronyme de Bataillon d’Intervention Rapide.
En 2010, Maher Herez, ancien colonel à la retraite de l’armée israélienne, a succédé à Avi Abraham Sirvan, lui aussi colonel retraité, décédé dans un accident d’hélicoptère.
Rattaché directement à la présidence de la République, le BIR va devenir peu à peu l’atout stratégique majeur de la défense camerounaise.
Maher Herez, est le conseiller du président camerounais Paul Biya, et le patron du BIR, une force composée de plus de 5 000 hommes, la mieux équipée et la mieux entraînée du pays.
Il est chargé des questions de sécurité et assure la protection du président camerounais.
Il bénéficie d’un accès direct au président et des fonds spéciaux lui sont alloués.
Les excellents résultats de cette unité lui ont valu d’être déployée sur plusieurs opérations, entre autres empêcher les infiltrations du groupe terroriste Boko Haram et surveiller la frontière nord avec le Nigeria.
Maher Herez a aussi la haute main sur la garde présidentielle, un corps de 2 000 hommes chargés de la protection des résidences et de la sécurisation des itinéraires présidentiels.
Les vases communicants
Les revers de Daesh le contraignent à se déplacer en Libye et à reprendre un terrorisme « classique » contre des états, particulièrement les plus vulnérables.
Si nous voulons abattre l’islamisme radical et terroriste, nous ne pourrons faire fi de l’Afrique.
Pascale Davidovicz
Sources : rtl.fr – terredisrael.com – jeuneafrique.com – regardsurlafrique.com – lalibre.be
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