Coutras (33) : Les Laumier, reconnus Justes parmi les nations
La nouvelle, venue de Jérusalem, est tombée la semaine dernière. André et Hortense Laumier, anciens habitants de la Couperie à Coutras, recevront bien, à titre posthume, la plus haute distinction honorifique de l’État d’Israël donnée à des civils. Le couple, qui avait permis de sauver trois enfants juifs durant la Seconde Guerre mondiale, sera donc fait « Juste parmi les nations ».
Une récompense, particulièrement pour les désormais vieux enfants de la famille Kalisz qui avaient été recueillis chez les époux girondins de 1942 à 1944 et qui, depuis quelques mois, se battaient pour que l’action des Laumier soit mise en lumière.
« Papa », « maman »
En juillet dernier, Lucien et Denise Kalisz, rescapés de la Shoah, étaient venus raconter leur histoire aux élèves de l’école primaire d’Abzac. Une histoire forcément poignante. En fin d’année 1942, fuyant la déportation, Lucien n’a que 2 ans, Denise 5 et Paulette 8, lorsqu’ils sont confiés par leur mère aux Laumier, le cantonnier de la Couperie et sa compagne, chez qui une partie de la fratrie avait déjà passé des vacances durant l’été 1939.
« Mes sœurs et moi, nous restâmes chez eux, à la Couperie, jusqu’à la Libération, raconte Lucien, aujourd’hui 76 ans. Ils nous protégèrent en nous faisant passer pour leurs neveu et nièces bien que nous les appelions papa et maman (…) C’étaient des personnes discrètes et modestes avec de fortes convictions humanistes et ils nous donnèrent sans compter beaucoup d’amour. »
Inscrits au mur d’honneur
« Les autres habitants du hameau, qui se doutaient de nos origines, ne nous manifestèrent jamais d’hostilité et se gardèrent de dénoncer nos bienfaiteurs aux autorités de cette triste époque », retient également Lucien Kalisz. Les Laumier, chez qui Lucien et Denise sont retournés à plusieurs reprises durant leur enfance car très attachés, sont ensuite partis de Gironde pour gagner le Nord, près de la frontière belge. André y est mort en 1950 percuté par un camion, Hortense est décédée en juillet 2001 à l’âge de 94 ans.
Aujourd’hui, Lucien Kalisz se dit très heureux de la reconnaissance accordée aux époux Laumier. « Maintenant, Yad Vashem (mémorial pour victimes juives de la Shoah, NDLR) nous demande de retrouver des descendants, de manière à organiser une cérémonie et une remise de médailles », explique celui qui doit se rendre en Charente cette semaine pour retrouver leur trace.
Dans le courrier qui a été adressé à Lucien et Denise il y a quelques jours seulement, il est précisé que les noms d’André et d’Hortense Laumier seront inscrits sur le Mur d’honneur du Jardin des Justes de Yad Vashem, se trouvant dans la forêt de Jérusalem, sur le versant ouest du mont Herzl, au printemps ou à l’été 2017.
L’histoire des Kalisz est comparable à celle de nombreuses familles juives françaises durant la Seconde Guerre mondiale. Une famille qui a été profondément déchirée et meurtrie. Des six enfants (trois nés en Pologne et trois à Paris), deux ont connu la terreur des camps : Berthe a été internée à Drancy et Fernand fut prisonnier à Buchenwald. « Il a mis plus de vingt ans avant de raconter ce qu’il a vécu là-bas », expliquait l’été dernier, à de jeunes élèves d’Abzac, son plus jeune frère Lucien.
Abel et Valentine Dulong Justes parmi les Justes : une émouvante cérémonie
Cérémonie émouvante récemment. Deux familles réunies et mises à l’honneur : Nadine Arasse qui a reçu la médaille des Justes parmi les nations pour ses parents Abel et Valentine, et la dernière survivante de la famille Loebl cachée pendant la dernière guerre. Un bel acte d’héroïsme qui a été salué à la salle des fêtes de Sainte-Colombe-en-Bruilhois par Jean-Marc Colin, 1er adjoint de la commune, qui accueillait pour l’occasion Anita Marar, consul d’Israël ; Michel Alitenssi, délégué du Comité français de Yad Vashem ; Jacques Ranchère, secrétaire général de la préfecture ; Françoise Laurent, conseillère départementale, et tous les représentants des familles.
La médaille des Justes parmi les nations a été décernée à titre posthume à Abel et Valentine Dulong, représentés par leur fille Nadine Arasse, leurs petits-enfants, arrière-petits-enfants et arrière-arrière-petits-enfants. Le titre de Juste parmi les Justes de la nation est la plus haute distinction civile de l’Etat d’Israël. Le patronyme des époux Dulong sera ainsi gravé sur le mur des Justes à Jérusalem pour avoir hébergé et sauvé la famille Loebl.
Cette cérémonie à laquelle assistaient également de nombreux membres du conseil municipal, a été rendue très émouvante par tous les témoignages des représentants de la famille. Elle s’est terminée par un poème lu par les enfants des écoles et la célébration des hymnes. Un buffet offert par la municipalité a permis à tous d’évoquer les nombreux souvenirs et de prolonger ces moments agréables des retrouvailles.
L’AMEJD 11(Association pour la Mémoire des Enfants Déportés du 11ème arrondissement de Paris) étudie le parcours de la famille Kalisz qui habitait cet arrondissement et recherche des données complèmentaires sur le sauvetage des 2 ainés et de leur mère .Est-il possible d’avoir les coordonnées de Denise ou de Lucien
Chère Odette, l’article étant de 2016 et repris sur La Dépêche, TJ n’a hélas pas de coordonnées. Sans doute en vous adressant à La Dépêche? Bien cordialement. TJ