« Ils ont le droit de revenir » est une campagne Facebook destinée à relancer le dossier des Libanais qui avaient fui en mai 2000 vers Israël.
Il y a seize ans, l’armée israélienne quittait le Liban-Sud, mettant un terme à 22 ans d’occupation. Depuis seize ans, le Hezbollah et le Liban célèbrent cette libération.
Il y a seize ans, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, tous libanais, ont choisi l’exil : ils avaient choisi de partir de l’autre côté de la frontière, en Israël, par peur des représailles. C’est que, coupés du reste du Liban durant 22 ans, livrés à eux-mêmes, ils avaient travaillé en Israël ou occupé des postes dans l’Armée du Liban-Sud, une milice libanaise qui avait prêté allégeance à l’État hébreu. Ceux qui étaient restés au Liban ont été emprisonnés et torturés pour avoir traité avec l’ennemi.
En seize ans, plusieurs centaines d’entre eux sont rentrés au Liban, ils ont été incarcérés et ont été privés de leurs droits civiques, même après leur libération. Plusieurs autres centaines ont quitté le Moyen-Orient à partir d’Israël, pour trouver un asile politique au Canada, en Australie ou en Suède. Et il y a encore plusieurs centaines, plus de 500 originaires des quatre villages exclusivement chrétiens de Bint-Jbeil, à savoir Debl, Aïn Ebel, Rmeich et Kawzah, qui attendent en Israël pour rentrer au bercail, probablement en vain…
Depuis trois ans, des jeunes de Aïn Ebel marquent le 25 mai, un jour férié au Liban, en organisant une messe à l’intention des enfants du Liban-Sud qui vivent en Israël et qui rêvent de rentrer chez eux.
« Cette année, nous avons été pris par les élections municipales. Nous n’avons pas eu le temps de préparer la messe, les discours et les invitations. Généralement, les habitants de Rmeich et de Debel se joignent à nous à cette occasion », raconte Bachir Diab à L’Orient-Le Jour. « Cette année donc, nous avons remplacé l’office religieux par deux initiatives. Nous avons allumé des bougies dans tout le village et nous avons créé un hashtag sur Facebook : #Ils ont le droit de revenir. Nous avons posté des vidéos et des photos du village à leur intention. Et nous avons reçu des centaines de like », note Bachir Diab, l’un des hommes qui mènent la campagne à Aïn Ebel.
« Je n’ai pas de la famille de l’autre côté de la frontière. Mais ce sont les gens de mon village. Il ne faut pas les oublier. Il relève de leur droit de revenir. Le chef des Kataëb, Sami Gemayel, avait présenté un projet de loi au Parlement proposant leur retour ; le chef du CPL Michel Aoun en avait fait de même. Mais ces deux projets n’ont pas abouti. Ils n’ont même pas été discutés », déplore-t-il.
Mariées à des Arabes israéliens
« Cela fait seize ans qu’ils ne sont pas là-bas. Certains se sont mariés entre eux. D’autres ont eu des enfants, certains sont morts en Israël. Il y a aussi des filles qui s’étaient mariées à des Arabes israéliens, de chrétiens de la Galilée, avant l’an 2000, et qui ne peuvent plus revenir au village pour voir leurs parents », ajoute-t-il.
En réponse à une question, Bachir Diab explique que « ceux qui sont de l’autre côté appartiennent à diverses communautés religieuses du pays. Il y a des chiites, des druzes et des chrétiens, mais ce sont les chrétiens uniquement qui parlent du problème ».
Dans le village voisin de Rmeich, exclusivement maronite, Chirine, qui soutient également la campagne du hashtag #Ils ont le droit de revenir et qui a été jointe au téléphone par L’Orient-Le Jour, raconte : « J’ai une cousine là-bas. Elle s’était mariée avant l’an 2000 à un chrétien arabe, né de l’autre côté de la frontière. À cette époque, la frontière entre les deux pays était encore ouverte. Ma tante, qui habite Rmeich, attend depuis des années le retour de sa fille. Quand elle va à la frontière, elle peut voir sa maison sans jamais pouvoir être proche d’elle. Jusqu’à quand cette souffrance se poursuivra-t-elle ? »
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