La start-up israélienne boucle une levée de 100 millions de dollars à laquelle devrait participer la SNCF. Forte de son succès à New York, Via affiche des ambitions mondiales pour sa solution technologique.
Depuis son bureau perché au 28e étage d’une tour de Tel-Aviv, Oren Shoval dispose d’une vue panoramique sur… les embouteillages qui paralysent la capitale économique israélienne. Une vision qui ne fait que renforcer dans ses convictions le cofondateur de Via. « Notre ambition est de révolutionner les transports en commun », affirme tranquillement ce responsable, en charge de la technologie de cette start-up spécialisée en mobilité urbaine, mais dont l’expertise va au-delà d’un simple service de covoiturage. Créée en 2012, la jeune pousse qui a installé son siège à New York, piloté par l’autre cofondateur Daniel Ramot, tandis que son centre de R&D se situe à Tel-Aviv, fait partie des concepts les plus prometteurs du moment dans le domaine du transport collaboratif. De ceux qui attisent l’appétit des investisseurs en tout cas. Moins de deux ans et demi après le lancement de son service à Manhattan et Chicago, qui permet à 25.000 passagers au quotidien de partager leur trajet avec d’autres, la société vient d’annoncer un nouveau tour de table en série C de 100 millions de dollars.
La SNCF, via Keolis, rejoindrait le tour de table
Après avoir sécurisé un financement de 70 millions, elle doit boucler les 30 millions restants dans les semaines à venir. Pour ce faire, Via serait en discussion avancée avec Keolis, confirme un acteur majeur du capital-risque israélien. Début 2015, la filiale de la SNCF avait déjà investi dans le GPS des transports en commun Moovit, né lui aussi en Israël. Mené par le fonds Pitango Growth, C4 Ventures, Poalim Capital Market, le tour de financement auquel ont participé Ervington Investments (contrôlé par l’oligarque par Roman Abramovitch) ou 83North doit porter le total des investissements dans Via à 137 millions de dollars depuis sa création.
Basé sur un algorithme
A l’origine de cet engouement, le succès de l’app de « ride sharing » à New York. « Nous nous sommes d’emblée attaqués à la ville la plus exigeante et la plus concurrentielle en matière de transport et le bouche à oreille a fonctionné », pointe Oren Shoval. A Manhattan, la société qui transporte jusqu’à six passagers par véhicule (de type SUV) propose des courses facturées 5 dollars ; soit un prix largement inférieur à celui des services de « car pooling » proposés par Uber ou Lyft. Et promet un temps d’attente de moins de 10 minutes. « Nous sommes partis du concept israélien de taxi collectif – appelé « monit sherut », connu ailleurs sous l’appellation « jitney » ou « collectivos », rappelle Oren Shoval. Autour de cette expérience de transport conviviale et abordable, on a développé un algorithme permettant de faire correspondre en temps réel les passagers aux places vacantes dans les voitures et de rester efficace sur le temps de trajet. » Totalisant plus de 4 millions de trajets, la société qui a aussi séduit un millier de chauffeurs (rémunérés 33 dollars de l’heure) se considère avant tout comme un expert en big data.
Le dernier tour de financement devrait lui permettre de pousser ses pions en Amérique du Nord – Washington faisant partie des villes annoncées, mais aussi au Canada voire en Europe.
Bientôt en Europe
Elle compte en effet multiplier les partenariats pour licencier sa technologie à des municipalités, sociétés de transport ou constructeurs automobiles. En témoigne la collaboration annoncée par Via avec Mercedes Benz pour des trajets dans le comté d’Orange, l’une des principales régions du grand Los Angeles. « Notre solution fonctionne dans plusieurs configurations, y compris dans les banlieues où le transport public n’est pas rentable », confie Via. De quoi inquiéter le fleuron français BlaBlaCar ? « Nous ne sommes pas sur la même activité. Via est un service de mobilité urbaine avec des chauffeurs professionnels, plus assimilable à une activité de taxi, certes collectif », précise la société de covoiturage longue distance et entre particuliers. Mais, dans l’univers du transport urbain et sur le « segment du dernier kilomètre », fait valoir la jeune pousse israélienne, le jeu reste très ouvert.
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