Une fois n’est pas coutume mais cette semaine c’est de cinéma dont je voudrais parler. Non que je sois un critique professionnel ou que Festival de Cannes oblige. Non, c’est à propos du film de Richard Berry « tout, tout de suite » traitant de l’affaire Ilan Halimi. Cette monstrueuse affaire qui nous a tous marqués et qui restera le premier crime antisémite après la Shoah.
Nous avons tous en tête ce cauchemar. Nous avons également à l’esprit le livre poignant d’Émilie Frêche, écrit en relation avec Ruth Halimi, la maman impressionnante de courage et de dignité, ce livre mis en image par Alexandre Arcady « 24 jours » . Alors, pourquoi un autre film ?
Lors d’une interview de Richard Berry, le réalisateur de « Tout, tout de suite » explique qu’il désirait aborder l’affaire d’autre façon que celle choisie par Alexandre Arcady.
Dans « 24 jours » , le parti pris était de nous faire vivre le cauchemar vécu par la famille d’Ilan, de nous faire partager l’angoisse de cette famille à laquelle nous nous identifions tous, de nous faire vivre l’enquête, ces tâtonnements et même ses erreurs, de ne pas montrer les tortures subies par Ilan.
Arcady avait volontairement choisi son camp celui de la victime et de sa famille.
Nous ressentions au travers des images choisies et des sons, au plus profond de notre chair, la douleur et l’horreur.
J’attendais donc avec impatience les explications de Richard Berry.
Il y a une semaine, sur l’antenne de Judaiquesfm , à la question sur la différence avec le film d’Arcady la réponse a été plus que surprenante. Il a déclaré: » j’ai voulu rendre compte de cette affaire d’un point de vue plus philosophique et plus sociétal » . Cette réflexion m’a interpellé!
Plus philosophique et plus sociétal, me semblent totalement inapproprié voir outrancier. Et de poursuivre : « je pense que si on essaye de comprendre on peut essayer de guérir » et pour terminer condescendant : « Pour ma part, je n’ai pas opté pour le point de vue sentimentaliste et communautariste. Pour moi dire « l’eau ça mouille, ne fait pas avancer les choses »
Cette réflexion est nauséabonde et insultante pour le travail d’Alexandre Arcady. Là. Mr Berry, c’en est trop !
Il n’y a rien comprendre, rien de sociétal et encore moins de communautariste. Rien ne peut et ne doit chercher à expliquer ce geste, aucune raison ne doit permettre la moindre compréhension d’un événement aussi abject.
L’enlèvement, les tortures et l’assassinat de ce pauvre Ilan ne doivent appeler qu’à des condamnations. Ces Barbares ne sont pas les victimes d’une société qui les aurait rejeté mais des démons ! Monsieur Berry ne cherchez pas à expliquer l’inexplicable ! Il n’y a pas de pourquoi ! L’antisémitisme est le socle de cette horreur, la détestation du juif en est l’essence !
Monsieur Berry, voilà pourquoi je n’irai pas voir votre film car je ne veux pas savoir ni pourquoi ni comment on devient un barbare. Ces barbares n’ont qu’une seule place, en prison et au diable ensuite !
Gil TAIEB
Un juif qui m’est cher, certes mis au ban de sa communauté,a écrit,au milieu du XVIIE: « Ni déplorer, ni maudire, comprendre ». Aussi douloureuse soit cette exigence -et elle est toujours douloureuse, tant elle nous demande de surmonter tout ce qui fait notre intime nature et nos plus purs élans- elle est condition de notre fragile humanité, si prompte à céder aux « passions tristes ». Il s’agit, vous l’aurez reconnu, de B Spinoza.
Jean, Je suis entièrement d’accord avec vous. Cher Gil Taieb, je trouve votre indignation précipitée. Écrite sous le coup de l’émotion , et je peux le comprendre.
Pour avoir vu ces deux films, je n’ai vu aucune opposition entre eux. Les deux sont utiles. Voire indispensables. Berry , qui s’est basé sur le livre de Morgan Freeman, n’a jamais cherché à excuser ces barbares, il les qualifie de nazi du XXIe siècle et les assimile aux sympathisants de Daesh.
Il essaie juste de montrer comment ils sont nés et le poids de leur inculture crasse, leurs stupéfiants raccourcis, leur bestialité . Ils existent bien ces barbares -là, et peut être les « nommer » permettrait d’éviter leur reproduction.
Morgan Sportes!!l’auteur du roman!
Oups
Il ne faut pas non plus accorder trop d’importance à ce que peuvent dire les acteurs qui, après avoir passé leur vie à parler et donc à penser avec les mots des autres, se mettent soudainement à penser par-eux même passé la cinquantaine…
Monsieur : vous dites « je n’irais pas voir le film de BERRY » ce qui veut dire que vous ne l’avez point vu !
Avant d’avancer cette critique acerbe envers ce film qui dénonce la barbarie de ces individus, scénario tiré du livre de Morgan SPORTES,
(Prix interallié)et qui a eu accés au dossier d’instruction., Berry, aussi d’ailleurs.
Ce film est sans complaisance envers » ces gogos de l’islam, qui se font escroquer comme en entre dans une secte » comme le dit si bien Boris CYRULNIK(dans l’OBS).
Et si vous ne voulez pas comprendre le « sociétal » de ce crime, je vous conseille de lire ou de relire la chronique qui a paru sur Tribune Juive le(28/04/2016), dans laquelle suite à la vision du film, et de l’interview de R BERRY qui nous fait prendre conscience des fondements de ce nouvel antisémitisme.
C’est un film très dur qu’il faut voir absolument par le plus grand nombre,et de se poser la question récurrente : Que Faire et Comment Faire vis à vis de ces Barbares (« ignorant, cruauté sauvagerie,qui manque de civilisation » dixit le Robert.
Moi aussi j’ai apprécié » 24 jours » d’ ARCADY dont l’approche est différente de celui de BERRY : les deux films sont utiles et ils forment une entité globale pour bien comprendre Ce Crime.
GM
La réflexion d’André me laisse songeuse, tant elle est superficielle.
C’est bien ce que je pensais en sortant de la salle de cinéma , tout le monde ne peux pas comprendre , TOUT TOUT DE SUITE est un film difficile, mais il est indispensable. Parce que justement en se cachant les yeux devant l’horreur on ne la gomme pas. Grâce au film de Richard BERRY, (je n’ai pas vu l’autre) on se rend compte que peu importe les circonstances, peu importe l’ époque, la judeophobie progresse et qu’ elle a juste aujourd’hui pris une autre forme, elle s’appelle Daesh.Les conditions de détention d’Ilan en témoignent puisque qu’elles sont les mêmes que celles des camps déconcentration. Encore faut-il voir le film pour le savoir. Quand à la critique de Gil Taieb je m’excuse mais je ne la comprend pas, on reproche à R.Berry de ne pas faire avancer les choses, mais je dirais simplement que ne rien faire me semble pire, et si nous devons en plus ne rien dire , et surtout ne pas voir le film, alors restons dans notre canapé attendons le 4eme Reich.
D’abord Berry n’est pas l’auteur du scénario, c’est l’écrivain Sportes. Ensuite des acteurs qui sont d’une stupidité ou d’une banalité affligeante lorsqu’ils se mettent à donner leurs opinions sont légions.
Je ne mets pas Richard Berry dans le même sac, je dis juste qu’il ne maîtrise peut-être pas tous les concepts qu’il utilise (communautarisme, sentimentalisme etc.).
A l’extrême prenez l’exemple de Fabrice Luchini. Il est très intéressant quand il lit Baudelaire, Céline et Nietzsche. Mais dès qu’il ouvre la bouche pour prononcer ses propres mots, c’est toujours les mêmes âneries et autres propos sans intérêt d’un guignol qui en fait des tonnes pour amuser la galerie. Songez-y…
Oui ce film est très dur et on n’en sort pas indemne. Mais il y a bien un « avant » et un « apres » Ilan halimi.
Il faut voir ce film. Essayer de comprendre ne veut pas dire cautionner pardonner. Parfois c’est juste nécessaire pour être lucidement en éveil. Ce film c’est quoi au fond? C ´est l’autopsie de ce qui s’est passé . Ca a existé .