Pourquoi ce tumulte parmi les nations (ps. 2), Par Jean Taranto

Tandis que l’Eglise catholique de rite latin célèbre le terme des 50 jours après Pâques en la fête lumineuse de la Pentecôte, don du Ruah HaKodesh partagé aux nations, les rites de l’Orient byzantin commémorent la découverte par les saintes femmes embaumeuses, du tombeau de Jésus ouvert et vide (Jean 16).
Au lendemain des festivités de la création de l’Etat juif d’Israël, je ne pouvais manquer de rappeler le fossé qui existe entre ces trois événements, directement liés à Pessah et à Pâques, et les nouvelles du monde, qui ne sont pas bonnes.
Si toutefois on s’en tient exclusivement au fil continu des agences de presse. Levons les yeux…shavouot-1

Ha-atsmaout au Cénacle

La découverte du premier tombeau vide et ouvert de l’intérieur face aux murailles de Jérusalem par des femmes dont certaines étaient réprouvée, puis l’attente frileuse des talmidim juifs du Rabbi Yeshouah dans le cénacle de cette même ville, tandis que les y rejoignaient une foule de représentants de nations étrangères venues d’aussi loin que la Perse, l’Arabie ou même l’Inde, et aussi celle résidente et de passage à Jerusalem, et aujourd’hui l’exultation miraculeuse d’Israël multiculturel, devant le Maguen David, et dans le souvenir qu’il s’en est fallu de quelques cheveux pour que le provisoire israélien annoncé ne dure pas 68 ans, forcent une joie qui tranche, donc, avec la nuit diplomato-militaire et la dureté des murs hérissés.
Cette semaine, donc, ce Lundi de Pentecôte et 24ème jour du décompte de l’Omer qui conduira jusqu’aux moissons de Shavouot (12 et 13 juin 2016), se prépare à Paris et dans les chancelleries une grande négociation sur « la paix », excluant de fait les autorités palestinienne et israélienne. Un « salon » pour la Paix entre « grands ». Buffet somptueux et limousines garanties. Etat d’urgence aidant (quoique très assoupli par les « Nuit debout ») et déclarations tonitruantes en liminaire.

Atsmaout : la soif d’eux-mêmes

L’Indépendance Atsmaout est à la fois ‘atsem » : eux-mêmes, et « tsmaout » : assoiffé. Ce n’est donc pas de lui-même qu’Israël est assoiffé, ni de libertés individuelles pour soi-même, mais d’ « eux »-mêmes : c’est en tant que diversité de soi-même, pluralité universelle qu’il « demande et reçoit à boire ». Mieux ; il le donne. C’est une soif de confronté face-à-face, debout, son regard avec « eux », les nations de la terre, non en tant que goyim mais en tant qu’égales humaines.
Israël, en obtenant son indépendance dont l’Acte de 1947 ne mentionne nulle part ni vengeance, ni violence, ni conquête, ni revanche, ni nostalgie biblique, ni désir de perpétuation d’un souvenir morbide, exprime ce qu’est une Nation adulte : se tenir face à soi-même en correspondance avec l’univers créé, et non reclus ni fuyant ni en lutte.
Il exprime une réponse à la question : « devant qui tremblerai-je? » (Psaume ch. 27)
Et quelle est la réponse du sage Salomon?  » im-ra’év sonaakha haakhiléhou lah’èm VEIM-TSAME hasheqéhou mayim » / Si ton éxécré a faim, donne-lui du pain à manger; ET s’il a soif, donne-lui à boire de l’eau. (proverbes 25:21).
Et pourquoi donc Salomon enjoint-il ce qui paraît un acte de haute trahison? Non pour encourager à la haine de soi en pactisant avec l’ennemi. Mais pour une raison simple :
Alors que les nations pactisent avec leurs ennemis à coups de traités commerciaux qui achètent au prix de la Paix leur propre tranquillité, Israël, lui, malgré ses propres aveuglements, ses tensions et ses contradictions, bref, tout ce qui fait les failles et les imperfections d’un Etat, donne à boire et à manger à tous ses citoyens, ceux qui résident dans ses portes, et même signe alliance avec ses ennemis, pour que la « sini », la haine d’aujourd’hui devienne la « shanah », l’AN ETERNEL » demain. L’AN PROCHAIN doit devenir l’An DU Prochain (Jean 4 et Luc 9).
Ce qui permet cela, c’est non un Israël faible et grand, mais un Israël fort et petit. Et qui ne peut compter que sur l’unité de sa Promesse. Et cette Promesse tient en des « Cieux nouveaux et une Terre nouvelle » (Isaïe 65:17), un tombeau ouvert et une Moisson généreuse, et une Pentecôte qui continue sans lassitude, au-delà d’une Guerre haineuse et meurtrière de 50 jours, à faire souffler sur Jerusalem et au-delà de ses murs, le vent d’un Esprit qui parle à tous :  » Et l’adam dit: Voici cette fois (c’est la première fois après beaucoup de tentatives infructueuses de l’Eternel pour accompagner Adam!) celle qui est os de mes os et chair de ma chair! on l’appellera femme, parce qu’elle a été prise de l’homme. »
Adam ne voulait pas de l’Eternel comme compagnon, ni des animaux dont la conversation est limitée. Et parce que, surtout, ni l’un ni l’autre n’étaient à sa hauteur : l’Un trop haut. Les autres trop bas. Alors… ?
De quelle « isha » / אשה s’agit-il? Il s’agit de la liberté qui est aussi חושפ / révélation mais aussi « feu » / אש. Une liberté « à hauteur d’homme ».
La flamme/femme de Pentecôte que chaque nation a reçue en partage à Jérusalem devrait libérer ceux qui la reçoivent des murs des salons et des cénacles où les conférences internationales statuent sur le sort du monde, La liberté d’Israël est de mettre Adam à sa place qui n’est ni à hauteur du divin, ni à celle du bestial, mais à hauteur juste. Celle de l’herbe des champs, dit le psaume : assez haut pour VOIR le ciel et en recevoir la lumière. Assez bas pour toucher terre et toucher racine.

Justesse, justice et liberté. La création de la Mère des vivants/Hava, c’est l’apparition de la justice. De la stature debout qui tempère le « je » divin en un « eux » humain qui deviendra le « nous » nuptial : un seul corps (Psaume 122 : 3).

Ha-atsmaout pour la paix

Maintenant, Ha-atsmaout, l’Indépendance, c’est celle que nous avons face à nos ennemis que nous pouvons espérer un jour amener à la raison et à la paix, et face à nous-mêmes que nous pouvons espérer un jour conduire à la réconciliation.
La véritable Indépendance n’est donc pas de se claquemurer dans une religiosité frileuse et des certitudes passées assises sur des haines rances, mais de « donner nous-mêmes à manger et à boire » à ceux qui passent devant notre tente.
Se peut-il qu’en sortant, comme Adam, de notre sommeil terrien, primitif et solitaire, nous nous trouvions face à ce « Ruah » séparé de nous, devenu notre meilleure allié, la liberté d’aimer face-à-face et l’indépendance d’aller à la rencontre de ceux qui nous sont éloignés?
Les nations quant à elles, qui ne sont pas en dehors du jeu, puisqu’elle ont pour unique et commune référence le souvenir d’Abraham à Mamré (Genèse 18), partagent une certaine « honte » qui les fait ajouter le huis-clos au tumulte et le tumulte au huis-clos.
Vivre debout, c’est aller au-devant et ensemble, de la Promesse. Elle est un Souffle qui façonne et vitalise la terre et transforme le feu qui consume en flammes de bénédiction. L’eau qui ruisselle des cieux en la sage bonté qui désarme l’ennemi, fausse les jugements des nations, et apaise le vacarme des flots.
L’Indépendance, c’est non pas la solitude de soi face aux autres qui ont asservi, ce n’est pas la revanche de Sion sur Misr ou Babylone. C’est la présence de Jacob devant les bergers païens de Charan et qui leur dit prophétiquement : « Il n’est pas temps de rassembler les brebis. Abreuvez les, puis allez, et menez-les à paître » (Genèse 20:16).
Jean Taranto

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