Un commentateur ne se lance pas dans le traitement d’un tel sujet sans embarras, sans réserves, sans répugnance. Le délire des réseaux sociaux, la curée médiatique, la compétition dans l’information, fût-elle la moins ragoûtante, rendent l’exercice à la fois incertain et périlleux car il fait bon marché de la présomption d’innocence. J’ajoute que, dans cet univers impitoyable, la seule mention de faits non encore confirmés suffit à ruiner une réputation. En même temps, comment ne pas s’indigner que des hommes de pouvoir qui, par ailleurs, se présentent comme des militants du féminisme, agissent dans leur vie quotidienne à l’opposé de leurs principes affichés, et n’ont pas dominé leurs regrettables penchants ?
Des femmes encore très exposées.
C’est d’abord aux femmes qu’il faut penser, aux femmes qui auraient bien tort de croire que le monde contemporain, en leur offrant toutes les fonctions disponibles, les protège contre des comportements masculins officiellement vilipendés et réprimés. C’est terrible qu’elles soient encore confrontées à des gestes inadmissibles, traitées comme des objets sexuels, renvoyées à une condition que l’on dirait d’un autre âge si, chaque jour, de nouvelles agressions sexuelles ou faits de harcèlement n’étaient signalés. Tandis que, dans les propos des hommes qui nous gouvernent, reviennent sans cesse les références à la parité, au respect dû aux femmes, à l’égalité (parfois à la supériorité) de leurs compétences, se trament dans des lieux clos, souvent ceux de la République, de petits crimes qui assassinent toutes les « valeurs » dont le pouvoir se gargarise.
Seule issue : la justice.
Plus tragique encore, M. Baupin est en couple avec la ministre EELV du Logement, Emmanuelle Cosse, qui s’est exprimée ce matin à la radio et ne voit pas comment le drame qui l’accable pourrait être traité autrement que devant la justice, que son conjoint soit innocent ou non.Le raisonnement de Mme Cosse soulève l’admiration, car elle dit que le harcèlement sexuel est une affaire très grave, si grave qu’il doit être jugé, étant entendu qu’elle accorde sa confiance à son époux. Il restera des traces de ce nouvel épisode relatif à la conduite des hommes politiques. On imagine qu’elle est plus courante qu’on ne le croit, qu’elle affecte autant la droite que la gauche et on sait qu’elle contribue à discréditer l’ensemble de la classe politique qui ne mérite pas un jugement populaire négatif. Car nous sommes dans un monde où l’on apprend beaucoup plus de faits répréhensibles qu’autrefois. Je ne suis pas prêt à apporter un verdict avant que la chose soit jugée. Ni à contribuer au slogan de « tous pourris » qui n’est rien d’autre que le début du démantèlement de la démocratie et la recherche d’un refuge dans l’extrémisme. Le sexisme, la corruption, l’autoritarisme sont monnaie courante mais plus facilement décelés et combattus dans un système où les pouvoirs sont équilibrés et où la presse dispose d’une liberté absolue. Comme dans le cas des maladies, la multiplicité des cas relevés n’indique pas toujours une recrudescence mais seulement une meilleure surveillance.
RICHARD LISCIA
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