Madame Autain, vous êtes en partie responsable de la crise d’identité qui secoue notre pays.
Madame Autain,
Vous semblez vous réveiller à un an de l’élection présidentielle. Vous qui déclariez en 2012 “je ne crois pas qu’il y ait aujourd’hui, en France, une menace pour notre République de terrorisme islamique ou d’intégrisme islamique” nous apprenez dans les colonnes du Monde qu’en tant qu’élue de Sevran en Seine-Saint-Denis, vous êtes “bien placée pour connaître les drames en cours des recrutements djihadistes comme les méfaits d’un islam intégriste qui progresse”. Il aura fallu que certaines de nos villes soient défigurées par l’islam radical et que la France soit victime du totalitarisme djihadiste pour que votre discours évolue un peu en apparence. En apparence, car nous ne ferons pas reculer cet “islam intégriste” en autorisant des filles de douze ans à venir voilées au collège, comme vous le souhaitez.
Les controverses relatives à “l’identité”, c’est-à-dire à ce que nous sommes, à ce qui nous constitue, nous Français, prennent selon vous une trop grande place dans le débat démocratique. Or, elles s’imposent aux Français malgré eux. Sommes-nous encore un peuple souverain dans le cadre de l’Union Européenne? La France peut-elle encore être considérée comme une nation universaliste et laïque? En quoi la mondialisation ou les tragédies migratoires bousculent-elles notre “identité”? La croyance en l’égalité définit-elle encore la gauche ? Autant de questions éminemment politiques qu’il serait très dangereux de balayer du revers de la main, en laissant croire que l’économie pourrait, à elle seule, tout résoudre. Rien ne distingue à cet égard la gauche radicale d’un Emmanuel Macron. Méditez cette phrase magnifique de la philosophe Élisabeth de Fontenay: “C’est une erreur politique que de neutraliser l’un des éléments les plus vivaces de l’expérience humaine, le sentiment d’appartenance à une nation ou à un peuple, car cela engage les hommes à se précipiter dans l’abstraction marchande qui les rend équivalents sans les rendre égaux.”
Les inquiétudes légitimes qui traversent la société française, s’agissant aussi bien du culte musulman que de l’islamisme, méritent de la gauche des réponses claires. Aussi faudrait-il arrêter d’infantiliser et de déresponsabiliser les français de culture, de tradition ou de religion musulmane en ne les regardant que comme des anciens colonisés, éternels damnés de la terre et boucs émissaires, pour les apprécier enfin comme nos semblables. En considérant la masse des musulmans comme des enfants irresponsables, vous avez favorisé et entretenu la culture de l’excuse à l’égard de la frange religieuse la plus extrémiste, vis-à-vis de laquelle votre famille politique a brillé par son silence ces dernières années. En ce sens, vous êtes en partie responsable de la crise d’identité qui secoue notre pays et de la montée en puissance de l’extrême droite, à qui vous avez littéralement abandonné toutes ces thématiques. Où étiez-vous lorsqu’il s’est agi, en 2010, d’interdire la burqa sur notre sol?
Comme chaque Français, vous avez été témoin de l’expansion absolument inédite du voile islamique dans notre pays. La liberté d’expression religieuse, aussi insupportable et archaïque soit-elle, est garantie dès lors qu’elle ne trouble pas l’ordre public. Les femmes musulmanes peuvent donc, si elles le souhaitent, se voiler dans l’espace public. Mais à l’heure où l’islamisme se répand comme un cancer dans le monde et impose cet uniforme à des millions de femmes et de filles, y compris en France, vous cautionnez ce qui constitue l’un des principaux aspects de la répression islamique sur le globe, au lieu d’en faire une analyse politique. Pourquoi faut-il que s’ouvre la période électorale pour que vous évoquiez enfin les ravages du salafisme dans les quartiers populaires et les banlieues dites sensibles? Comment pouvez-vous continuer de considérer que la politique du Medef est un péril infiniment plus grave que cette lèpre?
Après tant d’échecs électoraux, votre famille politique pourrait-elle procéder à un examen de conscience?
Lorsque j’étais enfant, des familles maghrébines vivaient dans la région d’Alès à cause des mines de charbon. Je n’ai jamais vu une femme jeune, vieille ou entre deux âges, voilée.
Le voile est devenu, en France, un emblème politique et non religieux. Le gouvernement devrait faire un référendum pour savoir ce qu’en pensent les Français. Mais le gouvernement a peur des référendum…
Non, c’est avant tout une revendication religieuse. Et je pense que ces maghrébins de votre enfance que j’ai aussi connu profitaient d’être en France pour se débarrasser du voile et du carcan de la religion musulmane. Surtout les kabyles.
Il est clair qu’aujourd’hui les néo-communistes font passer “l’antiracisme” et le “multiculturalisme” devant les idéaux féministes.
Quant à Autin, c’est le niveau zéro de la réflexion politique. Là, on touche vraiment le fond.