«Munich, a Palestinian story»: des terroristes transformés en héros?

Il y a quelque chose de pourri au royaume de Cannes.

Le 16 mai prochain, le film du réalisateur libanais d’origine palestinienne Nasri Hajjaj, Munich : a palestinian story sera projeté dans le cadre de l’accord entre le Festival international du film de Dubaï et le Marché du film du Festival de Cannes.munich-1972-victimes

Ce documentaire entend donner la version palestinienne du massacre de Munich. Pourquoi pas. Si ce n’est que les différentes présentations du film laissent présager un conte qui pourrait bien transformer un massacre en une action de libération d’un pays fantasmé et, à l’instar de l’Unesco pour l’histoire culturelle et religieuse, réécrire cette fois-ci l’histoire politique.

On apprend en effet que, pour le réalisateur, cette prise d’otages suivie de l’assassinat de onze athlètes et entraîneurs israéliens par des terroristes palestiniens du groupe Septembre noir, ne serait pas un acte terroriste mais un « incident international ».

Mieux encore. Sur le site Internet du Fonds arabe pour les arts et la culture – lequel a financé le film – on peut lire en guise de résumé du projet que huit « combattants de la liberté », dont l’un d’eux était l’ami d’enfance du réalisateur, ont pris en otage onze athlètes israéliens et que « tout s’est terminé lorsque les forces de sécurité allemandes ont donné l’assaut, tuant cinq Palestiniens et les onze israéliens ».munich-a-palestinian-story

Enfin, dans la présentation du Marché du film du Festival de Cannes, le terme « terrorisme » n’est mentionné qu’une seule fois et encore, entre guillemets, comme pour souligner le nécessaire recul à prendre à l’évocation de ce terme. Une façon claire d’en relativiser le sens et la portée. Toujours selon M. Hajjaj, les événements seront vus à travers les yeux des deux derniers « fedayins » (de l’arabe fidā’iyyn « martyrs ») qui ont pris part à l’opération et sont encore en vie.

Exit le documentaire. La propagande est en marche. L’utilisation d’une terminologie et d’une rhétorique résolument pro-palestiniennes, l’appréhension d’un tel acte comme une action de libération et non un acte terroriste, trahissent un tropisme politique qui efface irrémédiablement toute l’objectivité inhérente à un travail documentaire.

De la même façon, si la gestion de la crise a été mal préparée, mal suivie, mal exécutée par une police incompétente et des autorités politiques allemandes dépassées et peu enthousiastes, ce ne sont pas les forces de sécurité allemandes qui ont tué les onze athlètes et entraîneurs israéliens, mais bien les terroristes palestiniens qui les ont assassinés.

Oubliée la réalité sordide de cet acte terroriste…

Pas un mot de cela dans les différentes présentations du film. Pas un mot non plus sur la brutalité avec laquelle ils ont traité les otages. Yossef Romano, haltérophile, blessé par balles dès le début de la prise d’otages, a été laissé sur le sol de sa chambre se vider de son sang. Il sera émasculé par les terroristes. On ne sait pas si cet acte ignoble a été fait avant ou après sa mort. On ne sait pas s’il s’agit d’un acte de torture ou la marque post-mortem d’un incommensurable mépris. C’est en tout état de cause la preuve d’une cruauté abjecte.

Un autre otage israélien sera tué en tentant d’empêcher les terroristes d’entrer dans l’appartement. Les autres athlètes seront brutalisés pendant les 21 heures qu’aura duré la prise d’otages puis exécutés à l’arme automatique et à la grenade par les terroristes palestiniens lors de l’assaut mené par la police allemande.

Cet attentat terroriste n’était pas seulement anti-israélien, il était aussi antisémite. Selon les archives d’un service allemand de renseignements, des néo-nazis rhénans auraient fourni un soutien logistique aux terroristes palestiniens notamment par le biais de Willi Pohl, un néo-nazi de Dortmund, qui aurait aidé Mohamed Daoud Odeh, alias Abou Daoud, organisateur revendiqué de la prise d’otages, à planifier et exécuter l’attaque en lui obtenant des passeports et en le convoyant à travers l’Allemagne pour lui faire rencontrer des Palestiniens.

Le même Abou Daoud révèle dans son autobiographie, Palestine : de Jérusalem à Munich, que le financier de l’OLP, et donc de l’opération, en 1972 n’était autre qu’un certain Mahmoud Abbas, le même dont la thèse de doctorat négationniste remettait en cause le nombre de juifs exterminés dans les camps de concentration et affirmait que le mouvement sioniste a encouragé la Shoah. Une thèse qu’il n’a jamais reniée à ce jour.

Devant l’immeuble de l’équipe olympique israélienne, une femme s’est adressée à un terroriste : « Laissez passer la Croix-Rouge, soyez humain », ce à quoi il lui aurait répondu : « Les juifs ne sont pas des êtres humains ». Quand la peste brune rejoint la peste verte, l’antisémitisme devient un mobile sérieux.

On ne pourra dès lors que regretter que le Marché du film du Festival de Cannes accepte d’être le forum de projection et de vente d’un film qui, à la lecture de ses différentes présentations, semble remettre en cause la réalité sordide d’un terrorisme palestinien déjà fermement établi, avec le risque de dépeindre des terroristes en héros. C’est en tant que tel et avec les honneurs militaires que les corps des cinq terroristes abattus et les trois terroristes libérés par l’Allemagne ont été accueillis en Libye.

A quand un documentaire par l’ami d’enfance des « combattants de la liberté » Abdelhamid Abaaoud, Khaled Kelkal ou Abou Nidal ? Et que les esprits chagrins s’économisent. Il n’y a aucune différence ontologique entre les terroristes de l’Etat islamique et ceux de Septembre noir. Tuer des civils aux Jeux olympiques, dans une synagogue, une salle de spectacle ou un wagon de RER, n’est pas un acte de guerre mais un acte terroriste mû par la haine de l’Autre. A ce titre, il doit être condamné sans ambiguïté.

Oudy Ch. Bloch

Source causeur.fr

 

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