A l’Assemblée, Najat Vallaud-Belkacem a condamné la tenue d’un séminaire antiraciste à Paris 8 et l’organisation prochaine d’un camp d’été décolonial, tous deux interdits aux blancs. Problème : au PS, tout le monde ne parait pas penser comme la ministre.
Hallucinant. Entre les murs de l’université Paris 8 s’est tenue, durant plusieurs jours, une série de réunions interdites aux personnes blanches de peau. “Paroles non-blanches” était un événement, courant sur plusieurs jours, interdit aux blancs, organisé par un “Groupe de réflexion non-mixité racisée”.
L’affaire est à ce point inquiétante pour ce qu’elle dit de l’état d’une partie de la jeunesse française qui en vient à afficher une posture intellectuelle reflétant un apartheid mental sous couvert de lutte contre le racisme, qu’elle a fini par provoquer une question au gouvernement. Interpellée sur le sujet par le député LR Bernard Debré, la ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem a condamné sans ambiguïté la tenue du séminaire Paroles non-blanches : “Sur le plan des principes, que les choses soient claires, je condamne absolument la tenue de ces réunions”. Et d’ajouter : “Ces initiatives confortent une vision racisée et raciste de la société qui n’est pas la nôtre. Ces initiatives sont inacceptables parce qu’au bout de ce chemin-là, il n’y a que le repli sur soi, la division communautaire et le chacun chez soi.”
L’essor d’une forme d’apartheid mental
La parole de la ministre prend d’autant plus de relief qu’elle vise un autre événement de même nature, devant se tenir l’été prochain : “Le Camp d’été décolonial”. Cette université d’été d’un nouveau genre, est l’enfant de deux activistes en vogue dans la mouvance différencialiste des éléments d’extrême gauche, Sihame Assbague, proche du Parti des Indigènes de la République et Fania Noël qui se présente comme «afroféministe anticapitaliste anticolonialiste anti-impérialiste anti-mixité” (charmant programme). Ce camp est réservé uniquement “aux personnes subissant à titre personnel le racisme d’Etat en contexte français”, ce qui revient à signifier qu’il est également interdit aux blancs, qui par destination ne subissent pas à titre personnel le racisme d’Etat. C’est absurde, mais c’est bien à cela qu’aboutit aujourd’hui la ligne de certains militants politique contemporains, à une forme d’apartheid mental qui aboutit à des manifestations racialistes sous prétexte de lutte contre le racisme.
Mesurons l’absurdité historique du postulat. Au tournant des 19e et 20e siècles, avec ces gens-là, Zola n’aurait pas été légitime à défendre Dreyfus, puisqu’il n’était pas juif. Jaurès non plus. Et Clemenceau idem. Et cette bataille contre l’antisémitisme aurait été perdue. Et la guerre contre tous les racismes aurait pris, en France, des années de retard. D’où la nécessité de concevoir toute lutte contre les racismes dans le cadre universaliste posé par les Lumières. Les organisateurs de Paroles non blanches et du Camp d’été décolonial, avec leur apartheid mental, s’inscrivent à rebours de la marche du progrès en matière de lutte contre les racismes. S’isolent. S’enferment. Se condamnent à l’inutilité. L’inefficacité. La nullité.
“Fidèle à l’enseignement de Jaurès”, comme le disait l’un de ses héritiers devenu président de la Ve République, tout socialiste se devrait de partager le jugement sans appel de Najat Vallaud-Belkacem face à cette ligne politique aussi atterrante qu’aberrante. Répéter, encore et encore, l’universalité des Lumières et la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen de 1789… Refuser de séparer la liberté de l’égalité… Le rappel de ces principes et de ces droits, supérieurs aux valeurs (car ce sont ces principes et ces droits qui permettent à la diversité des valeurs des uns et des autres de s’épanouir par l’organisation politique la cohabitation démocratique en République) ne devrait souffrir d’aucun débat au sein du Parti socialiste. Or, ce n’est pas le cas.
Un député PS, Cherki, salue l’initiative de Paris 8 …
Confronté à l’étrange réunion de Paris 8, le Premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, s’est contenté de publier un tweet pour le moins ambigu. “Ras-le-bol! Rassembler toujours, stigmatiser jamais. L’Égalité, partout: dans les universités des “beaux quartiers” ou de banlieue”. Le propos laisse à penser que le premier des socialistes ne condamne pas le principe d’une réunion interdite à ceux dont la couleur de peau n’est pas conforme à l’apartheid mental érigé en mode de fonctionnement politique des organisateurs. Quant à l’opposition entre universités des “beaux quartiers” et celle de “banlieue”, elle est même plutôt de nature à induire que le Premier secrétaire du PS légitime, en creux, la tenue de la réunion de Paroles non blanches, le tout au nom d’une égalité dont on aimerait le voir préciser les contours. Bref, qu’il valide le combat contre le racisme d’Etat ainsi présenté.
Un autre socialiste, député de Paris, est même allé plus loin encore que Jean-Christophe Cambadélis. Egalement sur Twitter, le Frondeur Pascal Cherki a salué l’initiative estudiantine, qui serait à l’en croire, l’incarnation des qualités de l’université française en lutte contre le politiquement correct : “Pour ma part je pense que la fac de Paris 8 est une excellente fac parfois en rupture avec l’idéologie dominante. Tant mieux !” En clair, un député socialiste salue une initiative porteuse de tous les maux qui désagrège la société française, entre identitarisme excluant et refus de toutes les mixités, alors qu’elle est, dans sa version d’extrême gauche, le reflet de l’idéologie dominante portée les droites classiques et extrémistes françaises. Dans le genre à côté de la plaque Jean Jaurès, peut-on faire pire ?
Et si on sortait enfin le mot “race” de la Constitution !
En tout cas, face à la posture républicaine ET socialiste défendue par Najat Vallaud-Belkacem, et la ligne ambigüe, incertaine, floue, voire complaisante, sinon dangereuse, sur laquelle campent des responsables socialistes de premier rang, on s’interroge : qui décide de la ligne des socialistes en la matière ?
Et pourtant, il semblait que le PS avait une petite idée sur la question. Avant. En 2012, un candidat nommé François Hollande avait prononcé, durant la campagne présidentielle de l’époque, des mots importants sur le sujet : “Il n’y a pas de place dans la République pour la race. Et c’est pourquoi je demanderai, au lendemain de la présidentielle, au Parlement de supprimer le mot race de notre Constitution”. L’intention n’a jamais été suivie d’effets. Hélas.
Sauf qu’aujourd’hui, à voir des anti-racistes dénoncer le “racisme d’Etat” français, à constater que la gangrène de l’apartheid mental commence à toucher des étudiants, ici et là, à contempler les progrès médiatiques des tenants de cette ligne politique (à l’image de Houria Bouteldja incarnation du PIR, qui dispose d’un rond de serviette dans l’émission de Frédéric Taddéi sur France 2), on finit par se demander s’il ne serait pas temps de réactiver ce projet de révision constitutionnelle.
Sortir le mot “race”, désormais obsolète, de la Constitution, ce serait couper l’herbe sous le pied de ceux qui se présentent comme les victimes du racisme d’Etat. Ce serait renvoyer dos-à-dos, les identitaires de tous bords, de Morano et son “La France est un pays de race blanche”, à Houria Bouteldja et son “J’appartiens à ma famille, à mon clan, à mon quartier, à ma race”. Etre républicain, en somme.
Bruno Roger-Petit
Merci. Ces choses là doivent être dites. L’obscurantisme ne passera pas. Qui eut cru qu’il eût fallu en France, un jour du XXIe siècle, barrer la route à l’obscurantisme ? Belle faillite du système éducatif post soixante huitard !
Rien à voir avec le mouvement de 68, qui voulait plus de libertés, mais qui savait en user.
Seulement que le système éducatif ne s’est pas mis au diapason du regroupement familial, initié par M. Giscard d’Estaing.
L’oulpan n’est pas une invention française, mais à une efficacité certaine. Six mois pour mettre le pied à l’étrier, quand on ne connait pas la langue, c’est pas de trop pour s’insérer ( ou s’intégrer, c’est pareil!). Mais le probleme, c’est que ça coûte trop cher pour la France. Mais on le paie autrement, à tempérament, avec usure!
A voir ce qui se passe dans cette république, quand on voit le spectacle, et qu’on cherche la France, on ne la voit pas.
La France?
C’est juste les planches de la scène où se produit le spectacle.
Tous les troubadours y passent: “Venez, venez, c’est la maison non close!”
Elle n’applaudit pas, mais ne siffle pas non plus !
Au pire, elle subit. Au mieux, elle se fait piétiner.
On croit être dans l’Europe, et on est completement dans la merde.
C’est amusant comme tous ces soit-disant “anti-capitalistes” et “anti-impérialistes” souhaitent une société à l’américaine…
En attendant ni la Bouteldja ni Fania Noël ne mettront leurs actes en accord avec leurs pensées en allant vivre, libérées du “colonialisme” et du “racisme d’Etat” de la France, en Algérie pour la première ou je ne sais où en Afrique noire pour la deuxième. Non, sans se mélanger avec les blancs, elles préfèrent quand même rester en France…
Voici ce que pense l’afro-machin-truc Fania Noël : en France tout s’imbrique, le racisme, le capitalisme, le patriarcat et le système d’oppression… Ah oui, il est vrai que le patriarcat chez les maghrébins et les noirs, ça n’existe pas !
Pour en finir avec ces tartuffes on remarquera aussi que l’afro-bidule, comme la racialiste arabo-musulmane Bouteldja déclarant “appartenir à sa race”, est bien habillée, bien nourrie et diplômée de la Sorbonne en science-po mais se sent quand même “opprimée” en France…
Apparemment à tirer ainsi sur la corde et à la provoquer chez lui, ces militants “anti-colonialistes” ne se rendent pas compte que le jour où le peuple français, celui des “blancs” qu’ils abhorrent et qui représente encore plus de 80% de la population, va siffler la fin de la récréation, il sera trop tard. Et ça va leur faire très mal.
Quant au racisme, que l’afro Fania Noël aille faire un tour dans les pays arabes de son amie Bouteldja, pour voir comment les noirs sont traités et considérés…