Otto Skorzeny, le nazi qui devint un tueur du Mossad

Le commandant des forces spéciales SS, Otto Skorzeny, charmait Hitler par ses exploits. Moins de 20 années plus tard, il assassinait pour Israël.  A présent, sur la base de nouvelles révélations,  son histoire peut être racontée.

Un article du FORWARD de Dan Raviv et Yossi Melman.
Traduit et adapté par Victor Kuperminc

Otto Skorzeny - Nuremberg, 1945
Otto Skorzeny – Nuremberg, 1945

Le 11 septembre 1962, un savant allemand disparut. Heinz Krug était à son bureau ; il ne rentra jamais chez lui.

Le seul élément connu de la police était que Krug allait  fréquemment au Caire . Il était l’un des nombreux experts en missiles engagé par l’Egypte pour développer les armements sophistiqués.

Ha Boker, un journal israélien maintenant disparu, annonça, à la surprise générale, avoir une explication : les égyptiens avaient kidnappé Krug afin de l’empêcher de travailler pour Israël.

Nous pouvons maintenant affirmer que Krug fut assassiné par l’espionnage israélien dans le but d’intimider les scientifiques allemands travaillant en Egypte. Et le plus étonnant est le nom de l’agent  qui tira le coup fatal : Otto Skorzeny, un des agents  israéliens parmi les plus importants . Un ancien lieutenant colonel de la Waffen SS, et un des favoris d’Hitler. Le führer décerna à Skorzeny la plus prestigieuse des décorations, chevalier de la Croix de Fer, pour avoir dirigé le sauvetage de son ami Benito Mussolini des mains de ses ravisseurs.

En 1962, selon nos sources – à qui nous avons  promis de ne pas révéler leur identité – Skorzeny avait un autre employeur.  Ceci est une des plus importantes révélations des archives du Mossad, l’agence israélienne dont  le nom complet, traduit de l’hébreu, signifie  « Institut pour l’Intelligence et les Missions Spéciales ».

Pour bien comprendre l’histoire, il faut préciser que le Mossad avait comme priorité d’arrêter les scientifiques allemands travaillant en Egypte sur les programmes de missiles. Quelques mois avant sa mort, Krug, et quelques collègues allemands, avait reçu des menaces de mort. Alors qu’ils étaient encore en Allemagne, ils avaient reçu des coups de téléphone en pleine nuit, leur demandant d’abandonner les programmes égyptiens. Et en Egypte, certains d’entre eux reçurent des lettres piégées, et  plusieurs furent blessés par les explosions. Krug était le premier de la liste du Mossad. Pendant la guerre, terminée depuis 17 ans, Krug faisait partie des superstars de Peenemunde, le centre d’essai de la Baltique. L’équipe, dirigée par Werner Von Braun, était fière d’avoir conçu le programme de missiles qui faillit détruire la Grande Bretagne. Leur ambition était de concevoir des missiles pouvant voler beaucoup plus loin, avec plus de précision et un pouvoir de destruction accru.

Selon le Mossad, dix ans après la fin de la guerre, Von Braun invita Krug et d’autres anciens collègues à venir le rejoindre en Amérique.  Von Braun dirigeait le développement le programme de développement des missiles américains.  Il devint même un des réateurs de la NASA. Krug choisit une autre voie, apparemment plus lucrative : rejoindre d’autres scientifiques de Peenemunde, dirigés par le Professeur Wolfgang Pilz, en Egypte. Pour les israéliens, Krug devait savoir qu’Israël, le pays où tant de rescapés de la Shoah avaient trouvé refuge, était la cible de ses nouveaux maîtres. Un nazi convaincu devait considérer que c’était là une opportunité de poursuivre la terrible mission d’extermination du peuple juif.

Les menaces et coups de téléphone l’avaient rendu fou. Ses collègues et lui avaient compris que les menaces venaient des israéliens. C’était évident. En 1960, des agents israéliens avaient enlevé Adolf Eichmann, depuis la lointaine Argentine, jusqu’en Israël, où il fut jugé et pendu le 31 mai 1962.

Krug devait penser que la corde était déjà préparée. C’est pourquoi  il rechercha de l’aide auprès du héros nazi, le meilleur des meilleurs, au temps d’Hitler. Le jour de sa disparition, selon nos informations fournies par  une source sure, Krug quitta son bureau à la rencontre de Skorzeny, l’homme qu’il considérait comme son sauveur.

Skorzeny, alors âgé de 54 ans, était tout simplement une légende vivante. Un soldat flamboyant et efficace, célèbre par la longue cicatrice sur la joue gauche, résultat d’un combat à l’épée, au temps de sa jeunesse.  Il atteint le grade de lieutenant colonel dans la Waffen SS. Hitler  avait réalisé qu’il disposait d’un homme qui irait plus haut et plus loin, que rien n’arrêterait.

Les faits d’arme du colonel inspiraient le respect même de ses  ennemis  Les services secrets anglais et américains  l’avaient qualifié « d’homme le plus dangereux d’ Europe. » Krug contacta Skorzeny dans l’espoir que le grand héros, vivant à l’époque en Espagne, pourrait bâtir une stratégie pour garantir sa sécurité.  Les deux hommes étaient dans la Mercedes blanche de Krug, sur une route au Nord de Munich, et Skorzeny assura qu’il avait engagé trois gardes du corps, qui se trouvaient dans la voiture qui les suivait. Les deux voitures s’arrêtèrent dans une foret . Là, Krug fut exécuté, sans autre forme de procès. L’homme qui appuya sur la détente n’était autre que le célèbre héros nazi, devenu agent israélien. Après que Krug fut tué, les trois israéliens aspergèrent le corps d’acide, attendirent un moment, puis jetèrent le corps dans un trou creusé auparavant. Puis, ils recouvrirent le tombe de fortune de chaux, de telle façon que des chiens, ou autres animaux, ne puissent jamais découvrir les restes humains.

Le troïka qui coordonna cette exécution extra judiciaire était dirigée par un futur Premier Ministre d’Israël, Yitzhak Shamir, à l’époque à la tête des opératons spéciales du Mossad. Un autre était Zvi Peter Malkin, l’homme qui avait enlevé Eichmann en Argentine ; et, qui plus tard, devint un peintre réputé de New-York.. Supervisant l’opération à distance, il y avait Yosef Raanan, l’officier responsable en Allemagne. Tous les trois avaient perdu un grand nombre de parents, parmi les six millions de Juifs massacrés par le génocide qu’Eichmann avait organisé.

La motivation d’Israël était claire : éliminer les Nazis qui aideraient l’Egypte à perpétrer une nouvelle Shoah. La charte du Mossad pour la protection d’Israël n’a pas de limites. Les espions de l’agence sont hors système légal ; leur but est de liquider les ennemis : terroristes palestiniens, scientifiques iraniens. Les agents de Norvège  liquidèrent même un serveur marocain soupçonné à tort , d’avoir été l’organisateur  du massacre de Munich en 1972, où 11 athlètes israéliens furent  tués par le groupe terroriste connu sous le nom de « Septembre noir ».  Ahmed Bouchiki fut descendu  en 1973 à la sortie d’un théâtre avec sa femme enceinte. Plus tard, le gouvernement israélien versa une indemnité à à la veuve, en reconnaissant l’erreur. L’echec de la mission retarda d’autres assassinats, mais n’y mit pas fin.

Mais pourquoi Skorzeny
fut-il engagé par le Mossad?

Né en juin 1908 à Vienne, dans une famille de classe moyenne, fière de ses antécédents militaires au service de l’Empire austro-hongrois. Depuis son jeune âge, il semblait n’avoir peur de rien ; il se  complaisait  à raconter des histoires incroyables qui dupaient son auditoire. Le bon profil pour un officier de commando en temps de guerre ; et  probablement  de quoi séduire le Mossad.

Il rejoignit le Parti nazi autrichien en 1923, à 23 ans.  Il servit dans sa milice armée, les SA, et soutint Hitler avec enthousiasme. Le Furher fut élu chancelier en 1933 ; puis annexa l’Autriche en 1938. Lorsqu’il envahit la Pologne en 1939 et que la guerre éclata, Skorzeny quitta sa firme de travaux publics et se porta volontaire – non dans l’armée régulière, la Wehrmart – mais dans la Panzer division SS, qui servait de garde personnelle de Hitler.

Skorzeny, dans ses mémoires écrites après la guerre, raconta ses années dans la SS à travers la Pologne , la Hollande et la France occupée.  Ses activités, telles qu’il les reporte, furent inoffensives. Il prit part aux combats en Russie et Pologne. Il est probable que les Israéliens  furent pesuadés qu’il fut impliqué dans l’extermination des Juifs. La Waffen SS, après tout,  n’était pas l’armée régulière ; c’était le bras armé du Parti nazi  et de son plan génocidaire. Sa plus célèbre et plus audacieuse mission  eut lieu en septembre 1943 :  le sauvetage du grand ami et allié de Hitler, Benito Mussolini, emprisonné au sommet d’un pic italien. Ce fut l’exploit qui valut sa promotion au grade de lieutenant colonel, et le contrôle des forces spéciales nazies. Hitler le récompensa d’un entretien de plusieurs heures au cours desquels il le décora  de la très convoitée croix de fer. Mais ce ne fut pas son seul exploit.

En septembre 1944, lorsque le dictateur hongrois, l’Amiral Miklos Horthy était sur le point de conclure une paix séparée avec la Russie, alors que l’Axe était en mauvaise posture, Skorzeny commanda une équipe de ses forces spéciales à Budapest, afin de kidnapper Horthy pour le remplacer par les Croix fléchées, les nazis hongrois. Ce sont eux qui livrèrent aux allemands des dizaines de milliers de juifs qui avaient, jusqu’alors, bénéficié d’un régime qui les tolérait. Egalement en 1944, Skorzeny sélectionna 150 soldats qui parlaient un excellent anglais pour un plan destiné à tromper les Alliés après leur débarquement en Normandie. Skorzeny leur procura des uniformes américains pris sur des prisonniers ; ces faux soldats attaquèrent l’arrière des troupes américaines, semant le trouble dans leurs rangs. Cette action lui valut deux ans d’emprisonnement après la fin de la guerre. Finalement, les juges militaires l’acquittèrent en 1947.  De nouveau, les journaux du monde entier  titrèrent sur « l’homme le plus dangereux d’Europe. » Il profita de cette célébrité et publia ses mémoires, en plusieurs langues ; en minimisant ses contacts avec les plus sanguinaires chefs nazis.  Il décrivit Hitler comme « un chef attentionné et un stratège attentif à ses exploits. »

Ce qu’il passa sous silence, c’est comment il échappa aux tribunaux de Nuremberg, probablement grâce l’aide de SS portant l’uniforme de la police américaine. La rumeur se répandit qu’il fut assisté par l’agence qui précéda la CIA,  l’Office des Services Spéciaux, à qui il rendit quelques services après la guerre. C’est ainsi qu’il fut autorisé à s’installer en Espagne, sous la protection des franquistes. Il conseilla aussi le Président argentin, Juan Peron. Il devint un ami proche des dirigeants égyptiens de l’époque, qui employaient des experts allemands.

En Israël, une équipe du Mossad, envisagea de trouver et de tuer Skorzeny. Mais le chef de l’agence, Isser Harel, avait un autre plan. Au lieu de le tuer, le recruter. Le plan destiné à s’approcher des scientifiques allemands  nécessitait un homme qui aurait leur confiance. En fait, les Israéliens avaient besoin d’un Nazi. La décision de recruter Skorzeny peut sembler bizarre. D’autant plus que la mission fut confiée à Raanan, également né à Vienne et qui échappa de peu à la Shoah. En tant que juif autrichien, son nom d’origine était  Kurt Weisman. Après l’invasion de 1938 – il avait 16 ans – il fut envoyé en Palestine, alors sous mandat britannique. Sa mère et son jeune frère demeurèrent en Europe et y périrent. Comme nombre de Juifs en Palestine, Kurt Weisman s’engagea dans l’armée britannique, espérant un retour en Allemagne. Il servit dans la Royal Air Force. Après la création de l’Etat d’Israël , il choisit de prendre un nom Hébreu. Il fut l’un des premiers pilotes de la minuscule force aérienne du pays. Le jeune homme devint rapidement le commandant en chef.  En 1957, Harel le remarqua et le recruta pour le Mossad. Quelques années plus tard, Raanan fut envoyé en Allemagne pour diriger les opérations de l’agence, principalement, celles concernant les scientifiques nazis. Ainsi, c’est lui qui prit contact avec Skorzeny.

L’israélien dut surmonter sa réticence, mais c’était un ordre. Il rassembla une équipe qui se rendit en Espagne, pour une première mission d’observation. L’équipe comportait une jeune femme  qui n’était pas une espionne confirmée, mais une « assistante ». Le Mossad lui donna le nom de « Anke » et la décrivit comme une jolie, vive et peu farouche personne.

Un soir de 1962, Skorzeny, portant beau – malgré sa cicatrice – était dans un luxueux bar de Madrid, accompagné de sa toute jeune épouse Ilse Von Finckenstein ; qui n’était autre que la nièce de Shacht, le talentueux ministre des Finances d’Hitler. Ils burent quelques cocktails, lorsque le barman leur présenta un couple germanophone. La jeune femme était ravissante, et son compagnon un élégant  quadragénaire. C’étaient des touristes allemands, dirent-ils. Ils leur racontèrent une navrante histoire. Ils venaient d’être victime d’un vol.  Ils parlaient un allemand parfait, bien entendu, l’homme avec un léger accent autrichien, tout comme Skorzeny. Il y eut d’autres verres, et bientôt Skorzeny  invita le jeune couple, qui avait tout perdu, – argent, passeports, bagages – à passer la nuit dans sa somptueuse villa. Une atmosphère d’intimité sexuelle était dans l’air. Après que les quatre furent entrés dans la maison, au moment où le flirt allait être suivi d’autres jeux, Skorzeny – l’aimable hôte – pointa un pistolet vers le jeune couple, et déclara : «  Je sais qui vous êtes et je sais quelles sont vos intentions. Vous êtes du Mossad, et vous êtes venus me tuer ! »

Le jeune couple ne cilla pas. Le jeune homme dit : « Vous avez à moitié raison, nous sommes du Mossad, mais si nous avions voulu vous tuer, vous seriez morts depuis une semaine. »

« Peut-être répondit Skorzeny, mais il faut que je vous tue ! »

Et Anke rétorqua : « Si vous nous tuez, ceux qui viendront après nous, ne perdront pas leur temps à boire un verre avec vous. Vous ne verrez même pas leur visage, avant qu’ils vous exécutent. Nous vous offrons simplement  de nous aider. »

Après une longue minute qui sembla une heure, Skorzeny ne baissa pas son arme, amis il demanda : « Quelle genre d’aide ? «  Et l’officier du Mossad expliqua qu’Israël avait besoin d’informations, et le paierait largement.

Le favori d’Hitler réfléchit un moment, et à la surprise des Israéliens dit : « L’argent ne m’intéresse pas, j’en ai bien assez !  Ce que je veux, c’est que Wiesenthal efface mon nom  de sa liste ! »»

Simon Wiesenthal, le célèbre chasseur de nazis de Vienne, avait inscrit Skorzeny sur sa liste de criminels, et voilà que l’accusé affirmait qu’il n’avait commis aucun crime ! »

Les israéliens ne croyaient aucune déclaration d’innocence des nazis. Il répondirent, néanmoins : « D’accord, ce sera fait, nous nous en chargeons. »

Skorzeny abaissa finalement son arme, et les deux hommes se serrèrent la main. L’homme du Mossad dissimula son dégout.

L’étape suivante était de l’amener en Israël. Un vol secret vers Tel Aviv, fut organisé.  Skorzeny fut présenté à Harel. Il fut questionné ; il reçut des instructions précises. Durant sa visite, on lui fit visiter Yad Vashem, le Musée de Jérusalem dédié à la mémoires des six millions de Juifs victimes  de la Shoah. Le nazi garda le silence, et sembla respectueux. Ce fut un moment étrange, lorsque un survivant pointa le doigt vers Skorzeny en le nommant et en criant qu’il était un criminel nazi.. Raanan sourit à l’homme et dit doucement : « Vous vous trompez, c’est un parent, et un survivant de la Shoah ! »                                                                                                                                                                                                      Naturellement, on s’étonnait dans les services secrets israéliens, que le héros nazi ait été réellement recruté – et si facilement. Attachait-il tellement d’importance à son image au point d’exiger d’être rayé des listes de criminels de guerre ? Skorzeny répondait qu’être sur cette liste  signifiait qu’il était une cible à abattre. En coopérant avec le Mossad, il achetait son assurance vie.

Le nouvel agent voulut prouver qu’il était digne de confiance. Comme exigé par les israéliens, il se rendit en Egypte et ramena une liste complète de scientifiques allemands, et leurs adresses.

Skorzeny  founit également les noms des compagnies européennes qui fournissaient les composants destinés aux projets militaires égyptiens.  Dont la société dirigée par Krug,  INTRA à Munich.

Raanan était le chef de l’opération dans son ensemble. Mais il confia la tâche de contrôler Skorzeny à deux de ses meilleurs agents : Rafi Eitan et Avraham Ahituv.

Eitan était un des personnages les plus extraordinaires de l’Intelligence israélienne.  Il mérita le surnom de « Mr Kidnap » en organisant l’enlèvement de Eichmann. Eitan aida aussi Israël dans l’acquisition de matériels destinés à son programme nucléaire.  Mais il fut désigné responsable en installant Jonathan Pollard, comme espion à l’intérieur du gouvernement américain. Il sortit de l’ombre plus tard, en 2006, à l’âge de 79 ans ; il se fit élire au parlement comme chef d’un parti politique représentant…les vétérans.

« Oui, j’ai rencontré et dirigé Skorzeny » nous confirma Eitan. Mais, comme d’autres anciens du Mossad, il refusa d’en dire plus.

Ahituv, né en Allemagne en 1930, fut aussi impliqué dans nombre de missions scrètes. De 1974 à 1980,  il dirigea le Shin Bet, l’agence de sécurité intérieure, et conduisit nombre de projets avec le Mossad.

Le Mossad essaya de persuader Wiesenthal d’effacer le nom de Skorzeny de sa liste de criminels de guerre ; mais le chasseur de nazis refusa     . Aussi, le Mossad, avec « H’outzpa » (culot en hébreu) établit une fausse lettre de Wiesenthal à Skorzeny, déclarant que son nom avait été rayé de la fameuse liste.

Skorzeny continua de surprendre les israéliens avec son niveau de coopération. Pendant un voyage en Egypte, il expédia même des plis explosifs ; un des paquets tua cinq égyptiens dans l’usine de missiles n° 33, où des scientifiques allemands étaient employés.

La campagne d’intimidation fut couronnée de succès. ; la plupart des scientifiques allemands quittèrent l’Egypte. Un homme du Mossad et un scientifique autrichien travaillant pour Israël furent arrêtés et jugés en Suisse. Par chance, le juge suisse était un sympathisant d’Israël ; les deux hommes furent convaincus de menaces, mais immédiatement libérés.

Le premier ministre, David Ben Gourion, conclut que tout ceci était désastreux pour l’image que donnait Israël ; et pouvait remettre en cause l’accord de livraison d’armes  passé avec l’Allemagne.

Harel présenta sa démission, et à sa grande surprise, Ben Gourion l’accepta. Le nouveau chef du Mossad, le général Meir Amit mit fin à la chasse aux Nazis.

Cependant, Amit utilisa Skorzeny une dernière fois. IL voulait explorer la possibilité d’un négociation de paix avec l’Egypte ; Aussi, demanda-t-il à Skorzeny d’organiser une entrevue avec un responsable Egyptien de haut niveau. Mais, rien n’aboutit.

Skorzeny ne s’est jamais expliqué sur les raisons pour lesquelles il avait aidé Israël. Son autobiographie ne cite pas une seule fois, le mot  « Israêl » ou même « Juif ».  C’est vrai qu’il rechercha et obtint son assurance sur la vie. Le Mossad ne l’assassina pas.  Travailler pour des espions  – même juifs – le fascinait. Skorzeny était le genre d’hommes qui se sentait vivant en rependant la peur et en tuant. Il est aussi possible que le regret et  l’expiation aient joué un rôle ; mais les psychologues israéliens en doutèrent.

Il peut avoir été motivé par plusieurs de ces facteurs à la fois. Mais Skorzeny emporta son secret dans la tombe. Il mourut d’un cancer, à l’âge de 67 ans, en juillet 1975.  Il eut deux funérailles ; l’une dans une chapelle de la capitale espagnole ; l’autre à l’enterrement de ses cendres à Vienne. Les deux services furent suivis par des dizaines d’anciens militaires allemands. Certains n’hésitèrent pas de saluer ses cendres par le salut nazi, le bras levé et tendu ; on entendit même entonner les chants nazis préféré d’Hitler. Quatorze des médailles de Skorzeny disposées en forme de swatiska  paradèrent en tête de la procession funéraire.

Il y eut un homme  qui assista au service de Madrid, que personne ne connaissait. Il cachait son visage, par habitude, sans doute. C’était Joe Raanan. Le Mossad ne l’’avait pas envoyé aux funérailles de Skorzeny. Il décida d’y assister de son propre chef, et à ses frais. C’était le tribut personnel d’un Autrichien à un autre. ; l’hommage d’un chef espion à son agent le plus détestable ; et aussi le meilleur.

VICTOR KUPERMINC  

 

 

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13 Comments

  1. Merci pour cette documentation brillante.

    SKORZENY, un très grand respect pour ce soldat.

    C’est lui aussi qui a organisé la fuite de A.H par les sous terrains de Berlin, puis l’Espagne en avion , puis l’Argentine en sous marin, et enfin…….

  2. Tout le monde s’imagine que tous les nazis ayant fuis sont allés en Amérique du Sud. Non, beaucoup d’entre eux sont allés dans les pays arabes pour continuer à combattre des juifs…

  3. Il paraît que toute cette histoire est bidon. Nous savons aujourd’hui, grâce au livre du journaliste israélien Ronen Bergman ‘Rise and Kill First’ (Random House, janvier 2018) que Heinz Krug a été tué en Israel, après avoir été enlevé à Munich par un commando du Mossad et mis dans un avion d’El Al à Marseille vers Tel Aviv. Le coup a été monté et dirigé sur place, en Allemagne, par Isser Harel, qui était à l’époque le chef du Mossad. D’après le livre de Ronen Bergman, Skorzeny n’y était pour rien. Je me demande si Skorzeny a jamais travaillé pour les services secrets israéliens ou si tout cela n’est qu’une invention du Mossad.

  4. Avec le peu d’argent que me laisse Macron je ne suis pas assez riche pour acheter le livre de Ronon Bergman mais si je lis un article en néerlandais où l’on en parle (https://nos.nl/nieuwsuur/artikel/2228218-70-jaar-israel-de-schaduwoorlogen-van-de-mossad.htm), je trouve :

    « Avec « Rise And Kill First », Bergman nous livre une étude impressionnante sur le Mossad. Il y décrit des opérations qui ont marqué l’histoire comme la poursuite du criminel de guerre Adolf Eichmann ou le recrutement le plus invraisemblable de l’histoire, celui du nazi Otto Skorzeny comme agent du Mossad. »
    Excusez-moi, mais je croirai plus volontiers la très officielle Nederlandse Omroep Stichting plutôt que vous.

  5. Elle ne marche pas la modération sur tribune juive ?
    Parce que le pourri qui encense les nazis sévit tranquillement.
    A-t-on besoin de leur donner le droit de s’exprimer ?
    Ce besoin de laisser s’exprimer les pourris n’est qu’un moyen pour ces derniers de venir cracher sur la mémoire de nos frères et sœurs assassiné.
    Pensez parfois à virer ces erreurs de la nature svp. Avec l’antisémitisme encore plus virulent que jamais, on a besoin de se retrouver sans que ces nazes puissent s’exprimer. Ils le font ailleurs.

  6. Skorzeny etait un brillant mercenaire hongrois qui travailait pour qui le payait,comme beaucoup de militaires hongrois depuis les Habsbourg.Il servait avec zele le maitre,dans le respect des traditions et fastes militaires exceptionnels des « magyars »,ancetres des « houzards »,les hussards.On ne peut pas plaquer quoi que ce soit sur ce genre de zebre,qui ne laisse prise a aucune ideologie.

  7. Quel étrange destin! Si on aime l’histoire du monde on trouve ici et là ce type de personnages. Mais bon, je ne leur accord évidement aucune sympathie. Ce sont souvent simplement des brutes dénoué de toute forme d’empathie, des êtres autant obsédés par le désir de survivre à tout prix que par celui de nuire, de détruire et de tuer. Certainement des pervers narcissiques pour la plupart d’entre eux, leur nature animale leur offre des destins hors du commun dont les récits peuvent nous distraire et nous surprendre mais ne doivent jamais nous séduire. Car ainsi allait leur vie: Séduire et tuer!

  8. « Un homme tue un homme, c est un assassin;il en tue des millions, c est un grand conquerant,il les tue tous, c est Dieu ».
    Rostand, »Pensees d un biologiste ».

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