Alors que s’accélère la course vers la première magistrature, Barack Obama et le Congrès américain préparent, chacun de son côté, une véritable curée contre l’Arabie saoudite.
C’est ce qu’a révélé le New York Times, il y a quelques jours, dans un article intitulé « La Maison-Blanche sur le point de divulguer les pages secrètes de l’enquête de l’attaque du 9/11 ». Au départ, les détails de cette enquête menée par une commission du Congrès s’étalaient sur 838 pages, dont 28 n’ont pas été divulguées lorsque le rapport a été rendu public en décembre 2002. Cette dissimulation avait été décidée par George W. Bush, qui avait argué que cette partie du document pouvait révéler certaines sources et méthodes des services de renseignements. On pense aussi que la protection des relations diplomatiques américano-saoudiennes avait fait pencher la balance de ce côté.
Aujourd’hui, cette affaire vient d’être remise sur le tapis, notamment à la suite de la récente visite assez tendue de Barack Obama (qui a toujours voulu lever le scellé sur la partie cachée) à Riyad. Pour sa part, le Congrès, qui voudrait aussi le plein éclaircissement sur ce sujet, a mis en ligne un site sur le web, baptisé 28Pages.org, qui en appelle au public pour signer une pétition appelant à avoir à sa disposition les points qui lui ont été occultés. Et ce site répond aux questions de législations d’un tel cas.
Ce chapitre du rapport est tenu secret, et son contenu pour ceux qui sont autorisés à le consulter reste sujet à diverses interprétations. Pour les uns, il laisse peser des soupçons sur l’Arabie saoudite dans l’attaque des Twin Towers à New York, le 11 septembre 2001. Pour d’autres, ce document relève d’un rapport préliminaire de police.
Rappelons que les 19 pirates de l’air du 11-Septembre étaient des ressortissants saoudiens. De son côté, le gouvernement de Riyad aurait déclaré, selon certaines sources, qu’il est injustement accusé de complicité dans cette attaque et qu’il aurait bien accueilli la divulgation des 28 pages. Ce qui lui aurait ainsi permis de répondre clairement aux accusations dont il est l’objet.
D’autres sources affirment toutefois que l’Arabie saoudite a menacé, par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères (et ancien ambassadeur à Washington), Adel Jubair, de céder ses capitaux américains dont la valeur s’élève, selon la revue Forbes, à 750 milliards de dollars, au cas où le Congrès voterait la résolution de la divulgation de ces 28 pages qui font polémique.
Enfoui au sous-sol du Capitole
Selon un analyste qui suit cette affaire, ni la commission d’enquête du Congrès ni la commission du 9/11 n’apportent des preuves de l’aide, en connaissance de cause, des officiels saoudiens à ceux qui ont orchestré les attaques ayant coûté la vie à environ 3 000 personnes. Et, selon Ben Rhodes, l’un de ses conseillers pour la sécurité nationale, Barack Obama a demandé au directeur du renseignement national, James Clapper, de revoir les papiers tenus au secret pour un possible déclassement.
Par ailleurs, de l’avis d’un groupe de membres républicains et démocrates du Congrès, la levée du secret n’a pas, sur le plan de la sécurité nationale, la capacité de nuisance qu’on lui prête.
Pour le moment, ce document cartonne dans les médias, alors qu’il est toujours conservé dans une salle sous haute sécurité au sous-sol du Capitole. Et les personnes autorisées à le consulter ne doivent pas être accompagnées de leurs collaborateurs, ne doivent pas prendre de notes et sont continuellement sous observation. Pour certains, en définitive, il serait plus propice de l’exhumer. Ce qui a fait dire au congressman de Californie Adam Schiff (également démocrate célèbre au sein du comité du Renseignement) : « Comme c’est souvent le cas, la réalité est moins préjudiciable que l’incertitude. » L’ancien sénateur démocrate de Floride, Bob Graham, qui a coprésidé un panel à ce sujet, espère quant à lui que cette décision « sera prise par égard pour le peuple américain ».
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