L’abbé Glasberg fut un héros de la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale et aussi l’un de ceux qui ont apporté une aide inestimable à la création de l’Etat d’Israël. Il reçut la Médaille des Justes de Yad Vashem à titre posthume et des expressions de profonde gratitude de la part des dirigeants de l’Etat d’Israël. Quel était cet homme remarquable que l’on connait à peine en France et dans le monde ?
Alexandre Glasberg est né en 1902, à Jitomir, en Ukraine. Son frère Vila naquit deux ans plus tard. Leurs parents les firent baptiser, alors qu’ils étaient enfants, probablement parce qu’ils pensaient que cette conversion les protégerait des persécutions antisémites. Les deux frères poursuivirent leurs études à Vienne, Autriche où ils avaient un oncle qui leur offrit l’hospitalité.
Durant cette période, Alexandre montra un intérêt particulier pour l’étude des religions et tout particulièrement les religions orientales. En 1932, les deux frères quittent l’Autriche pour la France et ils se séparent pour étudier chacun dans une institution différente. Alexandre entre dans un monastère et exprime le désir de devenir moine. Mais après un an, l’abbé lui fait savoir qu’il n’est pas fait pour être moine, et qu’il ferait bien mieux de poursuivre ses études dans un séminaire et considérer la prêtrise.
Il est admis au Séminaire-Université de Lyon et après son ordination en 1938, il devient l’assistant d’un prêtre dans une banlieue de Lyon, qui se consacre à l’aide sociale aux réfugiés qui viennent en France à la recherche d’un asile. Le jeune abbé s’attelle à cette tâche avec toute l’énergie qu’il possède; mais il réalise bien vite qu’il aura besoin de volontaires pour poursuivre sa mission.
Il fonde alors une organisation “l’Amitié Chrétienne” avec le soutien du cardinal Gerlier de Lyon, dont l’objectif principal consiste à offrir une assistance matérielle et morale aux personnes qui fuient le régime nazi – dont un grand nombre sont juifs. Glasberg, porteur d’une lettre signée par le cardinal déclarant qu’il est son représentant et accompagné de plusieurs collègues, entreprend alors de visiter les camps de détention qui ont été établies par le gouvernement de Vichy ( 24 camps au total selon certaines informations officielles).
Vêtu de sa soutane de prêtre, il arrivait dans les camps et demandait au directeur de lui permettre d’emmener tous les jeunes de moins de quinze ans, afin qu’ils puissent être “ réhabilités ”. Comme la plupart des fonctionnaires du gouvernement de Vichy étaient catholiques et que l’abbé représentait le cardinal, ils le laissaient prendre en charge ces enfants et adolescents, sans exiger davantage de justifications.
Sa tâche consistait non seulement à leurrer les autorités françaises, mais aussi à convaincre les parents juifs qui hésitaient à lui confier leurs enfants. Glasberg dut recourir à l’aide de volontaires de la communauté juive pour convaincre les parents que son but était de les sauver de la déportation et non de les convertir. Certains comprirent que cette démarche du prêtre n’était qu’un stratagème nécessaire pour obtenir que les autorités laissent sortir ces jeunes des camps d’internement.
Glasberg et ses collègues devaient ensuite trouver des institutions et des maisons privées qui puissent accueillir ces jeunes et ces adultes pour une courte ou longue durée. Dans bien des cas, il devait déplacer ces personnes d’un abri à un autre, afin de brouiller les pistes et semer la confusion parmi les membres de la police. En travaillant en coopération avec les militants de la résistance et les Eclaireurs Israélites de France, l’abbé Glasberg réussit à sauver des centaines d’enfants et d’adultes juifs de la déportation.
Parmi ceux qui furent ainsi extraits des camps d’internement, fut le jeune Adi Steg, qui devint plus tard un professeur célèbre qui assuma la présidence de l’Alliance Israélite Universelle pendants de nombreuses années.
Alors que ce système de sauvetage commençait à fonctionner avec quelque satisfaction, des dénonciateurs au service de la police allemande informèrent les agents de la Gestapo des activités de l’abbé Glasberg et ces derniers décidèrent de l’arrêter. Prévenus qu’ils pourraient le trouver dans une certaine maison privée, ils s’y rendirent et demandèrent à tous ceux qui étaient là de leur montrer leur papier d’identité. Quand un officier nazi vit le nom de ‘Vermont’, il pensa aussitôt qu’il pourrait s’agir du prêtre qu’ils recherchaient (car Vermont est la traduction française de Glasberg – mont de verre ). L’officier demanda alors : “Etes-vous Glasberg ?” Vila – le frère d’Alexandre – répondit par l’affirmative afin de protéger son frère. Il fut arrêté, déporté et assassiné dans les camps.
Quand Alexandre fut informé des circonstances de l’arrestation de son frère, il se réfugia immédiatement dans la clandestinité. Avec la coopération de l’Église, il adopta le nom de Elie Corvin et fut nommé prêtre d’une paroisse désaffectée dans le département du Tarn et Garonne, car l’évêque de la région faisait partie de la Résistance. L’abbé Elie Corvin joignit le mouvement lui aussi et participa activement à la lutte contre les occupants nazis et continua son travail de sauvetage des internés juifs et non-juifs. Il diffuse dans la région les Cahiers du Témoignage Chrétien, dont le père Chaillet est l’éditeur en chef depuis novembre 1941, il participe aux opérations de réception des parachutages de la RAF, prend part au Comité de Libération du Tarn et Garonne avant de retourner à Lyon, puis à Paris après la libération de la France.
Quand les Allemands envahirent la partie sud de la France, qu’on appelait la ‘zone libre’, durant l’été de 1942, ils entreprirent aussitôt d’arrêter les juifs en coopération avec la police française. Glasberg et ses collaborateurs se mirent alors à fournir des faux papiers d’identité à ceux qu’ils essayaient de secourir et ils s’efforcèrent de trouver des maisons d’accueil pour ces innocents qui risquaient d’être arrêtés et déportés.
Dans la biographie qu’il a consacré à Glasberg, Lucien Lazare, historien à Yad Vashem, Jérusalem, essaye de répondre à la question qui pré-occupa ceux qui avaient connu le prêtre. Quelle pouvait avoir été la raison qui motiva l’abbé à se consacrer à la tâche de sauver des enfants juifs ? Nous savons qu’il était prêtre catholique et qu’il resta fidèle à l’Église durant toute sa vie. Lucien Lazare présume que ce fut probablement l’influence de sa grand-mère qu’il aimait tendrement, qui dut l’inspirer en ce sens. L’abbé a écrit qu’il avait gardé un souvenir très vif des nombreuses soirées de Chabbat et des fêtes juives qu’il avait passées chez sa grand-mère.
Par ailleurs il connaissait parfaitement le Yiddish et lisait l’hébreu. Tzaban, l’assistant de Moché Snéh de l’Agence Juive, a rapporté dans ses mémoires que fatigué d’avoir à attendre la traduction simultanée de son exposé du français à l’hébreu avant de pouvoir continuer sa présentation lors d’une réunion publique qui se tint en 1973, l’abbé demanda la permission de parler en mama-loschen, c.a.d. en Yiddish.
Certains membres de sa famille, ont eu de la peine à lui pardonner le fait qu’il s’était converti au Catholicisme. Le Général (ret.) Yosef « Yoshkeh » Geva, un distant cousin de Glasberg se rappelle que pour son père et son grand-père, l’abbé n’existait plus. Geva refusa de rencontrer Glasberg pendant toute sa vie. “Dans notre famille,” disait-il, “ la conversion au Christianisme était considérée comme le pire des péchés”. Mais après la mort de Glasberg en 1981, Geva accepta de participer à diverses manifestations qui étaient destinées à perpétuer sa mémoire.
Une collaboratrice de l’abbé écrivit dans ses mémoires: “ L’abbé ne craint pas plus la hiérarchie que l’autorité, et n’hésite pas à enfreindre la légalité pour arriver à ses fins ”. Selon Richard Prasquier, président du comité français de Yad Vashem, “ L’abbé prend tranquillement l’habitude du travail clandestin, en cachette d’une hiérarchie frileuse ” .
Il fournit des faux-papiers, organise des passages en Suisse, déplace les personnes menacées d’un centre à un autre, trouve des cachettes par l’intermédiaire des membres de son réseau, etc. Il participa aussi au sauvetage de 108 enfants juifs qui avaient été arrêtés en août 1942 et internés au camp de Vénissieux.
APRES LA LIBERATION
En 1944, avec l’accord de la hiérarchie catholique, Glasberg ouvrit un centre à Paris dont le but est d’offrir une assistance morale et matérielle aux réfugiés de toutes les nations et des survivants des camps de concentration. Il nomme ce centre, le Service des Etrangers, puis Centre d’Orientation Sociale des Étrangers en 1946, et finalement Centre d’Orientation Sociale en 1960. En 1971, il est co-fondateur de l’association France Terre d’Asile. Cette nouvelle mission exigea qu’il se mette en contact avec l’Agence des Réfugiés de l’ONU et l’Agence juive qui s’efforçait d’organiser l’acheminement vers Israel des survivants de la Shoah.
Ce centre fut bientôt reconnu par les autorités françaises et aussi par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés. Ce fut l’organisation à la quelle se consacra l’abbé jusqu’à sa retraite. Grâce aux relations personnelles qu’il avait établies durant la guerre avec nombre d’anciens résistants qui font maintenant partie du nouveau gouvernement français, l’abbé fut en mesure de faciliter l’immigration clandestine en Palestine de nombreux rescapés des camps. Il accepta même de mener plusieurs missions importantes pour l’Agence juive et la Haganah durant les années 1944 à 1948.
Il existait à l’époque une tension entre les dirigeants du Ministère des Affaires Etrangères, qui avait adhéré à la demande britannique de fermer les portes de la France aux immigrants juifs illégaux, et le Ministère de l’Intérieur, qui était favorable aux aspirations juives. Glasberg profita de cette situation pour convaincre les fonctionnaires du Ministère de l’Intérieur d’accepter les visas de transit de ces immigrants -dont certains avaient été forgés- et de permettre aux bateaux transportant ces immigrants de quitter les ports français sous le faux prétexte qu’ils faisaient route vers la Colombie, Cuba ou d’autres pays, alors que leur vraie destination était la Palestine. C’est ainsi que Glasberg fit la connaissance de plusieurs membres du Mossad. Quand ces derniers lui demandèrent de les aider, il n’hésita pas à leur offrir ses services. Il fut capable de résoudre nombre de problèmes difficiles grace à son habileté exceptionnelle de négociateur. Un seul exemple nous suffira.
Dès que les Nations Unies adoptèrent la résolution du partage de la Palestine, cinq armées arabes attaquèrent le nouvel état juif qui n’avait que trois groupes de militants, mais pas encore une armée, à proprement parler. Et il n’avait pas un seul avion. Les membres du Mossad réussirent à obtenir que le gouvernement tchèque leur vende quatre vieux Messerschmidts, qui avaient appartenu à l’armée allemande. Mais les autorités tchèques ne permirent pas qu’ils soient transportés dans les avions-cargo géants d’une compagnie américaine. Ce fut l’abbé qui devisa la solution de ce problème. Il suggéra que les avions soient démontés et transportés en Corse dans des avions cargo de capacité moyenne et de là, les avions américains les transportèrent à Tel Aviv. Les Messerschmidts furent ré-assemblés en une nuit et furent prêts à partir au combat dès le lendemain, sans même avoir été testés. Ce fut l’abbé qui obtint la permission de la Corse pour que les avions-cargo américains puissent atterrir sur son sol.
Glasberg apporta aussi son aide d’expert-négociateur dans l’affaire de l’Exodus. Il réussit à obtenir des visas collectifs pour les milliers d’immigrants qui devaient se rendre au port de Sète, et aussi le permis nécessaire pour le bateau nommé ‘ Exodus 1947 ’ de quitter ce port de France alors que les Britanniques étaient déterminés à bloquer ce départ. Le bateau leva l’ancre au milieu de la nuit mais les Britanniques le poursuivirent jusqu’à Haifa et forcèrent les passagers à retourner en France. Quand les immigrants refusèrent de débarquer à Port de Bouc – sauf pour quelques malades qui furent placés sous la charge de la Croix Rouge – les Britanniques forcèrent les immigrants à retourner en Allemagne ou ils furent acheminés vers des camps de personnes déplacées. Glasberg fut l’un des principaux militants qui s’efforça d’enrôler l’opinion publique française contre la politique britannique et contre le retour forcé des réfugiés sur le territoire français.
L’abbé intervint aussi au moment ou l’ONU allait se prononcer sur la question du partage de la Palestine, il essaya de convaincre le Vatican et les pays d’Amérique latine de voter en faveur de cette solution. L’abbé avait peur que le Vatican ne s’oppose à la création d’un état juif, car pour l’Eglise – du moins à cette époque – les souffrances du peuple juif devaient être considérées comme un châtiment divin pour le fait qu’ils avaient rejeté Jésus en tant que Messie. Du point de vue personnel, Glasberg était opposé au plan de partition et à la création d’un état juif indépendant, il aurait préféré un Etat binational.
Néanmoins, il accéda à la demande du représentant de l’Agence Juive en Europe, Moshe Sneh. Il l’aida à se mettre en contact avec le nonce apostolique à Paris, Mgr Angelo Roncalli (qui devint plus tard le pape Jean XXIII, qui succéda au pape Pie XII). Pendant les années de guerre, alors qu’il était nonce apostolique en Turquie, Roncalli contribua au sauvetage de centaines d’enfants Juifs.
Glasberg écrivit un manifeste pour montrer l’avantage qu’un état juif pourrait donner à l’Eglise au Proche Orient, et sollicita une audience avec le pape Pie XII. Ce dernier refusa de la lui accorder mais il suggéra qu’il rencontre le « ministre des Affaires Etrangères, » du Vatican, le cardinal Domenico Tardini.
En fin de compte, le Vatican refusa de soutenir la création de l’état d’Israël, mais il ne s’opposa pas à sa création. L’Agence Juive estima que cette attitude de neutralité influença la plupart des états d’Amérique latine à voter en faveur du plan de partage.
L’Agence Juive demanda alors au « prêtre » ce qu’elle pouvait faire pour lui exprimer sa reconnaissance pour les inestimables services qu’il avait rendus à la Haganah et l’Etat d’Israël. L’abbé demanda la faveur de visiter un nombre de sites en Israël et les ruines du ghetto de Varsovie. Ces deux visites furent organisées l’une après l’autre, quelques semaines avant la déclaration de l’établissement de l’état. Il fut accompagné dans sa visite à Israel par Lova Eliav et rencontra à Jérusalem le commandant de la Haganah, David Shaltiel, qui le remercia vivement pour tout ce qu’il avait fait pour l’état. Mais il ne put s’empêcher de lui demander la faveur de l’aider à établir des contacts avec les dignitaires de l’Eglise dans la vieille ville de Jérusalem. Ces contacts permirent à la Haganah de surmonter le siège de Jerusalem.
A ce moment, Shlomo Hillel de l’Agence Juive, demanda au “ prêtre “ un autre service, celui de l’aider à trouver une solution qui permettrait aux Juifs d’Irak d’immigrer en Israel, en dépit du refus du gouvernement irakien de laisser tout juif sortir du pays.
Hillel écrit dans son journal:.. « Après la création de l’Etat, le gouvernement irakien adopta diverses mesures contre la communauté juive. Comme j’étais à Paris, j’ai rencontré le ‘prêtre’ et je le mis au courant de notre problème. Il conçut immédiatement un plan qui permettrait de résoudre cette question si la communauté catholique assyrienne qui résidait à la frontière entre l’Iran et l’Irak était prête à l’aider à accomplir cette tâche.
Glasberg et Hillel se rendirent aussitôt en Iran; le ‘prêtre’ rencontra les prélats de la communauté assyrienne et leur demanda de l’aider à organiser une filière qui devait permettre aux juifs Irakiens de traverser la frontière sans être arrêtés par les forces irakiennes. Plus de 12.000 d’entre eux réussirent à s’enfuir d’Irak et entrer en Iran en l’espace de deux ans. Apres cette période, le gouvernement irakien finit par permettre aux juifs de quitter l’Irak librement.
L’une des questions qui pré-occupa beaucoup ceux qui avaient connu le ‘prêtre’ fut la suivante: Quelle pouvait avoir été la raison qui le motiva à se consacrer à la mission de sauver des enfants juifs ? Après tout, il était un prêtre catholique et est resté fidèle à l’Église durant toute sa vie. L’historien Lucien Lazare, qui a écrit la biographie de l’abbé Glasberg, présume que ce fut probablement l’influence de sa grand-mère qu’il aimait tendrement et chez qui il avait passé de nombreuses soirées de Chabbat, ainsi que le Seder de Pessah et d’autres fêtes, qui l’inspira durant toute sa carrière. Il est aussi possible qu’elle lui ait raconté l’histoire de ce jeune marrane qui était devenu prêtre pour pouvoir protéger sa famille des agissements des agents de l’Inquisition.
Glasberg connaissait parfaitement le Yiddish. Tzaban, l’assistant de Moche Sneh de l’Agence Juive, a écrit dans ses mémoires que lors d’une réunion publique qui se tint en 1973, l’abbé, fatigué d’avoir à écouter constamment la traduction simultanée de son exposé, du français à l’hébreu, demanda la permission de parler en mamé-loschen, c.a.d. en Yiddish.
Lorsqu’on demanda à Glasberg s’il accepterait d’être reconnu comme un Juste parmi les Nations (titre réservé aux non-juifs), il refusa parce qu’il se considérait comme juif et non comme un Gentil.Le comité officiel de Yad Vashem conféra ce titre à l’abbé et son frère Vila à titre posthume, vingt-deux ans après sa mort le 12 janvier 2004 à Lyon. L’abbé reçut la médaille de Chevalier de la Légion d’Honneur en 1972 et d’autres accolades. Il décéda le 22 mars 1981, dans une maison de retraite pour prêtres.
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Note personnelle :
Dès que Lucien Lazare m’offrit son livre, il y a quelques années, j’ai conçu le projet de le traduire en anglais et je suis heureux d’avoir accompli cette tâche pour le public de langue anglaise.
Lazare Lucien, L’abbé Glasberg. Paris : Editions du Cerf, 1990.
Lucien Lazare, The Mission of Abbé Glasberg, Amsterdam Publishers, mars 2016
Au fond, il aura fallu 26 ans pour que l’un des héros de l’Aliyah des Juifs en Israël soit rappelé, le livre de Lucien Lazare est excellent. Il est important aussi qu’il paraisse en anglais, peut-être un jour en hébreu. L’abbé Glasberg ne fut pas un prêtre entre guillemets… il a au moins eu le mérite de ne rien exiger de la part du gouvernement israélien qui lui doit beaucoup. Il a été reconnu comme Juste parmi les Nations au titre de non-juif. Et pourtant, il a passé sa vie au milieu des siens. L’Evangile parle « de signe de contradiction » et c’est exact car en fait peu de Juifs peuvent admettre qu’un homme comme l’abbé Alexandre Glasberg était, comme tout juif de confession chrétienne, un « natif » d’ISraël, à son corps défendant ou à la révulsion des juifs. L’histoire choque sans que l’on comprenne parfois le sens du sacrifice. J’ai bien connu l’abbé Glasberg lorsqu’il était à l’O.S.E. à la fin de la guerre et plus tard. Et, de fait nous avons toujours parlé yiddish. Ce fut aussi le cas de l’abbé Kurt Hruby qui est intervenu pour que l’Eglise catholique latine parvienne à changer son attitude lors du concile de Vatican II. Je diffuserai le livre en anglais car cela correspond davantage aux personnes que je rencontre. J’écris parfois sur lui en hébreu et en yiddish sur mon Facebook, mais cela reste sans doute plus que confidentiel! Ce sont des situations apparemment atypiques ou « electrons libres » qui souvent, comme dans le cas de l’abbé ont permis des actions d’unité en vue du bien de tous.Car l’abbé Glasberg n’a pas seulement sauvé des Juifs et sa connaissance du monde slave a été importante…
Il y a un autre prêtre, le père Abraham Shmuelov, qui fut hazzan dans le ghetto boukhare de Jérusalem, puis prêtre grec-catholique melkite – un home simple, dont les cassettes sur la prononciation hébraïque continuent d’être diffusée; il combattit aux côte de l’Irgoun, avec Menahem Begin et reçut d’emblée la nationalité israélienne le 15 mai 1948. Le nombre de ces cas est impressionant ,selon encore faut-il accepter (c’est vrai des Juifs comme des chrétiens) de voir que cela ne s’explique peut-être pas uniquement par une grand-mère par-ci ou des facteurs « logiques ». Le Rabbin allemand Leo Baeck, déporté à Theresienstadt, a eu raison de dire « que rarement la conversion d’un Juif au christianisme a témoigne d’un acte courageux de sacrifice ». L’Abbé Glasberg en reste un exemple.
Thanks for the great article on Alexandre Glasberg.
For English readers please see: http://viewBook.at/Glasberg