C’est un (tout petit) festival qui vient de naître à Casablanca. Du 25 au 27 avril à 19 heures au Stade olympique casablancais (SOC), le « Casablanca Jewish Festival » prévoit la projection de trois films sur les juifs marocains en présence des réalisateurs et suivis de discussions.
Le premier film « Marocains juifs, des destins contrariés”, du réalisateur Younes Laghrari, sera projeté le 25 avril. Construit sur des témoignages de Marocains juifs du Maroc et de la diaspora (Israël, France), et enrichi par les explications d’historiens qui mettent en perspective le contexte historique de l’époque, le film se penche sur les raisons historiques du départ de la communauté juive du Maroc. La projection sera suivie d’un débat avec Simon Skira, producteur associé et président fondateur de l’association d’amitié Israël-Maroc.
Mardi 26 avril, c’est « L’Orchestre de Minuit » de Jérôme Cohen-Olivar (avec Hassan Elfad et Gad Elmaleh) , qui sera projeté en présence du réalisateur. Le film retrace le parcours d’un trader israélien qui vit aux Etats-Unis et part retrouver son père, ancien chef d’orchestre, à Casablanca.
Enfin, “Aïda la revenante”, histoire d’une jeune femme juive marocaine (interprétée par Noufissa Benchahida) atteinte d’une maladie incurable qui décide de rentrer chez elle au Maroc, sera projeté mercredi 27 avril, en présence de son réalisateur Driss Mrini.
« Le film trouve sa source dans les nombreuses questions qui me trottaient dans la tête depuis un long moment : Pour quelles raisons une des communauté constitutive de la nation marocaine a décidé de quitter définitivement son pays natal et ce en plusieurs étapes. Que s’est-il passé pour qu’à des dates clés de l’Histoire contemporaine du Maroc, des vagues d’émigration vident le pays de ses citoyens juifs.
Cette curiosité fut attisée d’autant plus qu’aucune réponse à mes questions ne se trouvait dans nos livres d’histoire ! »
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S’il parle des livres d’histoire au Maroc je n’en doute pas… Aussi je conseillerais à monsieur Younes Laghrari de lire ces deux livres :
-L’exil au Maghreb: la condition juive dans l’Islam, 1148-1912, de Paul B. Fenton et David G. Littman.
-Juifs en pays arabes : Le grand déracinement 1850-1975, de Georges Bensoussan.
Il y trouvera beaucoup de réponses…
Bref, je ne les ai pas vu mais je crains le pire entre ce « documentaire » et le film où une juive marocaine (joué par une musulmane) décide de revenir pour mourir « chez elle » au Maroc. Deux films réalisés par des musulmans évidement…
Tous ces marocains et surtout ces juifs marocains qui nous parlent encore d’une sorte de « paradis » sur Terre marocain oublient un peu vite que leurs souvenirs datent d’une époque où le Maroc était un protectorat français. Présence française qui permit à beaucoup de juifs de sortir du Mellah…
Georges Bensoussan explique très bien cette mémoire sélective tout en faisant remarquer que le jour où le Maroc à retrouvé en 1956 son indépendance pour devenir un État « arabe et musulman » qui rejoignit dès 1958 la Ligue Arabe fondée par les Saoudiens, les juifs ont décidé de partir. Comme si dans leur mémoire le souvenir enfoui et inconscient du Mellah refaisait surface avec tout son cortège ancestral d’humiliation et d’iniquité.
Sinon on peut aussi demander à Daniel Sibony, né au Maroc, de nous parler de son enfance et des pierres que les juifs recevaient encore parfois, comme ça, par habitude, jetées par de jeunes musulmans au Yahoud. Lui ne regrette pas d’en être parti…
« Pour quelles raisons une des communauté constitutive de la nation marocaine a décidé de quitter définitivement son pays natal et ce en plusieurs étapes. »
Parce que la nation marocaine est née en 1956 en tant que nation « arabe et musulmane », avec adhésion à la « Ligue Arabe » dès 1958. Et malgré les belles paroles rassurantes envers les juifs, ces derniers comprirent qu’ils en étaient de facto exclus, car n’ayant jamais été considérés comme arabes. Les juifs ont bien sentis l’embrouille et qu’à terme leur futur ne serait qu’un retour vers le passé. Ils ont donc décidé de partir même à contre-cœur pour une partie d’entre eux. Les « sionistes », explication de feignants et coupable idéal pour nier la réalité chez les arabo-musulmans, n’y est fondamentalement pour rien.