Avec son folk envolé et sa pop léchée, Lola Marsh est la réjouissante découverte de ce début d’année. Après la sortie de son premier EP en janvier dernier, le groupe israélien s’est produit mercredi aux Etoiles, à Paris. C’est là que nous l’avons rencontré.
C’est sans aucun doute la révélation pop-folk de ce début d’année. Le groupe israélien Lola Marsh s’est produit mercredi soir aux Etoiles, une petite salle de concert du Xe arrondissement de Paris. C’est là que nous avons pris rendez-vous avec eux, quelques heures avant leur prestation. A peine somme-nous entrés dans la loge que Yael, la chanteuse, s’avance naturellement pour nous serrer la main. Mais se recule presque immédiatement. “Mince, je viens de mettre du vernis. D’ailleurs, c’est comment ? Je n’ai pas débordé ?”, lâche-t-elle avant d’éclater de rire.
La jeune artiste aux lèvres pulpeuses et au regard incendiaire ressemble à s’y méprendre à l’actrice espagnole Penelope Cruz. “On lui dit tout le temps”, s’amuse d’ailleurs Gil, le guitariste du groupe, barbe touffue et cheveux en bataille. Pour l’interview, les deux complices se nichent dans un petit canapé rouge, au fond d’un couloir étroit à côté de leur loge.
C’est confortablement installés qu’ils nous racontent la genèse du groupe, en 2013, à Tel-Aviv. “Nous venons tous les deux de Tel-Aviv et nous nous sommes rencontrés grâce à des amis communs il y a quatre ans et demi, explique Yael. Il a joué quelque chose, j’ai chanté quelque chose. Et là, on a su. Il m’a regardée, je l’ai regardé et on s’est dit : ‘tu veux qu’on monte un groupe ensemble ?’ Et c’était parti.” Gil confie avoir “adoré sa voix dès la première note”. Une voix rocailleuse et envoûtante, capable de passer des graves explosifs aux aigus cristallins.
Une opération salvatrice
Sur son premier EP, sorti en janvier dernier, la formation surfe sur la vague pop-folk. Des morceaux qui rappellent à plusieurs reprises les musiques des vieux westerns. Et pour cause : il s’agit d’une source d’inspiration, nous confie la chanteuse. Un mélange chimérique entre les mélodies célestes d’Agnès Obel et la voix tremblante de Lana Del Rey. Le tout accompagné d’un accent enchanteur venu d’Israël. Pourtant, ça n’a pas toujours été le cas.
“J’ai subi une opération des cordes vocales quand j’étais ado. Et ma voix a changé. Je devais tout réapprendre. Mais quand j’ai rencontré Gil, il m’a dit ‘on emmerde ton ancienne voix, celle-là est géniale”. Il clame d’ailleurs que cette opération est la meilleure chose qui soit arrivée à Yael. “Je cherchais quelque chose de différent dans la voix, surtout pour une voix féminine. Quelque chose de “rouillé”. “Tu es en train que je suis ‘rouillée’ ?”, rétorque Yael d’un air agacé. Avant d’éclater de rire.
L’alchimie entre les deux artistes crève les yeux. Pourtant, le duo n’en restera un que pendant un an et demi. “On voulait vraiment s’agrandir, alors on a trouvé trois supers mecs pour jouer avec nous (un claviériste, d’un bassiste et un batteur) et on est passé à cinq”, explique Yael. Depuis, Lola Marsh enchaîne les concerts, en Israël et à l’étranger. Et même en tournée, les deux compères trouvent du temps pour écrire. “Seulement quand ça devient ‘brûlant’, métaphorise Yael. Une manière pour eux de mettre sur le papier ce qu’ils n’arrivent pas à exprimer à haute voix.
Un album à paraître… avec un an de retard
A quelques heures de monter sur la scène de leur premier concert parisien, les deux artistes ne semblent pas anxieux. Pas même après les dramatiques attaques du 13 novembre qui avaient, entre autres, endeuillé la salle du Bataclan. “C’est une situation de merde. Mais on ne doit pas s’empêcher de vivre”, réagit Gil qui confesse ne même pas y avoir pensé avant qu’on n’aborde le sujet. Yael affirme de son côté ne pas vouloir vivre dans la peur, même si elle est bel et bien présente. “The show must go on”, lâche-t-elle, un sourire en coin.
L’album de Lola Marsh devrait sortir à l’automne prochain… avec un an de retard. “On a beaucoup voyagé pour faire des concerts. On a signé avec des labels étrangers…”, se justifie Gil. “Mais c’est bien en même temps, on prend notre temps et on y va étape par étape”. Cela dit, sortir son album avec du retard n’est pas toujours un mal. C’est même l’apanage de beaucoup d’artistes à succès. C’est tout le mal qu’on leur souhaite.
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