A Bercy s’est tenue le 6 avril dernier la 3ème édition de la journée de l’Innovation France Israël, au cours de laquelle le magazine Israël Science Info a été diffusé massivement. L’un des orateurs était Elie Lobel, nouveau DG d’Orange Healthcare, filiale santé d’Orange Business Services. Il souhaite étendre les partenariats d’Orange avec les sociétés israéliennes d’e-santé dont le savoir-faire algorithmique et la capacité à traiter du big data médical sont reconnus mondialement. Emmanuelle Pierga, directrice de la Communication chez Orange Helathcare, rappelle que lors de sa récente visite en Israël, Marisol Touraine avait été accompagnée d’une délégation de sociétés françaises intéressées par l’expertise israélienne dans le domaine de l’e-santé.
Interview :
ISI Mag : Comment avez-vous approché l’écosystème de santé israélien ?
Elie Lobel : Orange a une très forte présence en Israël. Depuis 2014, Orange a ouvert « Fab Israel» un accélérateur de start-ups et a déjà accéléré 15 start-ups israéliennes dont la société mPharma qui a développé un des plus grands réseaux de prescriptions électroniques. Cela intéresse notamment les pays où l’accès aux soins est difficile, comme l’Afrique. Orange Healthcare fournit des services numériques et télécoms avancés à l’ensemble des acteurs du monde de la santé et travaille avec des centaines de clients : hôpitaux, institutions, fabricants de matériel médical, labos pharmaceutiques, assureurs… et fournit ses services dans plus d’une vingtaine de pays (en France, en Europe, aux USA et en Afrique). Jusqu’ici je travaillais pour l’agence du ministère de la santé en charge du développement de la e-santé en France et à ce titre j’ai piloté de grands projets. J’ai aussi eu la chance de participer à des conférences sur la santé digitale en Israël, à l’invitation d’une part de Business France, et d’autre part des services de l’ambassade d’Israël en France. J’ai ainsi eu l’occasion de découvrir l’écosystème de santé israélien et les start-ups du monde de la santé digitale.
ISI Mag : Pourquoi l’écosystème israélien est-il si original ?
Elie Lobel : Pour plusieurs raisons : ce système est organisé autour de 4 grandes organisations (HMO en anglais, Kupat Holim en hébreu) qui sont à la fois des assureurs et des fournisseurs de soins. Ces organisations informatisent depuis plus de 20 ans le parcours de soin du patient aussi bien sur la dimension médico-administrative que sur les dimensions clinique et biologique. Ce pays compte 8 millions d’habitants, chaque Kupat Holim suit environ 2 millions de patients, et dispose donc sur eux de bases de données qui sont d’une grande exhaustivité et assure à Israel un leadership sur le big data médical. On a aussi en France de grandes bases de données (SNIIRAM et PMSI), mais elles n’ont pas la profondeur en termes de données cliniques et biologiques des banques de données israéliennes. La loi de santé publique de janvier 2016 doit d’ailleurs faciliter l’accès à ces données pour les exploiter à des fins de santé publique. Par ailleurs, ce qui pourrait donner des partenariats de grande qualité avec la France, où les data scientists sont bons, c’est le savoir faire algorithmique qui est très important en Israël. Une des Kupat Holim a développé un algorithme capable, chez des patients qui ont un diabète équilibré, de prédire avec 5 années d’avance les patients à fort risque de déséquilibrer leur diabète et donc de souffrir de multiples complications nécessitant des hospitalisations à répétition. On peut donc contacter ces patients et leur proposer de démarrer des programmes de coaching intensif pour réduire leurs risques, c’est une application à très forte valeur ajoutée…
Interview réalisée par Esther Amar, fondatrice de Israël Science Info
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