Un article de Marc Knobel [1] sur trop-libre
L’expression de l’antisémitisme sur le Net ne cesse de croître. Explosion des propos négationnistes, complotistes, racistes sur les réseaux sociaux ou sur des sites ouvertement islamistes. La culture numérique mainstream est d’ailleurs l’objet d’une récupération par cette frange extrémiste qui pullule sur Internet, devenu fer de lance du prosélytisme (voir son livre à ce sujet).
Retrouvez la nouvelle analyse de cet éminent spécialiste d’internet, des réseaux sociaux et de la propagation de l’antisémitisme; brillante comme toujours.
« Tous ceux qui considèrent l’antisémitisme comme une violence intolérable devraient s’inquiéter si ce n’est même s’alarmer de ce qui est en train de se passer sur le Net. On y voit, depuis plusieurs années, se multiplier les sites militants et propagandistes qui défendent les thèses néonazies, négationnistes, complotistes et des sites islamistes, racistes et/ou faisant l’apologie du terrorisme. Il est vrai que des groupes et groupuscules violents exploitent le net avec une relative efficacité parce qu’ils comprennent aisément le parti qu’ils peuvent tirer d’une utilisation rationnelle et systématique d’internet. Cette situation s’est aggravée au fil du temps à la faveur de l’évolution technologique et informative, et plus récemment encore, avec l’apparition des réseaux sociaux. Dans cette étude, nous recensons et analysons de manière précise et méthodique les différents rouages d’une machine qui, réconciliant libéraux et libertaires dans une même passion technophile d’une liberté d’expression sans la moindre limite à l’échelle planétaire, constitue le refuge de tous les excès.
Les sites islamistes
Nombre d’écrits sur les sites islamiques développent des discours anti-occidentaux qui trouvent leur justification, sous une forme ou sous une autre, dans les textes sacrés. On s’étend longuement sur la corruption de la parole divine (le Coran) par les juifs et les chrétiens, qui prêchent par anthropomorphisme, associationnisme et idolâtrie. L’Occident impie est ensuite élevé au rang d’ennemi absolu, puis les diatribes anti-américaines et antisionistes viennent clore le tout. Elles sont si virulentes qu’elles ne doivent pas manquer d’échauffer les esprits de certains jeunes déjà perturbés, en quête d’identité et confrontés au dilemme de vivre dans un choc de cultures. Bref, des sites fondamentalistes qualifient systématiquement l’ennemi, en appellent au djihad et encouragent les attentats terroristes. En 2010, Grâce à des spécialistes de l’islam radical, le journal français Le Parisien a accédé à divers sites sur Internet[2]. La mouvance islamiste utilise elle aussi le « réseau des réseaux » et les sites qu’elle rassemble sont foisonnants et terriblement dangereux. Ces textes, parfois longs de plus de cinquante pages, sont traduits en français. Ainsi, sur un « forum islamique », l’Égyptien Ayman al-Zawahiri, le chef d’Al-Qaïda, répond longuement (mais pas en direct) à des questions d’internautes. L’un d’eux demande s’il faut « partir au combat ». « Oui, l’assure al-Zawahiri, il y a la possibilité de partir en Irak ou en Afghanistan si la personne trouve un guide de confiance[3]. » Parmi des récits de « référence », on trouve aussi un « Message à la jeunesse » d’Abdullah Youssouf Azzam, cheikh palestinien qui fut à l’origine du premier djihad en Afghanistan. « Rien que le djihad et les armes. Pas de négociation, pas de discours, pas de dialogue », répète celui qui fut l’un des modèles de Ben Laden. « Allah nous prépare pour la victoire », affirme pour sa part, sur une trentaine de pages traduites à partir de cours enregistrés, l’Américain d’origine yéménite Anwar Al-Awlaki. Cet imam extrémiste de 38 ans a été abattu au Yémen fin 2009. Propagandiste djihadiste, il avait fait de la Toile son principal outil d’influence et passe pour avoir été le « conseiller spirituel » de trois des auteurs des attentats du 11 septembre 2001 et plus récemment de Nidal Malik Hassan, un psychiatre de l’armée américaine qui a tué treize personnes en 2009 au Texas.
Ces discours guerriers s’adressent également aux femmes, les « cavalières de l’islam » (combattantes tchétchènes ou palestiniennes…)[4].
Salafisme ?
Chercheur au Centre d’études et de recherches internationales de l’université de Montréal (Canada), Samir Amghar est membre de l’Institut d’études de l’islam et des sociétés musulmanes (IISMM). Interrogé par Le Parisien[5], il estime qu’« Internet est devenu la principale source d’information religieuse, mais aussi le principal pourvoyeur de radicalité. Ce n’est plus tant dans les mosquées, lieux traditionnels du débat mais aussi du recrutement des djihadistes avant le 11 Septembre 2001, et où les imams se savent aujourd’hui très surveillés par les services de renseignement, que le jeune musulman français se rend ». À la question de savoir pourquoi une telle personne pourrait être sensible à ce discours, il répond : « Ce jeune âgé de 15 à 35 ans, souvent issu de la deuxième ou troisième génération de l’immigration, est mû par un double besoin de rupture : à l’égard de ses parents, dont il considère l’islam routinier, et du fait de sa quête d’identité. Sa revendication d’un islam éclairé comporte une forte dimension protestataire. » À la question de savoir quelles tendances de l’islam on trouve sur la Toile, Samir Amghar répond : « Toutes. Mais un site sur deux est, selon moi, de tendance salafiste. Car le salafisme, mouvance fondamentaliste qui a pour référence les théologiens d’Arabie saoudite, a été le premier à fonder son mode de prédication et de recrutement de fidèles sur cet outil. On y distingue deux tendances : le salafisme djihadistes, minoritaire, qui prône la violence comme moyen d’imposer la primauté de l’islam dans le monde, et le salafisme quiétiste, qui récuse la violence terroriste tout en préconisant la distance avec l’Occident impie et ses valeurs. Cette mouvance supplante deux autres tendances : les Frères musulmans, dont l’influence s’exerçait par les cours, la diffusion de cassettes et DVD, et les conférences ; et le Tabligh, qui utilisait le porte-à-porte. »
Vidéos, selfies et nasheeds ?
2014-2015 : des dizaines de djihadistes français ou belges se trouveraient en Syrie. A quoi ressemble leur vie là-bas? Souvent très jeunes, ils tiennent la chronique quotidienne de leurs faits et gestes justement sur… Facebook ou sur YouTube. Un jeune qui se fait appeler Abou Abda -il serait originaire de la région bordelaise- va à la rencontre de jeunes Français qui ont pris les armes contre l’armée d’Assad. Point d’ordre de cette propagande, un homme qui dit avoir été anciennement militaire dans l’infanterie parachutiste et qui encourage maintenant le Djihad. Des francophones qui se mettent également en scène sur fond de musique religieuse: on voit par exemple neuf moudjahidines, ils ont le visage recouvert et portent ou brandissent des kalachnikovs. Ils chantent des nasheeds (poèmes musulmans musicaux). Les paroles sont édifiantes: « Nos efforts sont pour Allah et c’est tant mieux que nous avons la foi… contre les mécréants et (pour) se venger de leurs dégâts… Les ennemis d’Allah, le châtiment vous attendra… Un hommage à Oussama, le seigneur des batailles augmente la foi. » On l’aura donc compris: l’essentiel de l’endoctrinement se fait le plus souvent à partir de vidéos diffusées sur YouTube principalement et certaines de ces vidéos ont été visionnées par des milliers et des milliers d’internautes. C’est ainsi que de nombreux recruteurs postent donc des photos et des vidéos ou des « selfies » pour glorifier le Djihad C’est ainsi que la Toile et les vidéos s’imposent aujourd’hui comme le meilleur « sergent recruteur » des apprentis djihadistes européens vers la Syrie.
Les sites d’extrême droite
Les sites Internet d’extrême droite pullulent sur la Toile. Ils s’illustrent par un antisémitisme outrancier. En quelques clics ou en effectuant une recherche à base de mots-clés, nous tombons assez facilement sur des blogs ou des sites affichant des contenus xénophobes. Les textes publiés répondent à une logique implacable. Ils s’adressent à des militants ou des gens désillusionnés par la politique et le système, c’est évident. Il s’agit alors d’animer leur militantisme, de l’affirmer ou de l’encourager. Il s’agit aussi de briser les tabous, de les conforter dans leurs choix idéologiques. Ces sites ne sont pas de simples défouloirs. Ils poursuivent un objectif politique. Pour la France, Le Monde du 4 juillet 2011 a mené un très intéressant travail cartographique de l’ensemble de la blogosphère politique en 2011[6]. Or, en 2007, la proportion de blogs se rattachant à la famille de l’extrême droite dans la blogosphère politique avait été évaluée à 4,4%. En 2011, elle s’élève désormais à 12,5 %, soit 132 sites sur un total de 1 052. Internet est effectivement devenu l’un des terrains de jeu privilégiés des droites extrêmes. Celles-ci ont très vite investi ce nouveau média pour en faire ce qu’elles appellent un « outil de ré-information » et contourner « la pensée unique ». Un autre site, transeuropeextremes.com, a répertorié pour la France 377 sites et blogs à tendance ultra-droite et les a classés par familles : les identitaires, la droite nationale, les traditionalistes, l’entourage du FN, les tendances réactionnaires. Bref, tous les courants de l’extrême droite y sont représentés, sans toutefois de véritable unité idéologique. On peut identifier : un courant « identitaire qui s’oppose au métissage et se positionne violemment contre l’islam. Il a pour horizon une grande Europe des « patries charnelles » qui se résume in fine à une Europe-continent blanc ; D’autres sites représentent le courant « nationaliste révolutionnaire » (NR). Ils sont à la fois nationalistes, anticapitalistes, anticommunistes, anti-américains et très violemment antisionistes et antisémites. Enfin, il y a des blogs et sites catholiques, qui ne sont pas nombreux. Certains sont très influents à l’extrême droite, même s’ils ne partagent pas tous la même idéologie. Si le socle commun est d’être hostile à Vatican II, de faire profession d’homophobie, de s’opposer à l’avortement, à l’euthanasie et à la République, certains versent clairement dans un antisémitisme virulent.
Les réseaux sociaux
Prenons l’exemple des réseaux sociaux. Depuis quelques années, on peut parler de déferlante antisémite (ou raciste) sur les réseaux sociaux. On se souvient que sur Twitter, le « hashtag #unbonjuif » de certains internautes, avait suscité un nombre record de tweets à caractère antisémite qui témoignaient de la résurgence d’un racisme à l’égard des juifs particulièrement inquiétant. Ce dérapage avait été dénoncé par plusieurs associations qui avaient assigné Twitter en justice pour contraindre le réseau à lui communiquer, avec l’autorisation du juge, les données permettant d’identifier les auteurs de tweets racistes et antisémites[7]. Après des mois de bataille judiciaire, le réseau social américain avait finalement livré « les données susceptibles de permettre l’identification de certains auteurs » de tweets antisémites. Autre exemple : les « pièges à juifs », une soi-disant « plaisanterie » qui sillonnent en Belgique (ou ailleurs) les réseaux sociaux. Il s’agit de clichés qui ciblent les juifs, comme celui-ci : sur son compte Facebook un internaute a déposé une image qu’il a trouvée sur Twitter. Sur ce cliché, on peut y voir un four avec deux billets de banque qui représente un… « Piège à juif.» Sur Twitter, la « blague du piège à juifs » est répandue depuis longtemps. On trouve plusieurs clichés similaires, souvent avec un four renfermant des billets, parfois avec une boîte contenant quelques pièces. Plusieurs sont signalés et retirés au fur et à mesure par le réseau social, mais de nouveaux clichés plus ou moins identiques fleurissent aussitôt[8]. Heureusement, certains twittos et membres de Facebook soulignent le mauvais goût de ces sorties ou en essayant de faire la « morale » à ceux qui postent de telles choses. Et sur Facebook, que trouve-t-on ? Cela fait depuis plusieurs années que des supporters probables et autres fans du polémiste antisémite Dieudonné M’bala M’bala notamment ont investi les réseaux sociaux, en premier lieu Facebook. Les messages qu’ils déposent sont particulièrement violents et le nombre de pages antisémites et racistes ne cesse d’augmenter. Dans une page quelconque d’un compte sur Facebook, on proclame: « Arnaque à la Shoah plus de 42 millions de dollars détournés… » Là, une vidéo du négationniste Robert Faurisson y a été déposée. Ailleurs, on peut lire : « Mensonges sur l’extermination des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale ». Plus loin, quelqu’un a déposé ceci: « Auschwitz: la surprenante vérité occultée: pourquoi les chambres à gaz sont un mythe ». Une autre page proclame « Vaincre l’oligarchie pour les générations futures », elle s’ouvre sur une vidéo de Faurisson. Quant aux dieudonnistes de Haute-Savoie, ils ont déposé une vidéo négationniste: « La vérité sur les camps de concentration: les preuves! » Ailleurs encore, le « Mouvement Quenellier via Quenellesat », affiche « l’hymne de l’ananas » avec « six millions de vue ». Un peu plus loin encore, une caricature immonde et un champ d’ananas… [9]
Et sur Youtube ? D’un clic nous voici devant la home page du puissant portail vidéo américain, YouTube. Nous surfons et quelle n’est pas notre écœurement de découvrir de nombreuses séquences vidéos et de la « musique » de plusieurs groupes français, proches des skins ou des néonazis. Citons, entre autres, Légion 88 (groupe mythique de la musique skin française), Kontingent 88 (Au service de nos ancêtres. Le péril rouge ne passera pas), État d’urgence (Skinheads Oi!), Panzerjager (Le sang doit couler, ou Ni synagogue, ni mosquée…); Arianhord (Jeune Française) et le groupe Bunker 84. Plus loin, nous trouvons ceci: Les Waffen SS Voix et chants. Départ Des Waffen SS Français, une horreur. En 2016, nous tapons sur YouTube l’entrée suivante: « Robert Faurisson ». 10.000 occurrences sont présentées. Des centaines au moins sont des vidéos négationnistes. Dans différentes séquences, le négationniste Robert Faurisson pavoise devant un public totalement acquis à sa « cause », et particulièrement attentif ou hilare lorsqu’il parle des chambres à gaz[10]. Mais ce sont surtout les messages et vidéos négationnistes qui prennent de l’ampleur.
Le négationnisme sur le Net
Le négationnisme consiste à nier la politique d’extermination de l’Allemagne nazie contre les Juifs d’Europe pendant la seconde guerre mondiale. Ce discours, né il y a un peu plus de cinquante ans, nie, non seulement la Shoah, mais aussi l’ampleur des modalités – les chambres à gaz– ainsi que les volontés politiques et matérielles de sa mise en œuvre. Contre les faits établis et les témoignages, qu’il s’agisse de ceux de rescapés ou d’anciens SS, les tenants de ce discours contestent la réalité, sous la forme de pamphlets qui aboutissent tous à la même conclusion : selon eux, la Shoah serait une « invention » montée de toutes pièces par les alliés et les Juifs au lendemain de la seconde guerre mondiale. Pour les alliés, cela aurait été une manière de cacher leurs propres crimes et pour le « complot Juif », une façon d’imposer aux Allemands le financement de leur futur Etat, Israël. Le message des négationnistes du monde entier est au diapason : « Le mythe de l’Holocauste monté par les milieux sionistes » ainsi dénoncé prouve, à leurs yeux, que l’Allemagne n’est pas responsable de crimes qu’on lui impute et que le procès de Nuremberg est « une mascarade judiciaire »[11]. Avatar de l’antisémitisme dont il reprend certains de ses « mythes fondateurs »[12], le négationnisme est né il y a un peu plus de 50 ans[13]. Au cours des années 1980 et 1990, foisonnèrent des revues négationnistes et des « affaires » habilement orchestrées, par des hommes issus de l’extrême droite comme par un courant très actif d’ultra gauche. Le développement de l’historiographie sur le génocide juif, d’une part, et l’interdiction faîte -en France notamment- de tenir des propos niant les crimes contre l’humanité, au sens du procès de Nuremberg, ont, semble-t-il alors, stoppé les « faussaires ». Mais, c’était oublier l’inventivité des négationnistes, capables de médiatiser jusque-là leurs déclarations ou leurs actions, à trouver de nouveaux canaux de diffusion. Quand l’outil Internet se développa, au début des années 1990, les négationnistes du monde entier sentirent l’opportunité qui s’offrait à eux. Etre sur Internet, c’est être visible et anonyme à la fois, hors de portée de certaines juridictions[14]. En soi Internet n’est qu’un mode d’accès à des informations mais il a apporté plusieurs innovations sans commune mesure avec ce qui existait précédemment dont une, majeure, pour les négationnistes : un émetteur peut se situer à n’importe quel endroit du globe pour diffuser ses informations, c’est-à-dire qu’il peut faire héberger dans n’importe quel pays les pages de sites contenant ses informations sans que l’internaute n’ait aucune difficulté à les lire. Grâce à des moteurs de recherches (Yahoo, Google…) de plus en plus performants, il est possible, en l’espace de quelques fractions de secondes se voir proposer les adresses des principaux sites négationnistes dans le monde et d’avoir accès à des contenus très complets d’ouvrages négationnistes mais aussi antisémites ou/et antisionistes[15]. Quelque chose de fondamental a changé depuis que la planète Gutenberg côtoie celle d’Internet : « Auparavant, lorsque quelqu’un voulait se procurer une publication de ce type, il se rendait dans une librairie d’extrême droite (…), constate le politologue Jean-Yves Camus Aujourd’hui, toute littérature est devenue accessible chez soi. Le média Internet (…) provoque une démultiplication du message[16] [17] ».
Théories du complot ?
L’histoire universelle est remplie de complots réels, qui ont abouti ou échoué. Mais elle est aussi pleine de complots fictifs ou imaginaires attribués à des minorités actives (francs-maçons, jésuites, Juifs, lobbies…) ou aux autorités et administrations en place (gouvernements, services secrets, etc.). Et de nos jours ? Le présent difficile et l’avenir est incertain ou inquiétant. C’est ainsi que les peurs innombrables qui agitent nos sociétés sont à l’origine de toutes sortes d’interprétations. Elles décrivent les événements les plus douloureux comme étant l’œuvre d’individus mystérieux et puissants, agissant dans le plus grand secret. Ces analyses, fausses et délirantes évidemment, fondent ce que l’on appelle les «théories du complot» et finissent par constituer ce que Pierre-André Taguieff décrit comme « un simulacre de science sociale[18] ». Et sur le net ? La théorie du complot est diffuse et incontrôlable. Internet lui donne les moyens d’une diffusion inédite. «Un jeune sur cinq adhère à la théorie du complot», s’était d’ailleurs alarmée en janvier 2015, la ministre française de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, après l’attentat contre Charlie Hebdo. Il est vrai que les élèves sont particulièrement vulnérables aux théories du complot. Lorsque l’on arrive à l’âge adolescent, on a tendance à vouloir se rebeller[19]. Et, selon le spécialiste Rudy Reichstadt de Conspiracy Watch[20], nous assistons à une déferlante sur Internet, avec une croissance très nette de sites développant des « thèses » (ou théories) conspirationnistes, alors qu’auparavant, elles avaient une diffusion confidentielle.
Le racisme est-il une opinion ?
C’est plus particulièrement aux États-Unis, où l’on a une conception très large de la liberté d’expression, que l’on voit dans la réglementation des propos racistes une violation du droit constitutionnel à la liberté d’expression. La régulation – même moralement justifiée – est toujours mal vécue. Les internautes américains partent même du principe que si un discours de haine a heurté, c’est à celui qui est heurté de trouver un meilleur discours. L’accent doit donc être mis sur les méthodes dites « volontaires », comme la responsabilisation individuelle, grâce à l’éducation, et celle des collectivités, qu’elles soient étatiques ou non, par l’élaboration de codes de conduite aux niveaux nationaux ou internationaux. L’Amérique puritaine, en revanche, est indisposée par les clubs ou forums aux intérêts plus charnels. La liberté d’expression est également un droit constitutionnel dans de nombreux pays. Néanmoins les instances judiciaires les plus élevées de nombreux pays européens estiment que les dispositions interdisant l’incitation à la haine raciale et à la diffusion de propos racistes constituent des restrictions raisonnables et nécessaires au droit à la liberté de parole[21]. S’inquiétant déjà en 1996 (et par la suite) de la résurgence du racisme (et de l’antisémitisme) lié au contexte social et économique, l’Organisation des Nations unies a constaté que cette résurgence coïncidait avec les progrès massifs des techniques de la diffusion de la propagande raciste et xénophobe dans le monde. Elle s’est ainsi interrogée sur le rôle joué par le « réseau des réseaux informatiques. ». Cette préoccupation des institutions onusiennes devant l’usage d’Internet comme instrument de propagation de la haine raciale apparaît dans un grand nombre de textes et de travaux préparatoires réalisés en vue de la Conférence mondiale sur le racisme. Accusée parfois d’immobilisme dans d’autres domaines, l’Organisation internationale a réagi avec rapidité à la montée du racisme sur le Net Internet, illustrant par-là l’importance qu’elle accorde, depuis sa fondation, à la lutte contre la discrimination raciale. Enfin, lors d’un discours devant l’Assemblée générale de l’ONU, le 5 novembre 2012, le rapporteur spécial a constaté l’augmentation du racisme sur internet au niveau mondial, avant d’appeler les gouvernements et les entreprises privées à redoubler d’efforts. « Le nombre d’incidents impliquant des violences et des crimes à caractère raciste perpétrés sous l’influence d’une propagande incitant à la haine sur Internet est en hausse, malgré l’adoption de mesures positives », s’inquiète Mutuma Ruteere, qui juge « cruciale la participation des prestataires de services sur Internet et d’autres acteurs pertinents des milieux industriels».
Que dit la Convention Internationale sur l’élimination de toutes les formes de discriminations raciales ? Elle prévoit expressément à son article 4 le recours à la répression pénale contre le racisme (et l’antisémitisme). Les États-Unis ont accepté d’adhérer récemment à ladite Convention à la condition expresse qu’on l’autorise à formuler une réserve sur cet article. Les États-Unis ont rappelé à cette occasion qu’ils sont attachés à la liberté d’expression, celle-ci étant garantie par le premier amendement de la Constitution américaine. Cependant, nombreux sont les États qui regrettent à l’heure actuelle la formulation d’une telle réserve par le pays le plus puissant de la planète. Cette approche a des conséquences directes sur le type de moyens envisagés pour lutter contre les dérives racistes sur Internet. Puisque les États-Unis refusent, au nom de la liberté d’expression, l’immixtion des pouvoirs publics – judiciaires, législatifs ou policiers – très logiquement, telle fut la position défendue par ce pays tout au long du séminaire qui s’est tenu à Genève en novembre 1997. Or, les restrictions à la liberté d’expression peuvent être considérées comme légitimes pour lutter contre le racisme, non seulement sur la base de la Convention Internationale sur l’élimination de toutes les formes de discriminations raciales (articles 4 et 1 notamment) et selon la jurisprudence établie par le CERD mais en vertu de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). Bien plus, concernant l’article 4 de la CIDR, on insiste aujourd’hui sur l’application effective de celui-ci. L’article 4a est en effet particulièrement clair à ce sujet : la diffusion active de propagande raciste est punissable pénalement. Et de rappeler, à propos des libertés en général, que « celles-ci ne pourront en aucun cas s’exercer aux dépens des droits d’autrui reconnus par l’ONU dans l’ensemble de ses instruments internationaux et en particulier au chapitre i de la Charte de l’ONU et à l’article 30 de la Déclaration universelle. »
Il ressort ainsi clairement de cette disposition, que « la liberté d’expression ne peut être utilisée pour promouvoir le non-respect des droits de l’homme. » Si l’on se réfère à l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, les dispositions existantes s’appliquent aussi aux nouveaux médias. Si le droit à la liberté vaut pour Internet, les restrictions à celle-ci s’appliquent également. Internet n’étant qu’un instrument et non un but en soi, il ne peut être tenu pour affranchi des lois nationales et internationales[22].
Et pour l’Europe ?
En janvier 2003, le Conseil de l’Europe a ouvert à la signature le Protocole additionnel à la convention sur la cybercriminalité. Négocié à la demande de la France, ce texte demande aux États membres de criminaliser la diffusion de matériel raciste et xénophobe par le biais de systèmes informatiques. Les comportements visés sont la diffusion de matériel raciste et xénophobe, les insultes et menaces motivées par des considérations racistes et xénophobes et l’approbation ou la justification publique des faits de génocide ou de crime contre l’Humanité. Ce protocole prévoit par ailleurs de faciliter l’extradition des contrevenants à l’intérieur de l’espace européen. Il prévoit aussi de favoriser l’entraide judiciaire pour la répression de ces agissements. Par ailleurs, afin de combattre les délits liés à la haine – qui peuvent être suscités par la propagande raciste et antisémite sur Internet – l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a organisé une réunion spéciale à Paris les 16 et 17 juin 2004. Cette réunion visait à étudier le phénomène du racisme et de l’antisémitisme sur Internet et à confronter les solutions apportées par les acteurs publics et les professionnels d’Internet, ainsi que les ONG. Rappelons enfin que la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI), dans sa recommandation no 9 de politique générale sur la lutte contre l’antisémitisme (25 juin 2004) a demandé que les gouvernements des États membres veillent « à ce que le droit pénal couvre les infractions commises via Internet, les chaînes de télévision satellites et les autres moyens de communication. Le dispositif mis en place, tant en France qu’en Europe, est probablement à la mesure de l’enjeu. Fin novembre 2008, la Commission européenne annonce que le racisme, l’apologie, la négation ou la banalisation des crimes de génocide seront bientôt passibles de peines allant d’un à trois ans de prison dans toute l’Union européenne. Les ministres européens de la Justice s’entendent pour instituer ces sanctions pénales dans leurs législations. Il aura fallu près de sept ans de négociations pour parvenir à ce résultat.
L’autre bonne nouvelle est
venue du Conseil de l’Europe.
En octobre 2008, celui-ci a publié un ensemble de règles de bonne conduite destiné aux fournisseurs de services Internet et aux éditeurs de jeux en ligne, en s’appuyant sur la Convention européenne des droits de l’homme, cette institution européenne a pour principal objectif de favoriser un espace démocratique commun. Elle émet deux séries de lignes directrices afin de promouvoir le respect de la vie privée, la sécurité et la liberté d’expression des internautes européens, indique ce même site. Ces mesures ont été prises en concertation avec deux grands organismes européens : l’Interaction Software Federation of Europe (ISFE), la Fédération européenne des logiciels de loisirs (qui compte parmi ses membres des éditeurs de jeux en ligne comme ActiVision, Microsoft, Electronic Arts, Atari, Nintendo ou Ubisoft), et la Fédération européenne des associations de fournisseurs de services Internet (EuroISPA), qui regroupe des associations européennes comme l’AFA (France), avec des membres tels que AOL, Bouygues Télécom, Microsoft France, Numericable, Orange, SFR ou Télécom Italia. « Nous sommes en effet convaincus que tout acteur de la société – y compris le secteur privé – a un rôle à jouer dans sa sphère d’activité. Il ne s’agit pas de créer des textes juridiques, mais d’aider les entreprises à promouvoir ces droits au quotidien », déclare Jan Kleijssen, directeur des activités normatives du Conseil de l’Europe. Ces conseils pratiques édictés par le Conseil de L’Europe consistent, pour les fournisseurs de services et de jeux en ligne, à informer l’internaute sur ses droits et sur les dangers que peut comporter la navigation sur le net. Ainsi, les jeux en ligne doivent protéger au maximum les enfants, en les tenants à l’écart de contenus violents, sexistes ou racistes. L’application de systèmes d’évaluation et de certification comme le PEGI, qui préconise la classification de jeux par âge, aux jeux permet aux parents d’être mieux informés des dangers que peuvent représenter certains jeux en ligne (pratique excessive, utilisation abusive de données personnelles)[23].
Que faire donc ?
Aujourd’hui, l’un des débats majeurs sur la société de l’information est celui de la régulation de l’Internet, qui en est l’emblème. Une première approche que nous qualifierons de libérale et/ou de libertaire, prône l’abstention de toute ingérence publique – et quelquefois même citoyenne – pour fixer la conduite à tenir sur le réseau des réseaux. Nous avons affaire-là à un curieux mélange du vieil « il est interdit d’interdire » libertarien et du « laissez-faire » libéral. Aussi, le réseau reste-t-il culturellement et idéologiquement un réseau purement américain. La loi qui le régit, du point de vue de la circulation de l’information est la loi inscrite dans la Constitution américaine ; le principe de liberté totale de communication. Qu’on s’entende bien, les choix dans ce domaine des dirigeants et du peuple américain sont totalement légitimes et nul ne dénie aux Etats-Unis d’Amérique d’être une grande démocratie. Mais, la question est simple. Ce choix doit-il être le nôtre, en Europe ? Ce choix, en matière de « liberté » totale des communications, doit-il être celui de la planète entière ? Le réseau Internet est-il un réseau mondial américain ou un réseau potentiellement universel ? Et puis, il faut le redire : en France, le racisme est un délit, (mais aussi en Belgique, en Allemagne)… non une opinion. Et cette différence est de taille.
Une seconde approche plus citoyenne cherche donc à réguler le Net afin d’exclure ou de limiter au possible les discours de haine. Il s’agit d’adapter notre droit tout en rappelant au passage quelques-uns des principes qui fondent les sociétés démocratiques.
A cela, nous voyons trois arguments :
-Le premier est un argument moral. Le principe de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme est essentiel. Maintenir ce principe est un gage pour l’avenir. Il est donc important de prendre la parole haut et fort pour dire le caractère insupportable de la présence de paroles et d’images racistes et antisémites sur l’Internet.
-Le deuxième argument est un argument technique. Contrairement à ce que soutiennent certains acteurs du dossier, plus intéressés à garder une clientèle qu’à s’appliquer des règles éthiques, il est tout à fait possible techniquement d’empêcher les internautes français et européens d’être exposés à des messages qui contreviennent gravement aux lois de leurs pays.
-le troisième argument est politique. Il découle d’un principe simple : Internet est un média et doit être traité au même titre que les autres médias. Or, les lois de nombreux pays encadrent sous certains aspects les contenus médiatiques et protègent le public de toute exposition à des propos racistes ou antisémites. Aussi est-il temps d’affirmer que le nécessaire respect de la liberté d’expression se heurte à la non moins nécessaire protection des personnes visées par les menaces et les violences racistes. Et qu’à l’instar du monde réel, le monde virtuel ne doit pas être le refuge des provocations qui bafouent constamment la nature humaine. »
[1] Marc Knobel est directeur des Etudes au Conseil Représentatif des Institutions juives de France. Il est membre de la commission de lutte contre l’antisémitisme et au dialogue interculturel à la Fondation pour le Mémoire de la Shoah et membre du conseil scientifique de la Délégation Interministérielle de Lutte contre le Racisme et l’Antisémitisme. Il est également rapporteur pour les questions de racisme et d’antisémitisme auprès de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) ; co-directeur du groupe de travail sur l’antisémitisme en Europe de l’Ouest auprès du Global Forum against antisemitism (Israël) ; membre du Conseil consultatif International de l’Online Hate Prevention Institute (Australie) ; Correspondant en France et en Europe de l’Institute (américain) for the Study of Global Antisemitism and Policy.
[2] Le Parisien, 20 septembre 2010, pp. 2-3.
[3] Rappelons qu’Ayman al-Zawahiri avait revendiqué en janvier 2015 les attaques contre Charlie Hebdo, le magazine satirique français. En août 2015, il prête allégeance au mollah Akhbar Mohammed Mansour, chef des Talibans.
[4] Voir à ce sujet : La revue civique, « Combattre le virus raciste et antisémite sur le Net : l’analyse de Marc Knobel », in http://revuecivique.eu/articles-et-entretiens/citoyens-vie-publique/combattre-le-virus-raciste-et-antisemite-sur-le-net-lanalyse-de-marc-knobel/#.VtWxIv_LS70
[5] Le Parisien, 20 septembre 2010.
[7] Voir à ce sujet : http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/10/14/unbonjuif-un-concours-de-blagues-antisemites-derape-sur-twitter_1775233_651865.html
[8] Voir à ce sujet : i7sur 7, « Les « pièges à juifs » écœurants des réseaux sociaux », 18 mars 2014.
[9] http://www.huffingtonpost.fr/marc-knobel/reseaux-sociaux-antisemitisme_b_5293934.html
[10] http://www.huffingtonpost.fr/marc-knobel/lutte-contre-le-racisme_b_5506426.html
[11] Laurent Duguet, La haine raciste et antisémite tisse sa toile en toute quiétude sur le Net, Les Etudes du CRIF, n°13, novembre 2007, 32 pages.
[12] Pour l’Historien Pierre Vidal-Naquet, Les Assassins de la mémoire, Paris, Maspero, 1981, le négationnisme associe l’hypercritique à la fabulation. L’hypercritique -ou la recherche de la preuve- permet de disqualifier tous les témoignages et les documents gênants. Exemple : les témoins juifs sont suspects, les aveux et dépositions des SS à leur procès auraient été extorqués ou dictés par les vainqueurs. Quant aux documents nazis, les négationnistes prennent au sens littéral les expressions du langage codé (ex: « évacuation » qui désigne en réalité « liquidation ») sans tenir compte des informations dont nous disposons sur ce codage. Par ailleurs, les affirmations directes (les discours secrets d’Himmler parlant de « l’extermination du peuple juif », de « tuer » aussi les femmes et les enfants) sont minimisées. Enfin, les lieux et les objets (chambres à gaz et leurs annexes, fours crématoires) perdent leur caractère meurtrier devenant locaux d’épouillage et de désinfection. Reste une incroyable imagination fabulatrice se déployant sans cesse pour attribuer un sens banal aux documents.
[13] Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, Paris, Le Seuil, collection « La Librairie du XXe siècle », Paris, 2000, 691 pages
[14] Laurent Duguet, op.cit.
[15] Laurent Duguet, op.cit.
[16] Camus J-Y., « Les sites contribuent à façonner des communautés imaginaires », Le Monde, n° 18 473, 17 juin 2004, p. 12.
[17] A noter : uniques en Europe, les Assises Nationales de la Lutte contre le Négationnisme sont à Paris le grand rendez-vous annuel du combat contre un fléau qui ne concerne pas seulement la France ni un génocide en particulier, mais qui recouvre des généralités beaucoup plus larges. Ces Assises traitent en effet autant du négationnisme d’Etat que de la négation ou de la minimisation de génocides comme celui des Tutsi du Rwanda. Voir à ce sujet : http://www.akadem.org/sommaire/colloques/assises-nationales-de-la-lutte-contre-le-negationnisme/
[18] Voir à ce sujet : Pierre-André Taguieff, Court traité de complotologie, Ed. Mille et une nuits, 2013, 440 pages.
[19] Comment lutter contre les théories du complot ? Sophie Mazet ne devait enseigner que l’anglais au lycée de Saint-Ouen. Mais elle s’est aperçue que ce dont manquaient le plus ses élèves s’appelait l’«Esprit critique », face à l’image, la religion ou Internet. Depuis, à la fin des cours, le lycée se transforme en ruche pour son « atelier d’auto-défense intellectuelle ». Un concept destiné à muscler leur envie de lire, d’argumenter et de se confronter aux Intellectuels qui défilent volontiers dans leur classe. Et là rien n’est tabou. On y parle racisme, antisémitisme, homophobie, genre, islamisme, laïcité. En septembre 2015, elle publie chez Robert Laffont une synthèse de ses cours, intitulée Manuel d’autodéfense intellectuelle. Autre exemple : Ronan Cherel est professeur d’histoire-géographie. Avec ses élèves de 4ème de collège, il a créé un journal, Mediaparks, pour en parler (L’obs, 2 février 2016). Selon ce professeur, cette manière de faire a plusieurs avantages : elle permet de reconnecter les élèves à leur société, car ils vont au contact d’élus locaux, de professionnels en tous genres qui vont les aider à écrire leurs articles. Ils découvrent ainsi les vraies injustices de leur société et se trouvent des combats plus proches de leurs considérations, plus démocratiques. Devenir des journalistes permet également de les responsabiliser : ils doivent être fiables et responsables de leur sujet car ils ont un devoir d’information éthique. Ils apprennent à vérifier leurs sources et à parler avec neutralité, ce qui leur permet d’apprendre à se (re)construire des convictions sur des raisonnements journalistiques et historiques. Le fait de vraiment donner la parole aux adolescents permet également à l’équipe pédagogique d’établir un diagnostic : qui a des convictions conspirationnistes et qu’est-ce qui séduit là-dedans ?
[20] Des sites web, comme le site Conspiracy Watch, observent les théories du complot et les analysent.
[21] C’est le cas notamment du rapport de Maurice Glélé-Ahanhanzo, du 15 janvier 1999 (E/CN.4/1999/15) ou du rapport du groupe de travail de session à composition non limité chargé d’étudier et de formuler des propositions pour ladite Conférence (cf., ch. 51, p. 12 et ch. 77 et 81a, p. 17 de E/CN.4 1999/16)…
[22] Voir à ce sujet : Marc Knobel, L’Internet de la haine. Racistes, antisémites, néonazis, intégristes, islamistes, terroristes et homophobes à l’assaut du Web, Paris, Berg International Editeurs, 2012, 181 pages.
[23] Voir à ce sujet : Marc Knobel, L’Internet de la haine. Racistes, antisémites, néonazis, intégristes, islamistes, terroristes et homophobes à l’assaut du Web, op.cit.
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