Dans “Une poignée d’élus”, deux économistes expliquent les heureuses conséquences de l’apprentissage des textes sacrés par les enfants.
Interview. Par Catherine Golliau
Le Point.fr : Pour vous, si Albert Einstein a inventé la bombe atomique, c’est parce qu’il a dû, enfant, étudier le Talmud ?
Zvi Eckstein : C’est un raccourci très… raccourci, mais c’est un peu cela. En fait, ce que nous avons voulu démontrer, ma collègue Maristella Botticini, de la Bocconi, et moi, c’est que l’obligation d’étudier a un coût, et oblige donc l’individu rationnel à rechercher une compensation pour obtenir un retour sur investissement. Dans le cas des juifs, le problème se pose après la destruction du Temple de Jérusalem, en 70 de l’ère courante. La caste des prêtres qui constituait alors l’élite perd le pouvoir au profit de la secte des pharisiens, qui accorde une grande importance à l’étude. C’est de cette secte que vont sortir les grands rabbis, ceux qui vont pousser les juifs à se concentrer sur l’étude de la Torah, un texte dont la tradition veut qu’elle ait été écrite par Moïse sous la dictée de Dieu. Vers l’an 200, obligation est ainsi faite aux pères de famille d’envoyer leurs fils dès l’âge de 6 ans à l’école rabbinique pour apprendre à lire et étudier la fameuse Torah. Or l’essentiel des juifs sont des paysans, et pour les plus pauvres, cette obligation pèse très lourd car elle les prive de bras pour travailler aux champs. Beaucoup vont alors préférer se convertir au christianisme, d’où, on le voit dans les statistiques de l’époque, une baisse drastique de la population juive au Proche-Orient à partir du IIIe siècle alors que, jusqu’à la destruction du Temple, cette religion était en augmentation constante et multipliait les convertis. Pour ceux qui ont accepté le sacrifice financier que représente la dévotion, il va s’agir de valoriser leur effort. Or autour d’eux, ni les chrétiens ni, plus tard, les musulmans n’imposent à leurs enfants d’apprendre à lire et à écrire. Les juifs bénéficient donc d’un avantage compétitif important. C’est ainsi un juif converti à l’islam qui a servi de scribe à Mahomet et aurait mis par écrit pour la première fois le Coran.
Le sociologue Max Weber assure que la vie paysanne n’était pas adaptée aux exigences de la Loi juive et que cela a poussé ses fidèles vers les villes…
Je ne suis pas d’accord. Notre étude, fondée sur l’évolution économique et démographique du peuple juif, de l’Antiquité à la découverte de l’Amérique, remet en cause en fait la plupart des théories avancées jusqu’ici. Si les juifs sont médecins, juristes ou banquiers plus souvent qu’à leur tour, ce n’est pas parce qu’ils sont persécutés et condamnés à s’exiler régulièrement, comme l’a avancé l’économiste Gary Becker, ou parce qu’ils n’avaient pas le droit d’être agriculteurs, comme l’a soutenu Cecil Roth. Car si dans certains pays, on les a empêchés de posséder des terres, c’était bien après qu’ils aient massivement abandonné l’agriculture, et s’ils ont pu être persécutés, cela ne justifie pas qu’ils soient devenus médecins ou juristes : les Samaritains, très proches des juifs et eux aussi traités comme des parias, sont demeurés paysans. De même, contrairement à ce que dit Max Weber, ce n’est pas parce qu’un juif ne peut pas être paysan du fait des exigences de la Loi juive. Les juifs du temps du Christ la respectaient alors qu’ils étaient majoritairement occupés à des travaux agricoles et à la pêche. C’est dans l’Orient musulman, sous les Omeyyades et les Abbassides, à un moment où ils sont particulièrement valorisés, que les juifs s’installent massivement dans les villes et embrassent des carrières citadines. Pourquoi ? Parce qu’ils peuvent alors tirer parti du fait d’être lettrés. D’un point de vue purement économique, il est alors beaucoup plus rentable de devenir marchand ou scientifique que de labourer la terre. D’où notre théorie : si les juifs sont devenus citadins et ont occupé des emplois indépendants de l’agriculture, c’est d’abord parce qu’ils étaient formés. Et s’ils étaient formés, c’est que leur religion exigeait qu’ils le soient.
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En fait,on le voit bien à la lecture delà parachah qui sera lue ce chabbat, que le grand prètre à une fonction médicale, puisqu’il doit ausculter les plaies et brûlures pour trancher si elles sont infectueuses ou bénignes. Si elles sont infectueuses , il y a séquestration durant 7 jours, et re-visite.
Donc la Thorah oriente vers une forme de médecine. Et comme le grand prètre (Cohen Agadol) ne pouvait suffire, même aidé de ses 2 fils, à remplir cette mission, il a dû se faire épauler par des gens qui lui rendaient des comptes, qui ont constitué un corps médical.
Freud avait dit à un de ses patients que s’il étudiait la Tora il serait en mesure de tout étudier.
Étudier la Thora et sûrement plus encore le Talmud avec ses commentaires linguistiques très poussés forment à l’esprit logique et donc scientifique.
Dans certaines familles ashkénazes, où les enfants étaient très nombreux, (12/13), les parents avaient compris que le savoir passait par d'”excellente école, comme par exemple l’école juive de Rotenburg da Fulda, en Allemagne de l’est, et à l’époque, les filles comme les garçons recevaient la même instruction, les filles avec souvent leur époux, tenaient un commerce, les garçons avaient un large choix, médecin, avocat, professeur de médecine, ingénieur etc…. alors que les filles devaient rester à la maison, mais il y avait des exceptions, comme il est dit plus haut.